La hausse des prix du quotidien liée à l'inflation pousse de plus en plus de Français à cumuler les emplois pour boucler les fins de mois. En France, 2,4 millions de personnes exercent plusieurs activités en même temps selon les dernières données de l’Insee qui datent de fin 2019. Europe 1 s'est penchée sur le profil type de ces Français qui multiplient les jobs.
Dans trois cas sur quatre, il s'agit d'un salarié qui exerce une autre activité en tant que salarié, toujours d'après l'Insee. La plupart du temps, celui-ci travaille dans le tertiaire, c’est-à-dire dans les services et notamment dans le commerce, un secteur où les salaires sont souvent bas, aux alentours du Smic d’après la fédération CGT Commerce et Services.
Des journées très denses
Les travailleurs, surtout ceux à temps partiel, se voient contraints de multiplier les emplois pour s’en sortir. "Ça demande une organisation colossale", pointe Stéphane Leroux, secrétaire fédéral de la CGT Commerce et Services au micro d'Europe 1. "La seule possibilité qu'ils ont, c'est de faire des journées qui démarrent très tôt le matin, et qui se termineront à des heures tardives", explique le syndicaliste.
Stéphane Leroux prend l'exemple d'une hôtesse de caisse. Celle-ci "va démarrer dans une grande surface à 9 heures ou 10 heures du matin", et elle "va aller faire du ménage".
Plusieurs secteurs concernés par la pluriactivité
Cette pluriactivité touche aussi les transports, la sécurité, l’aide à la personne ou encore l’hébergement-restauration. En tout cas, les salariés du tertiaire qui occupent un second emploi restent souvent dans le même secteur. Et ce phénomène s’intensifie en France en raison de la crise du pouvoir d’achat. L’inflation a atteint en moyenne 6,2% en octobre.
Au total, 40% des actifs ont envisagé de prendre un deuxième emploi pour boucler les fins de mois face à l’inflation, selon une étude récente de Qualtrics. Et certains l’ont fait, comme un agent de sécurité rencontré par Europe 1 et qui travaille à Paris. "Avec un salaire de 1.600-1.700 euros, les fins de mois étaient très difficiles", souffle-t-il d'abord.
"Avec mes extras, j'atteins la barre des 2.000 euros"
"Il y avait des mois où j'étais à 500 euros de découverts, et pour se retrouver dans le positif, il faut mettre beaucoup de temps", raconte cet agent, qui depuis un an, fait des extras dans l’événementiel pour joindre les deux bouts. "Avec les extras que je fais, ça me permet d'atteindre la barre de 2.000 euros par mois. Ça m'aide à avoir des fins de mois raisonnables, et de ne plus rentrer dans le découvert comme je le faisais auparavant", poursuit l'agent de sécurité.
Celui-ci ajoute que percevoir une rémunération supplémentaire l'aide aussi "à faire plaisir à mes enfants", et à surmonter la hausse des prix. "Avec l'inflation, la vie est devenue un peu plus chère. Les yaourts et les fromages de marque ont beaucoup augmenté. Quand on est père de famille, on a beaucoup de responsabilités", souligne-t-il, évoquant que cela "nous oblige soit de faire un deuxième boulot, soit de nous rabattre sur les produits de petite catégorie".