Au sud de la Loire, en bordure du Cosson, s’élève un immense château blanc à la toiture bleutée : Chambord. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire", Jean des Cars vous raconte l’histoire de cet édifice digne d’un conte de fée, mais qui a été imaginé par un roi bien réel : François Ier.
Même le plus grand adversaire de François Ier, l’empereur Charles Quint, est resté bouche bée face à la beauté du château de Chambord. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire", Jean des Cars vous raconte l’histoire de cet édifice exceptionnel, figure de proue des châteaux de la Loire, qui s’inspire de plans réalisés par un certain Léonard de Vinci…
Le 15 décembre 1539, Chambord est en émoi. François Ier y reçoit son éternel adversaire, Charles Quint. En effet, le roi de France a permis à l’empereur de traverser son royaume pour se rendre d’Espagne aux Pays-Bas qui sont en pleine rébellion fiscale. On est en hiver, et le voyage terrestre est moins périlleux que par la mer. C’est une délicatesse que fait François Ier à Charles Quint qui est aussi son beau-frère car le souverain français a épousé, neuf ans plus tôt, après la mort de sa première épouse, la reine Claude, la sœur de Charles Quint, Éléonore de Habsbourg. La suite de l’empereur est impressionnante. Plusieurs milliers de personnes, toutes de noir vêtues car la Cour impériale est en deuil : la chère épouse de Charles Quint, Isabelle, est décédée après avoir mis au monde un enfant mort-né.
L’empereur a d’abord été reçu à Loches, puis à Amboise avant que le double cortège ne se dirige vers Chambord. En l’honneur de l’illustre visiteur, on a meublé le château. La très efficace Maison du roi a l’habitude de ces aménagements, la Cour étant souvent itinérante. Meubles, coffres, tentures, œuvres d’art, tapisseries, vaisselles, tout a été installé en un temps record !
Charles Quint admire les tapisseries mais ce qui le laisse réellement bouche-bée, c’est le gigantesque et prodigieux escalier à double révolution qui occupe le centre du château. Bouche-bée est le terme qui convient car l’empereur, enrhumé, a presque en permanence la bouche ouverte au-dessus de son célèbre menton en galoche. Il s’exclame :"C’est l’abrégé de ce que peut effectuer l’industrie humaine."
Ainsi, l’Europe sera informée des prodiges du château. François Ier savoure le compliment venant de son beau-frère auquel il avait précédemment disputé le trône du Saint-Empire Romain Germanique. C’est un instant de paix à savourer car trois ans plus tard, ils vont, à nouveau, se dresser l’un contre l’autre. Mais pourquoi Chambord exerce-t-il une telle fascination, même sur les visiteurs les plus illustres ?
En 1519, François Ier entreprend un chantier monumental : Chambord
Dès son retour d’Italie après sa victoire de Marignan en 1515, François Ier décide d’édifier un château entièrement nouveau qui serait un symbole de la puissance royale et s’inspirerait des constructions de la Renaissance italienne. Ça tombe bien : il est accompagné par un créateur exceptionnel qui a dressé le plan d’une sorte de ville-château devant être construite à côté de Romorantin : Léonard de Vinci. Son projet colossal n’avait finalement pas vu le jour. Mais en 1518, François Ier reprend son idée pour Chambord, non loin de Blois, qu’il vient de transformer. Là-bas, il y a déjà un relais de chasse car la région est très giboyeuse. Comme tous les rois de France, François Ier adore la chasse.
Le premier mystère de Chambord est qu’on ignore qui en est l’architecte. L’ambition est pourtant exceptionnelle. Les travaux commencent le 6 septembre 1519. Ils sont difficiles car le terrain est marécageux, tourbeux. Ce sera une construction sur pilotis, des chênes de l’Allier qu’on immerge sur cinq mètres de profondeur. Les travaux s’éternisent. En 1525, le désastre de Pavie et la captivité de François Ier à Madrid interrompent les travaux pendant deux ans. Ils reprennent en octobre 1526 avec un autre intendant : Charles de Chauvigny.
