Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Le gouvernement a repoussé du 1er janvier au 1er avril l'entrée en vigueur de la réforme des aides personnalisées au logement (APL), pour la troisième fois. Des changements de calendrier toujours justifiés de la même manière. "Simplifier, c'est complexe". Et dans ses derniers tests, la Caisse d’allocations familiales reconnaît que le système n’est pour l’instant pas fiable à 100%.
Bilan de l'opération : 15 mois de retard pour un chantier qui va changer la vie de millions de Français : l'aide au logement sera désormais calculée en temps réel, tous les trimestres et non sur les ressources perçues deux ans plus tôt comme aujourd'hui.
Un résultat encore inconnu
La réforme devrait rapporter plus d'un milliard d'euros en année pleine. Il y aura donc des perdants. Selon Le Canard enchaîné, 600.000 Français ne toucheront plus rien et 1,2 million de ménages perdront 1.000 euros par an… Des chiffres qui ne sont pas confirmés au gouvernement. L’exécutif admet néanmoins qu'on ne connaît pas l’impact exact de la réforme. Le sujet, qui concerne six millions et demi de foyers, reste tout de même anxiogène. D'ailleurs, à Matignon, on compare volontiers cette réforme à celle du prélèvement à la source, qui avait suscité beaucoup de craintes avant finalement d’être mise en place sans difficulté majeure.
#APL Selon le @canardenchaine Bercy veut accélérer la réforme du calcul des allocations logement pour réaliser 1,2 milliard d’économies. Envisagée pour fin 2019, la réforme pourrait s’appliquer à la rentrée. Le calcul entraînera une baisse de l’APL le 5 septembre. pic.twitter.com/UWtdavacmL
— Yann Quercia (@YannQuerciaa) July 2, 2019
Un risque politique
Emmanuel Macron le sait, le dossier des APL est aussi ultra-sensible et il en a déjà fait les frais. En juillet 2017, à peine élu, le chef de l’Etat avait validé la baisse de cinq euros de l’aide au logement. "Président des riches", avait alors grondé l’opposition. "Les cinq euros d’APL, je les traîne comme un boulet" a même reconnu le chef de l’Etat il y a quelques semaines devant des étudiants. Alors avec la mise en place de cette réforme, en pleine grève contre une autre réforme, celle des retraites, le gouvernement aurait été contraint de se démultiplier. Avec ce raté technique, il s’évite un nouveau front social... Tout en programmant la mise en œuvre de la réforme après les municipales. Emmanuel Macron, qui habituellement aime que l’administration aille vite, peut, cette fois, se satisfaire de ce nouveau report.