Des factures d'électricité multipliées par huit, voire dix pour certains. Les 33.000 boulangeries françaises payent le prix fort la hausse du tarif des matières premières, mais surtout de l'énergie. Ce jeudi, Emmanuel Macron a demandé aux fournisseurs d'énergie de "renégocier" les "contrats excessifs" de toutes les TPE, dont les boulangeries. Mais pourquoi ces entreprises sont-elles les plus concernées ? Jean-François Feuillette, fondateur et président des boulangeries pâtisseries du groupe Feuillette, invité ce vendredi de "La France Bouge", apporte quelques éléments de réponse.
Le chef d'entreprise, à la tête du troisième réseau de boulangeries artisanales de France, reconnait d'emblée que "ce sont les petites structures qui sont les plus impactées. Dans un fournil de boulangerie, qu'on soit une petite ou une grande structure, on utilise le même matériel. Qu'on allume un four pour cuire 100 baguettes ou pour en cuire 1.000, c'est le même coût du prix de l'énergie. Mais bien sûr, ce n'est pas le même coût par baguette quand on en cuit 100 ou quand on en cuit 1.000", insiste-t-il au micro d'Elisabeth Assayag. "On est réellement dans une crise historique, c'est du jamais vu !"
"Les boulangers n'ont jamais eu d'aides pour changer leur matériel"
Alors que le matériel électrique nécessaire à la confection des produits est ce qui explique la hausse des factures, "les boulangers n'ont jamais eu d'aides pour changer le matériel. Le four est ce qui consomme le plus, c'est la pièce maîtresse et la plus coûteuse. Un four de boulangerie coûte entre 40.000 et 60.000 euros donc on le garde longtemps : certains fours ont une vingtaine d'années et consomment beaucoup plus que le matériel récent. Mais on a aussi besoin d'autres types de matériel, comme les chambres froides, pour faire lever le pain lentement, qui sont très énergivores", détaille Jean-François Feuillette.
D'autant plus que ces fours doivent fonctionner à tout moment de la journée, même si "on essaye d'éteindre nos fours quand c'est possible", précise le chef d'entreprise, qui souhaite ouvrir 18 nouvelles boulangeries cette année.
Un surcoût d'électricité de 1 million d'euros pour le groupe Feuillette
Si faire partie d'un groupe permet aux 53 boulangeries Feuillette de "mieux négocier auprès des fournisseurs, ce qui fait qu'on a limité les hausses", pour autant, "le surcoût de l'énergie représente 1 million d'euros pour le groupe Feuillette, ce qui est énorme", souligne son PDG.
Quant aux mesures mises en place par le gouvernement, comme le report du paiement des impôts ou la résiliation de son contrat d'énergie sans frais, "c'est reculer pour mieux sauter", tacle Jean-François Feuillette. "En aucun cas ça ne paiera nos factures. Pour l'instant c'est le néant. Rien n'a été fait au niveau politique pour aider les boulangeries."
C'est pourquoi le PDG a finalement lancé un appel à l'État. Selon lui, la seule solution pour sauver le secteur : "plafonner le prix du kilowattheure".