Une aide colossale de 3,2 milliards d'euros pour développer une filière européenne des batteries électriques : Bruxelles a donné son feu vert à cet "Airbus des batteries", qui entend concurrencer l'Asie pour des transports plus propres. Le versement de cet argent public, par sept États membres dont l'Allemagne et la France, à un consortium de 17 entreprises, a été autorisé lundi par la Commission européenne. Cette aide doit engendrer la mobilisation de "5 milliards d'euros supplémentaires en investissements privés", ce qui permettra aux Européens, espère Bruxelles, de faire face aux producteurs chinois, très en avance dans ce secteur.
Dans le détail, l'Allemagne est autorisée par Bruxelles à investir jusqu'à 1,25 milliard d'euros. Viennent ensuite la France (960 millions), l'Italie (570 millions), la Pologne (240 millions), la Belgique (80 millions), la Suède (50 millions) et la Finlande (30 millions). Ce "projet important d'intérêt européen commun" (PIIEC) comptera 17 participants directs de toute la filière, comme le constructeur automobile BMW ou les chimistes BASF et le belge Solvay, mais aussi des petites et moyennes entreprises (PME). Ces entreprises collaboreront "étroitement les unes avec les autres et avec plus de 70 partenaires externes", des entreprises mais aussi "des organismes publics de recherche de toute l'Europe", selon le communiqué de Bruxelles.
Un projet décennal
L'objectif du projet, qui court jusqu'en 2031, est de développer des batteries lithium-ion "qui ont une plus longue durée de vie", "se rechargent plus vite" et "sont plus sûres et plus respectueuses de l'environnement que les batteries actuellement sur le marché". "La demande de batteries devrait augmenter très rapidement au cours des années à venir", selon la Commission. Or, le retard des pays européens dans le secteur des batteries, en particulier face à la Chine, est régulièrement relevé par les acteurs du secteur automobile.
Selon la Commission, les "risques technologiques et financiers importants" qui accompagnent ce vaste projet justifient l'octroi d'une telle aide publique. Mais "une part importante des bénéfices supplémentaires réalisés par les participants sera partagée avec les contribuables grâce à un mécanisme de récupération", indique-t-elle.