C’est du jamais vu en plus de 20 ans : aux États-Unis, les taux pour un prêt immobilier de 30 ans ont passé la barre des 7%. C’est une conséquence directe de l’inflation et de la lutte acharnée que mène la FED contre la hausse des prix. En France aussi, les taux remontent en flèche. Ce jeudi, la Banque centrale européenne doit annoncer si elle continue le resserrement de sa politique monétaire. Outre-Atlantique, la situation économique est bien différente. Mais des taux immobiliers à 7% en France dressent un scénario qui paraît, aujourd’hui en tout cas, improbable.
Premièrement, la situation économique outre-Atlantique n’est pas la même qu’en Europe, comme le constate Christian de Boissieu, le vice-président du Cercle des économistes. "On a une économie européenne qui globalement va plutôt moins bien que les États-Unis. Les États-Unis sont en plein emploi, donc des tensions inflationnistes peuvent apparaitre, avec des augmentations de salaire. Le contexte à la fois de la croissance, de l’emploi, des politiques budgétaires n’est pas le même. C’est la raison pour laquelle les taux d’intérêt américains sont supérieurs aux taux européens", analyse l'économiste.
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Des taux à 5,5% envisageables
Par ailleurs, aux États-Unis, il est possible d’emprunter sur 30 ans, ce qui n’est plus le cas chez nous. Et comme ces crédits sont plus longs, ils sont plus risqués et donc plus chers. C’est une autre raison pour laquelle les taux immobiliers en France sont moins élevés que là-bas. Des taux à 5,5% restent envisageables, mais ils pourraient bien aller au-delà de leur niveau actuel, avec 4% en moyenne pour un prêt sur 20 ans. Marc Touati, économiste, ne néglige pas ce cas de figure : "Un scénario avec des taux d’intérêt sur l’endettement immobilier sur une vingtaine d’années à des niveaux de 5,5% à 6% est tout à fait envisageable".
En effet, l’inflation, toujours élevée en zone euro, pourrait pousser la Banque centrale européenne à durcir à nouveau sa politique monétaire : une décision qui pourrait renchérir le niveau des taux. La BCE doit se prononcer jeudi.