C'est la barre à franchir du côté de l'intersyndicale : un million de personnes dans la rue pour protester contre la réforme des retraites. Ce jeudi de mobilisation partout en France, pour lequel entre 550.000 et 750.000 manifestants sont attendus, est un test pour les syndicats. Leur influence recule, ils ont de moins en moins d'adhérents et se retrouvent parfois débordés par des mouvements spontanés nés sur Facebook. Pourtant, ils sont toujours là, et pour la première fois depuis 2010 et la précédente réforme de retraites, la CGT, la CFDT et l'ensemble des autres centrales syndicales appellent à manifester.
Le leader du mouvement pour la CGT, Philippe Martinez, a fixé cet objectif d'un million de manifestants pour impressionner le pouvoir, tout comme le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel.
De précédentes manifestations massives
Ce chiffre est toutefois symbolique, selon le politologue Dominique Andolfatto, spécialiste des syndicats. "Lors des grandes manifestations récentes contre les réformes successives du système de retraites, en 2019, 2010 ou 1995, au pic de la mobilisation, on était autour ou au-dessus d'un million de personnes. Les syndicats estiment qu'il faut faire autant ce jeudi", rappelle-t-il au micro d'Europe 1.
Si Philippe Martinez place la barre si haut, c'est qu'il veut redorer son bilan à la CGT avant de passer la main. C'est sous sa direction que le syndicat a perdu son statut de numéro 1, au profit de la CFDT. Le successeur de Philippe Martinez sera désigné fin mars lors du congrès de la CGT.
Laurent Berger, le patron de la CFDT qui joue gros
L'autre homme à suivre ce jeudi est Laurent Berger. Il effectue également son dernier mandat à la tête de la CFDT, et il joue gros estime Dominique Andolfatto. "Subitement, il a changé de rôle. Le réformiste, qu’on est habitué à voir négocier dans les ministères, appelle à une mobilisation massive dans la rue", explique le politologue. "Ce n’est pas facile pour la CFDT de se convertir à cette stratégie de la lutte, de la rue, dont elle n’a plus l’habitude."
Les syndicats doivent aussi tout faire éviter les débordements, capital pour remporter la bataille de l'opinion. "Il y a plus de 10.000 policiers et gendarmes qui seront mobilisés, dont 3.500 à Paris sous l'autorité du préfet de police", a annoncé, mercredi 18 janvier, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Pour l'instant, six Français sur dix soutiennent le mouvement.