Total a annoncé mercredi qu'il allait racheter Direct Énergie, le principal fournisseur alternatif d'énergie en France, ce qui va lui permettre de devenir un poids lourd de l'électricité dans le pays. Le géant pétrolier et gazier paiera près de 1,9 milliard d'euros au total pour l'entreprise, qui fournit de l'électricité et du gaz.
"Une opportunité intéressante". Libéralisé en 2007 pour les particuliers, le marché français reste encore dominé par les anciens monopoles EDF et Engie (ex-GDF Suez). Pionnier sur ce créneau, Direct Énergie s'est toutefois fait un nom, occupant la troisième place en France. Total, qui avait déjà racheté le Belge Lampiris, s'était aussi lancé sur le marché des particuliers l'an dernier, en lançant une offre sous la marque "Total Spring".
Ce rachat "correspondait très bien à la stratégie que l'on voulait mettre en oeuvre, puisque Direct Énergie c'est à la fois une activité commerciale forte… et aussi une stratégie intégrée puisqu'ils ont depuis deux ou trois ans une stratégie de développement de l'électricité sur une base gaz et renouvelables", a expliqué Patrick Pouyanné, le PDG de Total. Le dirigeant a aussi insisté sur le fait qu'il s'agissait d'une "opportunité qui, économiquement, est intéressante". Total vise désormais 15% de parts de marché en 2022.
" Le projet de faire plus grand encore m'intéresse évidemment "
Une offre bien accueillie par Direct Énergie. Cette opération a été "approuvée à l'unanimité" par le conseil d'administration de Direct Énergie qui occupe la troisième place du marché de l'électricité et la quatrième dans le domaine du gaz en France. Elle reste néanmoins soumise à l'étude d'un expert indépendant chargé de déterminer le caractère équitable de l'offre publique obligatoire que lancera le groupe sur les actions cotées en Bourse. Celles-ci seront au prix de 42 euros.
Concrètement, à l'issue du processus de rapprochement, il n'y aura plus "qu'une seule marque", qui reste encore à définir. Quant à la direction, elle restera en place autour du PDG et cofondateur de Direct Énergie, Xavier Caïtucoli. "Le projet de faire plus grand encore m'intéresse évidemment", a de son côté réagi ce dernier. "Il y a encore la moitié des gens qui ne savent pas que l'on peut changer de fournisseur, donc il y a un potentiel de croissance considérable", a-t-il souligné. "Si vous ajoutez à cela les questions qui sont posées autour des tarifs réglementés, ma conviction est que les parts de marché vont se redistribuer dans les années qui viennent et le troisième acteur français aura son mot à dire", a assuré Xavier Caïtucoli.
Fin des tarifs réglementés. Le gouvernement envisage en effet une fin progressive des tarifs réglementés du gaz, avec leur extinction à l'horizon 2023 pour les particuliers. Les tarifs réglementés de vente (TRV) de l'électricité appliqués par EDF à plus de 27 millions de consommateurs en France ont aussi été attaqués en justice par des fournisseurs alternatifs.
Vers une hausse des prix ?
Du coté des associations de consommateurs on s'inquiète. La CLCV estime notamment qu'à terme, les nouveaux trois gros acteurs du secteur EDF, Engie et Total n'auront plus aucun intérêt à se battre pour des prix bas. Les associations craignent donc des hausses de prix.