Ancienne cadre de la banque UBS, Stéphanie Gibaud avait dénoncé les pratiques illégales de son employeur. 1:16
  • Copié
C.O.
"La moindre des choses, c’est de reconnaître le rôle des lanceurs d’alerte", a réclamé sur Europe 1 Stéphanie Gibaud, ancienne d'UBS, qui avait dénoncé les dérives de sa banque.
INTERVIEW

Stéphanie Gibaud est une lanceuse d’alerte. Ancienne cadre de la banque UBS, elle avait dénoncé les pratiques illégales de son employeur. Elle demande aujourd’hui à ce que les citoyens à l’origine de ce type de révélations soient mieux protégés. "On attend de voir ce qu’on a va faire pour les lanceurs d’alerte. Aujourd’hui personne ne nous protège en France. Il n'y a pas de loi de protection", commente-t-elle au micro d’Europe 1.

"Qu’on ne me laisse pas mourir". Michel Sapin, le ministre des Finances, a présenté le 30 mars le projet de loi Sapin II qui prévoit la création d’une agence de lutte contre la corruption. Cette agence doit permettre de mieux accompagner les lanceurs d’alerte. "L’important est de savoir quelle sera l'indépendance de cette autorité, qui y siégera et comment elle sera financée", pointe Stéphanie Gibaud. "Cela va encore prendre beaucoup de temps et quand on demande à Michel Sapin ce qu’il peut faire sur mon cas, il dit qu’il ne peut rien faire. Il y a les paroles et les actes. Aujourd’hui, est-on protégé? Non! La demande ,c’est qu’on ne me laisse pas mourir. A partir de 2011, j’ai travaillé avec les douanes judiciaires et je continue à voir des gens du ministère des Finances. La moindre des choses, c’est de reconnaître le rôle des lanceurs d’alerte."

"Tout était maillé pour que rien ne sorte". L’ancienne cadre d’UBS se voit aujourd’hui comme une survivante "d’un camp de la mort psychologique, d’une guerre des nerfs". "Les pressions sont énormes, le discrédit a duré. La banque disait que j’étais une affabulatrice. La banque a des réseaux relativement puissants. Moi je suis sortie, j’étais à peine vivante. Quatre ans, après ça commence à aller mieux grâce aux médias et à la société civile qui se mobilisent, sinon on ne pouvait pas s’en sortir. Tout était à peu près maillé pour que rien ne sorte", constate-t-elle. "Depuis que Bercy a communiqué sur les 38.000 comptes à hauteur de 12 milliards découverts en février, UBS s’est un peu calmé sur mon dossier. Mais cela a commencé en 2008, et on est en 2016."

Les lanceurs d'alerte dans la précarité. Depuis quatre ans, Stéphanie Gibaud n’a plus de travail et vit dans la précarité. "Les lanceurs d’alerte sont tous avec des frais d’avocats incroyables", précise-t-elle. "Ma médiatisation fait que quelque part, je vais peut-être pouvoir me sortir de cette affaire, mais il ne faut pas oublier tous ceux qui sont dans l’ombre car les affaires sont étouffées ou en tout cas pas connues du grand public." Depuis cinq jours, une pétition a été lancée pour demander à ce que l’ancienne cadre d’UBS obtienne la Légion d’honneur. Elle a déjà recueillie plus de 100.000 signatures.