A partir du 24 janvier, le MIDEM+, le rendez-vous du marché international du disque et de l'édition musicale, fait son retour sur la Croisette de Cannes. Pour l'occasion, La France bouge s'intéresse à cet univers de la musique et des plateformes de streaming. Pour cela, Stéphane Rougeot, directeur général adjoint de Deezer, première société à faire du streaming par abonnement, est l'invité de l'émission. Au micro d'Elisabeth Assayag, il revient sur la nouvelle taxe française sur les revenus des plateformes prévue pour 2024.
"Incompréhensible et choquant"
Face à cela, les concurrents de la plateforme française dénoncent des mesures injustes et disproportionnées. Et du côté de Deezer, cette taxe n'est pas vue d'un très bon œil non plus. "Ça a été la grande déception de la fin de l'année 2023. En tant que Deezer, c'est une taxe qui est évidemment injuste, mais aussi particulièrement choquante puisqu'elle nous impacte nous, de manière totalement disproportionnée", déplore le directeur général adjoint de la société au micro d'Europe 1.
Ce dernier explique que cette taxation est uniquement en France et que l'Hexagone représente 60% du chiffre d'affaires de Deezer. "Quand on regarde les autres plateformes, plus grosses et puissantes que nous, elles seront beaucoup moins impactées et ça va être quelque chose d'assez infime pour eux", explique-t-il.
Cette entreprise, qui compte plus de 600 salariés, dont 500 sur le territoire national, a pris la décision depuis 15 ans de garder ses emplois et ressources, y compris de tech et de data, en France. "Et c'est vrai que d'avoir une taxe qui vient nous impacter de manière disproportionnée et négativement, par rapport aux autres, c'est quelque chose d'incompréhensible et de choquant", souligne Stéphane Rougeot.
70% de l'abonnement reversé aux ayants droit
Face à cette nouvelle taxe, la question du prix de l'abonnement se pose logiquement : va-t-il augmenter ou non ? "On n'a pas encore décidé, on va regarder. On sait que c'est très compliqué pour nous de répercuter cette taxe sur les ayants droit. On a regardé nos contrats, ils ne nous le permettent pas vraiment", rapporte-t-il. Il précise que plusieurs solutions se présentent à la société. Cette taxe peut donc affecter leurs investissements en terme de marketing, de technologie ou d'innovation. "On voudrait éviter cela car ce n'est pas dans l'intérêt de l'industrie de la musique", insiste Stéphane Rougeot. Sinon, cela va se répercuter sur le consommateur, mais le directeur général adjoint précise que la décision n'a pas encore été prise, même si "cela fait partie du champ des choses".
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Concrètement, la taxe représente une vingtaine de centimes en plus sur les revenus. Face à cela, Stéphane Rougeot rappelle que l'entreprise française reverse 70% de l'abonnement aux ayants droit (auteurs, maisons de disques, compositeurs, SACEM...). "La taxe va donc nous affecter sur ce qui reste ainsi que nos capacités d'innovation, d'investissement et de marketing qui permettent d'augmenter la pénétration du marché", déplore-t-il. Il précise notamment que dans le monde, il y a 600 millions d'abonnés au streaming. Et le marché sait qu'il y a encore des centaines de millions d'usagers à aller chercher. "C'est pour ça qu'on continue à investir", dit-il.