Ampere (11.000 salariés dont 35% d'ingénieurs) vient de lancer dans son usine de Douai (Nord) la fabrication de la Renault 5 et de l'Alpine A290 électriques, à côté des Mégane et Scenic électriques. Le patron d'Ampere et de Renault, Luca de Meo, a annoncé à cette occasion que son groupe allait concevoir une petite voiture électrique pour Nissan.
Le constructeur japonais a demandé à Ampere "d'étudier le développement de son prochain modèle électrique du segment A", c'est-a-dire une citadine, a détaillé le direction de la filiale française dans un communiqué. Son développement doit être "très court" et pensé pour les "clients de demain", a lancé le patron de Nissan Makoto Uchida dans une allocution vidéo.
Future Twingo
Cette petite Nissan sera une cousine de la future Twingo électrique, dont Ampere a confirmé l'arrivée sur le marché en 2026, "à un prix inférieur à 20.000 euros". Fabriquée en Slovénie, celle-ci vise une consommation record de 10 kilowattheures aux 100 kilomètres, soit un tiers de moins qu'une de ses grandes concurrentes, la Citroën C3.
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"C'est très positif", s'est réjoui Luca De Meo. "Nissan a tenté le coup avec la Micra", une compacte que Renault développe sur la base de sa R5, et "ils ont apprécié", a-t-il souligné. Autrefois grands partenaires, Nissan, Renault et Mitsubishi avaient annoncé, en 2023, qu'après le détricotage de leur alliance capitalistique ils se concentreraient sur des projets concrets, comme des véhicules. La filiale de Renault doit aussi lancer bientôt la production d'un SUV pour Mitsubishi à Douai.
Renault avait d'abord négocié avec Volkswagen pour une collaboration sur un projet similaire d'"Airbus de l'automobile", mais le constructeur allemand a préféré lancer son propre projet de citadine électrique. Ampere compte toujours trouver des partenaires pour son petit modèle: "Il n'y aura pas beaucoup d'options en Europe pour des gens voulant fabriquer des électriques à moins de 20.000 euros", a-t-il lancé.
Luca De Meo s'est aussi félicité mercredi d'avoir "eu le courage" d'annuler l'introduction en Bourse d'Ampere. La valorisation aurait été "inférieure" aux attentes et Renault a assez d'argent pour financer ses projets sans cela, selon le dirigeant. Ampere peut aussi compter sur 600 millions d'euros que Nissan avait promis d'investir, mais n'en a "pas besoin" pour l'instant, selon Luca De Meo.
"Rattraper" les constructeurs chinois
Pour accélérer le développement de ses véhicules électriques, Ampere a les yeux sur la Chine, premier marché mondial de l'automobile, où elle a installé un bureau d'ingénieurs. Le groupe veut notamment s'inspirer des processus de développement express des constructeurs chinois, qui ont pris de l'avance dans l'électrique, et appliquer ces méthodes aux petites voitures, chasse gardée des Européens.
"D'ici 2028, nous aurons rattrapé les acteurs chinois au niveau de leurs coûts et de leurs processus de développement", a lancé Luca De Meo. Il s'agit de concevoir une voiture en deux ans au lieu des quatre ans habituels, pour s'adapter au "dynamisme" et à la "volatilité" du marché électrique, a détaillé le directeur opérationnel d'Ampere, Josep Maria Recasens.
Comment faire? Les ingénieurs des différents départements travaillent désormais en parallèle sur la conception du véhicule, multiplient les partenariats avec d'autres sociétés, font des tests sur un "jumeau numérique" du véhicule, ou font appel à l'intelligence artificielle pour accélérer des tâches. Ampere est déjà "parfaitement en ligne avec son objectif de réduction des coûts (de développement) de 40% d'ici à 2028", a souligné Luca de Meo.
Parallèlement, la filiale de Renault va commencer à intégrer dans ses véhicules des batteries à chimie LFP (lithium, fer, phosphate), moins chère, plus robuste, mais moins puissante que l'omniprésente NMC (nickel, manganèse, cobalt).