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Il s’attaque à l’escalier central, qui sera surmonté d’une immense lanterne couronnée d’une fleur de lys. C’est tout autour de cet escalier que le château est organisé. Cette merveille architecturale laisse souffler sur cet ouvrage inclassable l’âme de Léonard de Vinci, mort le 2 mai 1519, deux mois avant l’ouverture du chantier. Laissons la parole à l’historien de l’art Jean-Pierre Babelon :"Le donjon, les tours rappellent les châteaux-forts. Les parties hautes, achevées vers 1535, faites de toits multiples, de cheminées, de tourelles, de lucarnes, reproduisent, avec un autre vocabulaire ornemental, les couronnements fantastiques des châteaux du duc de Berry dont les Très Riches Heures conservent le souvenir. Les images les plus expressives du passé se retrouvent donc une dernière fois évoquées, comme si on avait voulu faire de Chambord le symbole de la monarchie française."
En effet, les toits de Chambord sont une admirable forêt de pierres blanches sur fond d’ardoises bleutées. Depuis la terrasse où les dames sont supposées suivre la chasse, on avance, émerveillés et incrédules, dans une cité de tours, de cheminées, de lanternes et de clochers. C’est le mirage d’une ville suspendue.
Un extraordinaire escalier
Le chantier a mobilisé jusqu’à mille huit cents ouvriers. Le château, à la fois d’une grande superficie et d’une grande verticalité, appartient autant à la tradition française qu’à l’influence italienne. Il en est la parfaite synthèse. La décoration emprunte aussi au gothique français. L’escalier, devenu une réalité féerique, s’élève au centre du donjon par deux rampes hélicoïdales autour d’une colonne ajourée jusqu’à la tour-lanterne, coiffée d’une colossale fleur de lys que l’on voit partout de face. Elle s’élève à 54 mètres du sol.
Quel extraordinaire escalier ! Comme par magie, les deux rampes sont imbriquées mais indépendantes. Elles s’enroulent autour d’un noyau creux percé d’ouvertures. On y voit les gens sans les croiser, sans se rencontrer. L’escalier compte cent cinquante marches jusqu’au sommet. Il dessert les huit appartements par étage, trente-deux en tout si l’on compte le rez-de-chaussée.
Le centre du château est un immense donjon carré, flanqué à chaque angle de quatre tours rondes. Ce donjon comporte trois étages. Chacun dispose d’une vaste salle en forme de croix avec quatre appartements à chaque angle et quatre autres dans les tours qui les prolongent. Les appartements des tours disposent chacun de petits escaliers en colimaçon. Chambord a été qualifié de "caprice colossal". Il est totalement innovant et ne ressemble à aucun autre château. François Ier a suivi, pas à pas, l’élaboration du projet, c’est son œuvre et chaque fois qu’il s’y rend, il annonce, radieux : "Je vais chez moi".
Paradoxalement, le roi ne séjournera que soixante-douze jours dans son château préféré. C’est que Chambord n’est pas une véritable résidence. C’est un symbole royal qui n’est destiné qu’aux chasses et aux fêtes. A Chambord, le roi chassera avec passion, à cheval d’une façon classique mais aussi au faucon. Il aura jusqu’à trois cents oiseaux et cinquante fauconniers à son service ! Les fêtes y sont si somptueuses qu’elles attirent une Cour toujours plus dense, qui suit le monarque dans ses déplacements.
