Hier soir, le président des États-Unis a présenté un nouvel arsenal de sanctions contre les finances russes. Washington n'a pas exclu Moscou du réseau interbancaire Swift, rouage pourtant essentiel de la finance mondiale, une option rejetée aussi par Bruxelles. Les 27 se sont mis d'accord cette nuit sur un nouveau train de sanctions, le plus sévère jamais mis en œuvre, selon le chef de la diplomatie. Un isolement sans précédent à travers un accès limité aux capitaux européens et aux technologies aéronautiques et spatiales. Une pluie de sanctions et un risque aussi pour l'économie européenne, déjà fragilisée par l'inflation galopante.
Pourtant, c'est bien la Russie qui a le plus à perdre. Cette dernière est beaucoup plus dépendante de l'Europe que l'inverse. Cela peut paraît contre-intuitif, car le pays est le premier fournisseur de gaz de l'Union européenne. Mais cet atout est à double tranchant, car si elle coupe le robinet, elle se prive de revenus colossaux. Et le gaz représente jusqu'à 20% du budget de l'État russe.
En dehors des hydrocarbures, l'Europe importe assez peu de Russie, essentiellement des métaux : nickel, titane, aluminium, quelques produits chimiques comme les engrais azotés, mais pas beaucoup plus. Moscou ne pèse que 5% dans le commerce extérieur de l'Union européenne, c'est-à-dire à peu près autant que la Suisse. Pour ce qui est de la France, la Russie représente moins de 2% des importations et 1% des exportations. Ce qui en fait, pour reprendre les mots de Bercy, un partenaire commercial de troisième rang.
Les entreprises françaises implantées sur place dans l'attente
Il peut tout de même y avoir des conséquences économiques pour la France, tout particulièrement dans les domaines de l'énergie et de l'agricole. Le gaz russe représente 17% de nos importations et 15% pour le pétrole. Les deux pays, la Russie et l'Ukraine, exportent massivement des céréales, mais aussi des engrais vers l'Europe.
Certaines entreprises françaises implantées en Ukraine et en Russie pourraient également être touchées. Premier constat : 35 entreprises du CAC 40 sont présentes en Russie, mais à des degrés différents. Il y a par exemple les cinq plus grandes banques françaises, mais seule la Société générale possède une filiale sur place, Rosbank qui possède 235 agences et deux millions de clients. Mais la banque française relativise : elle ne pèse que 2% de son activité internationale.
Premier employeur étranger de l'Ukraine
Autre filière concernée, l'agroalimentaire. La France exporte en Russie à hauteur de 780 millions d'euros de produits comme l'alcool, les aliments pour animaux ou encore les produits laitiers. L'automobile, essentiellement à travers Avtovaz, filiale de Renault qui a vendu 350.000 Lada et 130.000 Renault l'an dernier, ce qui fait de la Russie son deuxième marché.
Les équipementiers Valeo, Michelin, Faurecia sont également présents, tout comme La Poste via sa filiale GeoPost, qui dit "suivre avec inquiétude" la situation. Auchan, Décathlon, Leroy Merlin, Safran, TotalEnergies ou encore Alstom y ont aussi des intérêts. Et puis, du côté de l'Ukraine, il y a 160 entreprises françaises, 30.000 salariés, ce qui fait de la France le premier employeur étranger.