Dans le cadre de la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2025, le gouvernement a annoncé une taxation supplémentaire d'un milliard d'euros de l'aérien en France. Déjà engagé dans un plan de décarbonation onéreux, le secteur dénonce un énième matraquage. "Un choc pour Air France-KLM et un nouveau coup dur pour l’ensemble du secteur", déclarait vendredi le directeur général du groupe Air France-KLM , Benjamin Smith. En outre, les conséquences sur les tarifs pour les passagers pourraient être importantes.
Une taxe "disproportionnée et contre-productive"
"Ce que nous demandons, c'est d'abord une véritable concertation, parce que pour l'instant, il n'y en a pas eu", a déclaré le président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam), Pascal de Izaguirre. Le gouvernement a dit son intention d'introduire la mesure par amendement au PLF lors de son examen au Parlement, et indiqué mener actuellement "une étude d'impact" étant donné les "très nombreux paramètres à prendre en compte".
Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue de l'Union des aéroports français (UAF) Thomas Juin, Pascal de Izaguirre a souhaité que l'étude d'impact soit consacrée au "bien-fondé et aux conséquences" de la taxation, et non à ses "modalités d'application" comme évoqué par le gouvernement. "Cette taxe sur le seul secteur aérien nous paraît totalement disproportionnée et contre-productive", a-t-il ajouté, réclamant que l'activité - qui représente 100 000 emplois directs et 400 000 indirects en France selon lui - soit moins mise à contribution.
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La Fnam tire la sonnette d'alarme
Selon la Fnam, les compagnies aériennes vont contribuer à 55% de l'effort de "verdissement" dans le PLF 2025 alors que le secteur est responsable de 6% des émissions de CO2 en France. L'aérien s'est engagé à la neutralité carbone à l'horizon 2050 et alourdir sa fiscalité va amputer ses capacités d'investissement dans des avions plus sobres et des carburants d'origine non fossile, a argumenté la Fnam, qui a à nouveau réclamé lundi un "fléchage de la taxation du secteur en faveur de la transition écologique".
"Nous avons affaire à un Etat qui manque cruellement de vision sur les enjeux du secteur aérien français", a déploré pour sa part Thomas Juin, estimant que ce projet ferait à terme "perdre des recettes fiscales à l'Etat". Ce dernier, actionnaire d'Air France-KLM (28%) et du gestionnaire d'aéroports Groupe ADP (50,6%) "se tire une balle dans le pied", a jugé Pascal de Izaguirre. Dans une Assemblée nationale sans majorité absolue, "on va jouer tout le jeu, évidemment, de la discussion parlementaire pour essayer d'infléchir ce projet de taxation", a-t-il promis.