Le conseil d'administration de Bouygues Telecom va étudier sérieusement l'offre. Patrick Drahi, propriétaire de Numéricable-SFR, propose 10 milliards d'euros pour s'emparer de son concurrent. Si l'opération aboutit, ce serait le retour d'un marché à trois opérateurs télécom, au lieu de quatre aujourd'hui (Orange, Numéricable-SFR, Bouygues et Free). Y aurait-il alors du changement pour le consommateur ?
Une hausse inévitable ? Tout porte à croire qu'une moindre concurrence atténuera la guerre des prix. L'arrivée de Free sur le marché il y a trois ans avait fait passer le prix moyen des forfaits mobiles de 24 à 17 euros par mois. "Si l'on revient à une situation de trois opérateurs, il y a effectivement un vrai risque de hausse des prix. Pas immédiatement, mais d'ici un an ou deux. Les opérateurs souhaitent d'ailleurs revenir à cette consolidation, pour retrouver des marges de manœuvre", estime au micro d'Europe 1 Francois Carlier, de l'association CLCV.
En regardant à l'étranger, le risque se confirme. En Autriche, une situation similaire s'est produite : le marché est repassé de quatre à trois opérateurs et on a pu constater une hausse mécanique de 10% des forfaits en moyenne.
Les mobiles épargnés ? Mais les observateurs du secteur sont unanimes sur une chose : cette hausse des prix se fera surtout sur les box internet et sur le téléphone fixe. Pour les mobiles, le secteur resterait encore très concurrentiel. Free, qui se retrouverait loin derrière en termes de taille, aurait en effet tout intérêt à maintenir des prix bas, pour maintenir la pression sur ses concurrents.
Moins d'investissements pour améliorer le réseau ? Autre possible conséquence du rachat de Bouygues Telecom par SFR : la baisse des investissements au détriment de la qualité du réseau. Romain Gueugneau, journaliste des Echos, spécialiste des télécoms, invité sur Europe 1 lundi, a rappelé qu'Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, était opposé à cette fusion. "Il a estimé que l'heure n'était pas à la consolidation, donc, pas aux rapprochements, le gouvernement a peur que, si les opérateurs se mettent à se rapprocher, ils pensent à rassembler les entreprises plutôt qu'à investir dans la fibre ou la 4G, dans ce qui est important pour les Français, le réseau télécom".