François Hollande, mais aussi Emmanuel Macron, Ségolène Royal, Michel Sapin et Jean-Marc Ayrault. Les poids lourds du gouvernement se réunissent mercredi, à l'Elysée, pour se pencher sur le dossier EDF. Et trouver des solutions à ce qui, selon les syndicats, s'apparente à une faillite.
Le groupe accumule en effet 37 milliards d'euros de dettes, qui le placent dans une situation financière extrêmement tendue. Ces difficultés s'expliquent notamment par l'effondrement des prix de l'électricité, qui ont accusé une baisse de 60% en un an. Par conséquent, EDF a bien du mal à faire face à toutes les dépenses prévues.
Coûteux "grand carénage". Côté dépenses, la note est également salée. Il faut d'abord à EDF débourser quelque 51 milliards d'euros sur quinze ans pour rénover les centrales nucléaires. Ce programme de "grand carénage", qui permettrait d'allonger la durée de vie des centrales de 40 à 60 ans, nécessite en effet de recruter et former de nombreux salariés. Et selon la Cour des comptes, la facture pourrait même s'alourdir encore. Dans leur rapport publié en février dernier, les magistrats de la rue Cambon ont estimé le coût des travaux à 100 milliards d'euros.
Le projet Hinkley Point controversé. L'autre grand poste de dépense d'EDF, c'est le projet Hinkley Point, qui porte sur la construction de deux EPR dans le sud-ouest de l'Angleterre. Pour le mener à bien, l'électricien devra payer 16 milliards d'euros sur dix ans. En février dernier, les syndicats avaient tiré la sonnette d'alarme, estimant qu'Hinkley Point, trop coûteux et aléatoire, "risquait de tuer EDF". Un mois plus tard, c'était au tour du directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, de démissionner pour manifester son opposition au projet. Au sommet de l'État, les positions sur ce dossier divergent. Si Emmanuel Macron est un fervent défenseur d'Hinkley Point, Ségolène Royal, elle, se montre plus sceptique.
Enfin, EDF a prévu d'installer 35 millions de compteurs "intelligents" Linky sur le territoire français d'ici à 2021. Encore une opération coûteuse pour l'électricien. Sans compter l'accumulation de dettes qui grèvent son budget et deviendront même le premier poste de dépenses dans les années à venir...
Vers un nouveau plan d'économies ? Il va donc falloir d'urgence trouver des recettes. Et c'est là-dessus que l'État doit trancher mercredi. Première option : vendre des actifs, notamment RTE, qui gère les infrastructures électriques. L'État, qui est actionnaire à 85% de l'électricien, pourrait aussi s'engager à percevoir son dividende sous forme d'actions plutôt qu'en cash. Et la question d'une recapitalisation reste sur la table. Enfin, le plan d'économies déjà entamé par EDF, qui avait annoncé fin janvier la suppression de 5% de ses effectifs en France sur trois ans, pourrait être renforcé. Avec, à la clef, de nouvelles disparitions d'emplois.