"On dirait des pièces en chocolat et des billets de Monopoly. Il y a quand même beaucoup de pièces pour l'instant. Les clients sont comme nous, ils sont un peu perdus", avouait un patron de bar lyonnais au micro d'Europe 1, le 1er janvier 2002. Ce jour-là, la France et onze autres pays passaient à l'euro, une monnaie européenne commune. Aujourd'hui adoptée dans 19 pays, cette monnaie est régulièrement pointée du doigt pour avoir fait monter les prix, ce que concède l'économiste Christian de Boissieu dans l'émission Europe Midi.
Un effet inflationniste "sous-estimé à l'époque"
"Oui, l'euro a fait grimper certains prix et je pense qu'à l'époque, l'effet inflationniste a été sous-estimé, y compris par l'Insee", affirme le vice-président du Cercle des économistes au micro de Thierry Dagiral. "Les chiffres qui avaient été publiés les deux premières années montraient que c'était relativement marginal, mais il y a eu un impact sur l'inflation, et sur l'inflation ressentie (...). Il y a eu un certain nombre d'achats quotidiens (touchés), comme le café sur le zinc", explique Christian de Boissieu.
Si on parle beaucoup du prix de la baguette de pain, l'économiste met en garde sur "les comparaisons dans le temps. Les prix il y a 20 ans, il y a eu un effet inflationniste inévitable. Quand on change de monnaie, il y a toujours des ajustements", souligne-t-il, en indiquant que si la France "revenait au franc français, il y aurait des ajustements également, dans le même sens. A chaque fois que l'on change d'unité monétaire, on a des prix qui grimpent", assure Christian de Boissieu sur Europe 1.
La baisse des prix pour des achats épisodiques
"Dans le même temps, des prix ont baissé", rapporte l'économiste. "C'était des prix par exemple dans l'électroménager, du fait du renforcement de la concurrence. Parce que l'euro voulait dire une comparaison plus facile des prix entre les pays membres de l'euro (...). Cela a renforcé la concurrence et fait baisser certains prix, mais des prix d'achat qu'on ne fait pas tous les jours", expose le vice-président du Cercle des économistes.