Retraites : le déficit attendu à 15 milliards d'euros à horizon 2035 et à près de 30 milliards en 2045
Le déficit attendu des retraites sera d'environ 15 milliards d'euros à horizon 2035 et 30 milliards d'euros en 2045, a annoncé ce jeudi la Cour des comptes, qui publié un rapport sur l'état du système des retraites en France.
Le déficit "immédiat" du système des retraites est de six milliards d'euros et "il dérivera vers 30 milliards dans les années qui viennent", a affirmé jeudi François Bayrou, se référant au rapport de la Cour des comptes qui venait de lui être remis.
Le Premier ministre, qui s'est exprimé à Matignon aux côtés du premier président de la Cour Pierre Moscovici avant la publication officielle des conclusions du rapport et leur présentation aux partenaires sociaux, a indiqué que ces dernières pourraient faire l'objet d'un débat sans vote au Parlement "pour qu'on sache définitivement de quelle situation on part et quelles sont les perspectives".
Une dérive à plusieurs milliards
"C'est la mission de la Cour des comptes de fournir au pays les éléments les plus indiscutables", a déclaré François Bayrou, évoquant "un déficit immédiat de six milliards qui, dans les années qui viennent, si on ne fait rien, dérivera vers 30 milliards". Sur "l'effort de l'Etat" pour équilibrer le système de retraites, "les chiffres sont en cohérence avec ce que la toute petite équipe du Plan (Haut Commissariat au Plan, dirigé à l'époque par François Bayrou, ndlr) avait dit", a-t-il jugé.
Dans la mesure où les cotisations salariales et patronales ne suffisent pas à financer le système, cet "apport de l'Etat", ou "surcotisation", s'établit "autour de 40 milliards, plus que ce que les collectivités locales (...) apportent", a-t-il dit. "Disons que dans ce rapport, cette question (de la contribution de l'Etat) est traitée et qu'il y a de quoi nourrir le débat et permettre toutes les interprétations. Nous avons retenu une interprétation particulière, mais je vous renvoie au dit rapport", a nuancé, à ses côtés, Pierre Moscovici.
Pas de déficit caché
Mi-janvier, le chef du gouvernement avait évoqué devant l'Assemblée un déficit de 55 milliards d'euros à horizon 2030. Dans son calcul, il n'intégrait pas aux recettes du système les contributions (impôts affectés, subventions) versées par l'Etat pour équilibrer le régime de la fonction publique. Dans son sillage, certains experts, minoritaires, avaient pointé ces dernières semaines un "déficit caché".
Le rapport de la Cour des Comptes "ne retient pas l'hypothèse d'un déficit caché", a assuré Pierre Moscovici un peu plus tard, à son arrivée vers 10 heures avenue de Ségur pour la remise du rapport aux partenaires sociaux. Ces derniers se rencontreront, à partir du 27 février, tous les jeudis jusqu'à la fin du mois de mai.
Des discussions arbitrées par Jean-Jacques Marette, 73 ans, ancien directeur général du régime complémentaire Agirc-Arrco, expert reconnu donc du sujet. Il devra concilier les positions antagonistes d'un côté des syndicats, qui veulent revenir sur l'âge légal de départ à 64 ans, et de l'autre, du patronat, qui pousse l'idée d'une dose de capitalisation.