Plus d'un mois après le début du mouvement social à la SNCF, deux organisations syndicales sont sur le point d'appeler à la reprise du travail. L'Unsa et la CFDT, respectivement deuxième et quatrième syndicats de la société ferroviaire, sont en passe de laisser la CGT et SUD-Rail seules à la tête de la contestation.
Avancées au Sénat. Revirement ? Lassitude ? En réalité, c'est l'examen du projet de loi de la réforme ferroviaire au Sénat qui a permis de faire bouger les lignes. Avant qu'il ne commence, les sénateurs avaient reçu les deux syndicats réformistes afin d'intégrer certaines de leurs demandes sous forme d'amendements. Soutenues par le gouvernement, ces modifications ont été adoptées ce week-end, et figurent donc dans la version finale que les sénateurs ont approuvée mardi après-midi, par 240 voix contre 85.
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Transferts de cheminots. L'Unsa et la CFDT peuvent notamment se féliciter de nouvelles dispositions en cas de transfert des cheminots chez un autre exploitant que la SNCF. Si, dans le cadre de l'ouverture à la concurrence, le groupe perd un appel d'offre, les sénateurs ont prévu que ses salariés n'aient pas l'obligation de partir travailler pour le vainqueur, notamment si cela les contraint à changer de région. Par ailleurs, il leur sera possible, après un passage dans le privé ayant duré trois à huit ans, de revenir à la SNCF si un emploi similaire est disponible. Un allongement du délai par rapport à la première version du texte, qui prévoyait un créneau entre trois et six ans après le départ du cheminot.
"Garanties supplémentaires substantielles". Dans un communiqué publié juste après le vote du Sénat, mardi, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, s'est félicitée de "la mise en place de garanties supplémentaires substantielles". "S'il reste entre nous des points de divergence sur les principes fondamentaux de la réforme, je salue le fait qu'ils n'ont pas empêché la tenue d'un dialogue social de qualité", a-t-elle poursuivi, soulignant d'autres mesures, plus symboliques, comme l'inscription du terme "incessible" dans la loi afin de dissiper les craintes de privatisation.
"Sortir au plus vite du conflit". Du côté des syndicats, on se félicitait d'avancées certaines, tout en soulignant quelques insuffisances. La CFDT aurait ainsi préféré qu'il n'existe pas de plancher de trois ans, ni de durée maximale de huit ans, pour permettre aux cheminots transférés de revenir à la SNCF. Par ailleurs, le syndicat aurait préféré "le volontariat total dans le cadre des transferts de cheminots", ce qui n'est toujours pas le cas afin, justifie l'exécutif, de préserver la continuité du service public. Mais Laurent Berger, le leader de l'organisation, a d'ores et déjà préparé le terrain pour une sortie de grève. Dans le JDD du week-end dernier, il précisait vouloir "sortir au plus vite du conflit".
Rendez-vous mi-juin. Reste à savoir quand l'Unsa et la CFDT annonceront qu'elles se retirent de la grève. Pour les organisations syndicales, le jeu est difficile à jouer. Aucune ne veut être la première à sauter du train, encore moins être la seule. D'autant que des élections professionnelles auront lieu à la fin de l'année à la SNCF, et que faire preuve de frilosité pourrait coûter très cher dans les urnes. Quoi qu'il en soit, aucun retrait ne peut être envisagé avant la réunion de la commission mixte paritaire. Celle-ci doit permettre à l'Assemblée et au Sénat de s'accorder sur une version commune du texte, faute de quoi celui-ci devra refaire une navette parlementaire. La date des négociations a été fixée à la semaine du 11 juin. Après, Laurent Berger, leader de la CFDT, n'a laissé aucune place au doute : "si ce qui a été voté au Sénat est validé par la commission mixte paritaire, nous quitterons la grève", avait-il annoncé vendredi sur BFM TV.