On sait que François Ier aimait les femmes. Selon une légende tenace, c’est sur l’une des vitres de sa chambre, au premier étage, qu’il aurait gravé à l’aide d’un diamant cette maxime désabusée : "Souvent femme varie, bien fol qui s’y fie". Rapportée par Brantôme, cette jolie anecdote n’est cependant pas avérée…
C’est de février à mars 1545 que le souverain séjourne pour la dernière fois à Chambord. Pour remplir les douves de son château, on raconte qu’il rêvait de détourner le cours de la Loire, pas si éloignée (elle n’est qu’à quatre kilomètres). Mais les difficultés s’étaient révélées si grandes qu’il se contenta de détourner le modeste Cosson... A la mort du Roi-Chevalier, le 31 mars 1547, la construction de Chambord n’est pas achevée. François Ier n’a donc jamais vu le château que nous connaissons…
Henri II signe le Traité de Chambord
Son fils et successeur Henri II poursuit les travaux sans toutefois les terminer. Il élève une nouvelle aile du château. Sur des chapiteaux et des pilastres apparaît l’emblème du nouveau souverain et de sa maîtresse Diane de Poitiers : un croissant de Lune. C’est Henri II qui va achever la clôture de l’immense parc au moyen de murs.
Au début de 1552, il engage, comme son père, une guerre contre Charles Quint. Le roi soutient les princes allemands contre l’empereur. La France occupe les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun. Le 15 janvier 1552, Henri II signe à Chambord un traité par lequel la France reçoit le duché de Lorraine et les trois fameux évêchés. Le traité de Chambord est la seule convention diplomatique jamais conclue en ce lieu.
Catherine de Médicis chasse à Chambord
Après la mort d’Henri II suite au tournoi funèbre de 1559, Catherine de Médicis, sa veuve, vient chasser à Chambord avec son second fils devenu le roi Charles IX après la mort de son frère François II. La Médicis est excellente cavalière, elle a imposé en France l’usage de monter en amazone. Elle aime chasser mais moins que son fils pour qui c’est une véritable passion. Il écrira même un traité de vénerie, l’autre nom de la chasse à courre. La forêt de Chambord est le théâtre de ses exploits. Sans chiens, il aurait forcé un cerf et traqué des sangliers dans des conditions très dangereuses. Malgré sa santé fragile, Charles IX peut chasser dix heures d’affilée, en crevant cinq chevaux et souffler du cor jusqu’à en cracher du sang !
Son successeur et frère cadet Henri III vient, lui, peu à Chambord. Faute d’argent, il interrompt même les travaux. En revanche, Catherine de Médicis qui est toujours là, s’y trouve notamment en 1575 pour retrouver et réprimander son quatrième et insupportable fils, le duc d’Alençon. Celui-ci venait de prendre la tête d’une armée protestante, légitimant en quelque sorte la rébellion. Trois ans après les terribles massacres de la Saint-Barthélémy, Catherine enrage de l’initiative de son jeune fils.
Pourtant, la Reine-mère n’oublie pas qu’elle est la petite-fille de Laurent le Magnifique et que Florence était la ville de Machiavel ! Elle fait mine de céder aux exigences de son fils contre une trêve de sept mois. Pour vérifier qu’elle a pris la bonne décision, accompagnée de son astrologue, elle monte jusqu’à la lanterne du château et, dans le silence de la nuit, elle interroge le ciel et les étoiles.
Un an plus tard, le duc d’Alençon dicte ses volontés dans ce qu’on appellera "la Paix de Monsieur" : il devient duc d’Anjou et obtient la réhabilitation des victimes de la Saint-Barthélémy. Toutefois, ce quatrième fils d’Henri II et de Catherine de Médicis ne régnera jamais : il mourra avant son frère Henri III. Ce sera la fin des Valois et l’arrivée des Bourbons sur le trône de France : Henri de Navarre devient le roi Henri IV.
Celui-ci a d’autres choses à faire que de s’occuper des châteaux de la Loire. Louis XIII ne s’y intéressera pas non plus. Il donnera Chambord à son conspirateur de frère, Gaston d’Orléans, qui en profitera peu puisqu’il sera très vite assigné à résidence à Blois.
