L’opérateur télécom Orange va devenir banquier. Le groupe lance jeudi son offre de banque en ligne, censée permettre de tout faire via une application sur téléphone. Mais si les banques en ligne sont déjà nombreuses, on ne peut pas vraiment dire que le secteur bancaire ait été chamboulé par ce phénomène. Actuellement, seul un Français sur dix a un compte dans l'une de ces banques. La plus grosse, Boursorama, ne compte qu’un million de clients. Mais la tendance s’accélère doucement car il est désormais devenu un peu plus facile de changer de banque depuis janvier.
Des services limités. Néanmoins, les grands groupes bancaires ont su limiter les dégâts. Chacun d’entre eux a depuis longtemps créé sa propre banque en ligne : Boursorama pour la Société générale, Hello bank pour BNP Paribas ou encore Fortuneo pour le Crédit mutuel. Mais les services restent limités par rapport à une banque classique, ce qui explique aussi que le phénomène ne décolle pas vraiment. Le crédit immobilier, particulièrement, est un peu oublié.
Un certain coût malgré tout. Surtout, la réalité des banques en ligne diffère souvent de ce qu'en vendent les publicités. Les banques en ligne promettent une carte bancaire, des virements, des retraits, le tout sans aucune cotisation à payer. Évidemment, ce n’est jamais complètement gratuit. "Si vous avez un découvert, vous allez avoir des agios, ce qui fait que les banques en ligne coûtent aujourd'hui 35 à 40 euros par an. Et si vous ne remplissez pas les conditions de revenus, vous allez devoir vous acquitter d'une trentaine d'euros qui vont venir alourdir la facture", relève Mathieu Robin, de l’UFC-Que Choisir. "Mis bout à bout, ces frais sont en moyenne de 50 euros en 2017 pour les utilisateurs d'une banque en ligne." Cinquante euros, cela reste toutefois cinq à six fois moins cher que les banques traditionnelles. L'autre gros intérêt des banques en ligne, c’est leur rapidité d'exécution.
Ces deux avantages sont à mettre en balance avec les deux points négatifs des banques en ligne : le fait qu'on ne peut faire que des opérations très basiques et l'impossibilité de prendre rendez-vous en agence avec un conseiller. La banque en ligne est donc bien souvent une banque de complément, que l'on possède en plus d’un autre compte en banque.
Des ambitions revues à la baisse. Dans un premier temps, Orange bank, qui débarque cette semaine, prétendait pouvoir donner un coup de pied dans la fourmilière, de la même manière que Free avait secoué les autres opérateurs télécom en 2012. Mais le discours a changé, peut-être aussi parce qu'il y a eu du retard à l’allumage en raison de problèmes techniques. Désormais, Orange parle d’un objectif de deux millions de clients d'ici dix ans, et pense perdre de l’argent pendant les cinq premières années.
Côté innovation, il y a deux promesses intéressantes : avoir toute dépense ou retrait instantanément visible sur votre application, sans aucun délai, alors qu'aujourd’hui, cela prend quelques heures, voire une journée et pouvoir faire des virements par SMS. Les grands concurrents, les banques traditionnelles, affirment que ça ne leur fait pas peur. L’une d’entre elles a confié à Europe 1 : "On n’a pas attendu Orange bank pour se mettre au numérique."