"Solide" et "crédible" : voilà comment le cabinet indépendant Roland Berger a qualifié l’offre faite par Altifort pour reprendre l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve, dans le Nord. Lors d’une réunion à Bercy mercredi matin, l’État, les élus locaux et les salariés se sont mis d’accord pour soutenir l’offre du repreneur, à condition qu’il rassemble des clients et un financement suffisant. "C’est une étape très importante. Si le rapport du cabinet n’était pas dans ce consensus positif, cela aurait été difficile pour nous de poursuivre la reprise de l’aciérie", se réjouit Bart Gruyaert, cofondateur et PDG d’Altifort, invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil sur Europe 1.
Écoutez l'interview intégrale de Bart Gruyaert à 22h20 dans le grand journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.
Confiance dans le projet. Après cette réunion décisive, Bart Gruyaert se montrait déterminé à aller au bout de son projet de reprise de l’aciérie, en dépôt de bilan depuis le mois de février. "Nous sommes convaincus, depuis des mois, qu’il y a un avenir pour une aciérie moderne, qui émet peu de carbone dans l’atmosphère et produit des aciers spéciaux", affirme le patron d’Altifort. "Si je n’étais pas confiant dans notre capacité à mener le projet à bien, je ne m’engagerais pas autant."
Pour Bart Gruyaert, la réunion de mercredi va débloquer la situation, alors que le tribunal de commerce de Strasbourg doit rendre sa décision sur l’offre de reprise le 7 novembre (décision qui pourrait être reportée). "Ce qui était difficile pour nous jusqu’à maintenant, c’est que nous avions du mal à nous faire comprendre et expliquer nos convictions. C'est ce qui a créé la polémique sur notre offre", souligne le PDG d’Altifort. "Le plan est viable et robuste, c’est ce qui a été dit à Bercy. Maintenant, on peut vraiment travailler."
Financement facilité. Si un accord a mis autant de temps à être trouvé, c’est, selon Bart Gruyaert, en partie de la faute de Vallourec, ancien propriétaire de l’aciérie. "Exclure Vallourec a permis de faire avancer les choses. Il était extrêmement difficile pour nous de travailler avec eux. Quelque part, tant qu’ils faisaient partie de la boucle, c’était impossible de faire avancer le projet", assure-t-il. "Je constate que l’initiative prise par Bercy (de faire une offre sans la participation de Vallourec, ndlr) était sans doute la bonne."
Le soutien de Bercy devrait notamment débloquer la partie financement du projet. Altifort est disposé à porter son investissement en fonds propres à hauteur de "20 à 30 millions d'euros", contre 10 millions jusqu'à présent. L'État mettra de son côté jusqu'à un euro d'argent public par euro d'argent privé investi. "Jusqu’ici, quand on s’adressait à une banque avec d’un côté des acteurs qui disent que c’est viable et d’autres que ce n’est pas le cas, cela rendait la partie financement compliquée", rappelle Bart Gruyaert. "Quand tout le monde affirme publiquement que le projet est viable, c’est forcément utile pour le financement. Cela prend du temps mais nous allons aboutir à une solution."
Une "quinzaine" de futurs clients. Le patron d’Altifort se montre également confiant pour les contrats avec les clients, qui garantissent la viabilité du projet. Au moins quatre ont officialisé leur signature. "Il y a beaucoup plus de clients en réalité. Le document du cabinet Roland Berger ne prend en compte que ceux qui se sont exprimés avec un volume et un prix. Au total, nous avons des contacts avec une quinzaine de clients", annonce Bart Gruyaert.
Le PDG d’Altifort a également rassuré les salariés d’Ascoval. "Dans le document que nous avons déposé en septembre au tribunal, nous nous engageons à reprendre les 280 salariés. Nous allons même plus loin puisque nous voulons créer 130 emplois supplémentaires", précise-t-il. Une nouvelle qui devrait contenter les sidérurgistes d'Ascoval qui ne travaillent plus depuis le 23 octobre et ont bloqué vendredi le site de production de Vallourec à Aulnoye-Aimeries (Nord) pour mettre la pression sur le groupe et le gouvernement.
Appel à reprendre le travail. Interrogé sur ce mouvement, Bruno Le Maire a précisé avoir demandé aux syndicats de salariés d'arrêter leur grève. "L'une des conditions pour que cette reprise puisse fonctionner, c'est que les salariés reprennent le plus vite le travail", a-t-il jugé. "Ce n’est pas à moi de leur demander mais bien sûr, je les y encourage. S’ils ne le font pas, tout le travail que nous avons effectué de notre côté sera caduc. Ce serait dommage que la reprise échoue à cause de ça", note Bart Gruyaert. "Mais je pense que les salariés sont très responsables, je n’oublie pas que jusqu’à lundi dernier, ils ont continué de travailler dans ces circonstances difficiles."