L’expression de "souveraineté alimentaire" a de nouveau été énoncée et répétée par Gabriel Attal mercredi. Le Premier ministre veut inscrire la définition dans le projet de loi d’orientation agricole qui doit très bientôt être présenté. D’après les documents qu’Europe 1 a pu consulter, il s’agira de graver dans le marbre la capacité de la France à assurer son approvisionnement alimentaire dans le cadre européen. Car aujourd’hui, il y a de quoi s’inquiéter.
L'Union européenne loin d'être infaillible
La souveraineté, c’est la maîtrise des dépendances. Et en la matière, l’Union européenne est loin d’être infaillible, car elle est importatrice nette de calories et de protéines. "Nous avons beaucoup d’animaux d’élevage à nourrir dans l’Union européenne, donc nous produisons beaucoup de viande, mais par contre, nous ne sommes pas du tout autosuffisants sur l’alimentation à apporter à ce cheptel européen", explique Aurélie Catallo, directrice agriculture France à l’Iddri". "Et donc l’Union européenne est une très grande importatrice de protéines végétales pour nourrir les animaux d’élevage."
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L’exemple frappant du blé dur
La France s’en sort un peu mieux que l’Union européenne. Elle reste le seul pays membre encore excédentaire pour la production de nourriture animale. Mais qu’importe, la souveraineté doit être conçue à l’échelle européenne. Faire concurrence à des voisins aurait peu de sens.
L’exemple du blé dur est frappant. Selon FranceAgriMer, la France produit plus de blé dur que les Français n’en consomment. Et pourtant, le taux de couverture de la consommation par la production nationale n’atteint que 16%. "On en produit beaucoup en France mais on l’exporte en Italie car c’est là-bas que se trouvent désormais les usines de transformation, notamment pour les pâtes, et les Français sont de grands mangeurs de pâtes donc ensuite, on va importer les pâtes en France", raconte Aurélie Catallo.
Reste la question de l’harmonisation des règles européennes. Pour atteindre souveraineté européenne, il faudra que tous les pays membres suivent les mêmes normes, que ce soit en matière de pesticides ou de coût du travail et c’est loin d’être le cas.