Une dizaine de milliers d'amendements, un temps d'examen réduit et des invectives à répétition. Le débat autour de la réforme des retraites patine à l'Assemblée nationale. Le texte doit partir ce vendredi soir au Sénat, même si les députés n'ont pas terminé de voter tous les articles du projet de loi. Alors, une partie de l'Alliance de gauche, la Nupes, change de stratégie et a retiré ces derniers jours plusieurs milliers d'amendements. Mais cela ne devrait pas être suffisant. "Moi, je regrette ce qu'il s'est passé ces 15 derniers jours. C'était du mauvais théâtre de boulevard", estime au micro d'Europe 1, Roland Lescure.
"On a vu le metteur en scène, c'est Jean-Luc Mélenchon, qui a tenté de tirer les fils à distance et qui envoie ses marionnettes faire de l'esclandre à l'Assemblée", poursuit le ministre délégué de l'Industrie. Avant d'ajouter : "Le débat n'en sort pas particulièrement éclairé".
"Une réforme complexe"
Pourtant, dans les rangs de l'hémicycle, les députés tentent depuis plusieurs jours de comprendre réellement qui touchera la pension minimale à 1.200 euros, largement vantée par le gouvernement. Selon Olivier Dussopt, seulement 40.000 nouveaux retraités devraient toucher cette pension, et 125.000 autres devraient voir leur retraite augmenter après l'application de la réforme. Mais beaucoup de ces derniers devraient avoir des pensions inférieures à la pension minimale voulue par le gouvernement, tant il y a de conditions à remplir pour y accéder.
Au micro d'Europe 1, Roland Lescure tente cependant de défendre le texte. "C'est une réforme complexe, avec énormément de paramètres. Mais moi je trouve ça injuste. (…) Il va y avoir des dizaines de milliers de retraités qui vont voir leur retraite augmenter. Il va y avoir des femmes qui vont voir leurs retraites augmenter alors qu'aujourd'hui, elles font l'objet d'injustices."
"Équilibrer le système"
Mais "cette réforme vise au fond, à équilibrer le système, tout en corrigeant un certain nombre d'inefficacités, d'injustices du système de retraites actuel. (…) Mais au fond, ce qui manque, c'est un vrai débat de société autour du financement de notre modèle social en France", juge-t-il.
"Notre système est universel, et j'en suis très fier, mais il faut le financer. Et qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, ce sont ceux qui travaillent qui financent ce système social. Et donc, si on veut préserver, voire même amplifier ce modèle social, il faut travailler davantage", conclut Roland Lescure.