Un conseil d'administration de Renault devrait acter jeudi un renouvellement du mandat de PDG de Carlos Ghosn, et préparer sa succession en désignant Thierry Bolloré comme numéro deux du constructeur automobile, selon des sources concordantes.
Bolloré "conviendrait à l'Etat". Les annonces sont attendues dans la soirée à l'issue de la réunion au siège du groupe à Boulogne-Billancourt, près de Paris. Tôt le lendemain, vendredi, Renault publiera ses résultats financiers pour l'année 2017. L'Etat français, qui détient 15,01% du capital de Renault et 21,93% des droits de vote, insiste de longue date pour créer ce poste de numéro deux. Celui-ci aurait vocation à succéder ultérieurement à Carlos Ghosn qui aura 64 ans en mars. Le gouvernement n'a pas caché sa volonté de voir nommé un Français. Selon une source proche de Renault, l'actuel directeur délégué à la compétitivité, Thierry Bolloré, 54 ans, tiendrait la corde pour être proposé jeudi comme numéro deux. "Cette solution conviendrait à l'Etat", dit-on à Bercy.
Pour une "meilleure intégration des deux entreprises". L'actionnaire public réclame aussi une feuille de route sur l'avenir de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, devenu le premier constructeur automobile mondial l'an dernier avec 10,6 millions de véhicules vendus. "On travaille toujours avec Carlos Ghosn sur la définition de cette feuille de route. On n'a pas encore tous les éléments qui nous conviennent sur la meilleure intégration des deux entreprises" Renault et Nissan, a déclaré un porte-parole de Bercy en début de semaine.
Inquiétude sur l'après-Ghosn. Le ministère des Finances a signalé son soutien à un nouveau mandat de quatre ans pour Carlos Ghosn, dont le mandat actuel s'achève au printemps. Bercy s'inquiète cependant de l'après Carlos Ghosn et souhaite protéger l'ancrage français du groupe. L'alliance franco-japonaise, aux équilibres complexes, repose aujourd'hui en grande partie sur la personnalité du dirigeant franco-libano-brésilien. Renault possède 43,4% de Nissan, qui détient lui-même 15% de Renault et 34% de Mitsubishi, dont il est premier actionnaire. L'alliance aux dix marques partage une large base industrielle commune, comparable à celle d'un groupe intégré, tout en conservant pour chaque entreprise une gouvernance propre. Carlos Ghosn cumule les fonctions de président du conseil d'administration de Mitsubishi et de Nissan, tout en étant PDG de Renault et de l'Alliance.