"On ne va pas couper le gaz chez les ménages français", a assuré mardi Élisabeth Borne, qui se veut rassurante. En revanche, les gros consommateurs, au premier rang desquelles les entreprises, pourraient subir des coupures. La Première ministre leur a demandé lundi de mettre en place des plans d'économie d'énergie. Objectif : réduire de 10% leur consommation d'énergie. Un vrai casse-tête dans certains secteurs, comme l'industrie, très dépendante du gaz et de l'électricité. Europe 1 s'est rendue dans une verrerie d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
Pas beaucoup de marge de manœuvre
"Ça, ce sont des produits finis, des doubles-vitrages qui ont été assemblés en interne." Des doubles-vitrages, Jean-Marc Pierry et ses 15 salariés en fabriquent des dizaines tous les jours. Dans cette entreprise, les vérandas et les portes vitrées s'amassent sur de grandes tables qui servent à les polir et les découper. Un équipement technique qui utilise beaucoup d'énergie, alors diminuer la consommation de 10% n'est pas évident. "Arriver à réduire sur des machines comme ça, c'est un petit peu compliqué", confirme le gérant.
"Dès qu'elles sont en route, elles consomment exactement la même chose." Il n'y a pas de marge de manœuvre. "Ce qu'on peut faire, ce sont des plus petits vitrages, et les faire sur une plus petite ligne, qui consomme forcément moins par rapport à des lignes comme ça", explique-t-il.
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Pas de casse, mais des conséquences
Dans cette entreprise, le gaz est aussi indispensable pour chauffer l'usine. Mais Jean-Marc Pierry voit quand même quelques solutions pour réduire la consommation. "En termes de chauffage des bâtiments industriels, on peut baisser effectivement un petit peu le chauffage l'hiver", concède-t-il. "Au niveau électrique, je pense qu'il y a toujours moyen en éteignant des machines qui sont en sommeil ou en veille. Je pense qu'on devrait pouvoir réduire un peu." Enfin, "là, on rentre plus dans des choses qui sont logiques : éteindre des enseignes lumineuses extérieures qui ne servent pas à grand chose la nuit".
Faire 10% d'économies d'énergie, c'est donc possible sans casse selon Jean-Marc Pierry. Mais s'il fallait aller au-delà, il y aurait des conséquences. "Si on réduit les commandes, forcément ça va avoir un impact sur les salaires. Mais [on irait] à contre-sens de ce que nous demande le gouvernement, puisque le gouvernement nous demande (...) d'essayer d'aider les salariés. C'est ce qu'on fait ici en donnant des primes", rappelle le patron. "Peut-être qu'à la longue, on a peut-être même besoin de moins de personnel." Un scénario qui pourrait concerner d'autres entreprises. L'industrie consomme chaque année plus de 35 millions de tonnes d'équivalent pétrole, hors carburant.