Géographiquement, la France et les Pays-Bas sont presque voisins. Mais culturellement, un fossé entre les deux pays serait palpable, selon un rapport interne au groupe Air-France-KLM - fruit de la fusion, en 2003, d'une compagnie française et une néerlandaise -, révélé par le Guardian, jeudi. Le document de 100 pages fait état de divergences telles entre les équipes des deux entreprises que le groupe risquerait de devenir "impossible à manager". "On peut se demander si l'alliance peut survivre, compte tenu de l'incompréhension mutuelle qui perdure entre les camps français et hollandais du groupe", écrit même l'un des auteurs du texte.
"Pessimistes, frustrés et au bord du burn-out". "Les Français ont l'impression que les Néerlandais ne pensent qu'à l'argent et sont toujours prêts à se battre pour le profit. Qu'ils n'ont peur de rien", conclut le rapport. De leur côté, "les Hollandais pensent que les Français sont attachés à une hiérarchie et à des intérêts politiques qui ne sont pas nécessairement les mêmes que les intérêts de l'entreprise. Les salariés sont pessimistes, frustrés, et au bord du burn-out, parce qu'ils ont l'impression de ne pas être entendus." Un exemple de frustration est cité par les consultants à l'origine du rapport : un employé KLM paie son déjeuner 10 euros à la cantine, contre seulement 4 euros pour un salarié d'Air France.
Le fossé existe aussi du côté des managers : ceux d'Air France affirment avoir l'impression d'agir pour les intérêts de tout le groupe, tandis que ceux que KLM se soucieraient uniquement de ce qui est souhaitable pour la branche hollandaise. Les chefs néerlandais n'accordent, eux, aucune confiance à l'économie française, et voient Air France comme "une bombe à retardement."
"Des différences culturelles et des différences de vision". "Une situation explosive, diagnostiquée grâce à l'audition de 50 salariés des deux entreprises. Interrogé sur ces conclusions, Air-France-KLM a reconnu qu'elles pointaient "des différences culturelles et des différences de vision, qui conduisent parfois à des difficultés". Mais le groupe se dit aussi assuré de l'existence d'une "envie commune de trouver des solutions dans l'intérêt du groupe Air-France-KLM et des compagnies concernées", promettant des "améliorations" là où c'est nécessaire.