Louis XIV et Molière réveillent Chambord
Il faudra attendre Louis XIV pour que Chambord revienne en majesté. Le roi vient lui aussi y chasser. Il demande à son architecte Jules Hardouin-Mansart de terminer la chapelle où il pleuvait depuis plus de cent ans ! Il couvre les deux ailes de mansardes pour abriter les domestiques. Il établit une faisanderie.
Entre 1660 et 1685, le Roi Soleil séjourne neuf fois à Chambord. Louis XIV loge au centre du donjon, dans un nouvel appartement, contrairement à François Ier qui habitait une aile. Au premier étage, il construit un théâtre où le 14 octobre 1670 Molière et Lulli donnent la première représentation de la comédie-ballet "Le Bourgeois Gentilhomme". C’est un triomphe ! La pièce est jouée quatre fois durant ce séjour royal avant d’affronter le public parisien du Palais Royal. Mais à partir de 1685, le roi délaisse Chambord car Versailles le retient totalement.
Louis XV offre Chambord à son beau-père
Jusqu’en 1725, le château reste à l’abandon. C’est le mariage du jeune roi Louis XV avec Marie Leszczynska qui le remet au goût du jour. Le père de Marie, Stanislas Leszczynski, est le souverain détrôné de Pologne. Il vit modestement à Wissembourg, en Alsace, d’une pension servie par la France. Son nouveau statut de beau-père du roi de France exige une résidence digne de sa condition. On lui donne Chambord, assez loin de Versailles, afin qu’il ne dérange personne.
Louis XV et son épouse lui fournissent assez d’argent pour qu’il entretienne le château et puisse y recevoir. Malheureusement, les Leszczynski supportent mal l’humidité des lieux. Ils trouvent cette résidence insalubre et peu entretenue. Une épidémie de fièvre tierce les rend encore plus soupçonneux ! Ils déménagent finalement en 1727 pour s’installer au château de Ménars, dans le Blésois. Ils y resteront jusqu’en 1733, date à laquelle Stanislas Leszczynski obtient le duché de Lorraine en compensation de sa couronne perdue de Pologne. Il se fixera ensuite à Nancy et marquera la ville de son empreinte. Lui aussi est un bâtisseur. Il est à l’origine de la célèbre Place Stanislas qui porte son nom.
Un nouveau propriétaire : le maréchal de Saxe
En 1746, Louis XV attribue le domaine de Chambord au plus grand homme de guerre de son temps, le maréchal de Saxe, pour le récompenser de sa victoire sur les Anglais à la bataille de Fontenoy. Il lui donne les moyens de restaurer les lieux, à l’abandon depuis le départ des Leszczynski. Il met le garde-meuble à sa disposition et accorde 40 000 livres de pension à ce brillant soldat, déjà très fortuné.
Celui-ci aime les femmes et la vie brillante. Il choisit d’emblée de s’installer dans la chambre du roi, organise des chasses fastueuses et les fêtes vont succéder aux fêtes. Il a de nombreuses maîtresses, de la comédienne Adrienne Lecouvreur à la charmante Marie Rinteau, la grand-mère de la future George Sand. Il tombe follement amoureux d’une autre comédienne, Mademoiselle Chantilly. Elle n’a qu’un seul défaut : elle est l’épouse du comédien Favart et elle aime son mari. Donc, elle ne cède pas au maréchal !
Pour le soldat, tous les moyens sont bons afin que la réticente Chantilly accède à ses demandes. Il obtient de Louis XV une lettre de cachet et la fait enfermer dans un couvent. Elle finira par céder et emménager à Chambord… La fin du maréchal de Saxe est un peu mystérieuse. A-t-il été blessé lors d’un duel par un mari outragé ? Ou, affaibli par ses débauches, a-t-il succombé à une fluxion de poitrine ? Toujours est il qu’il meurt le 30 novembre 1750 à Chambord, après avoir dit à son médecin :"Mon ami, la vie n’est qu’un songe. Le mien a été beau, mais il est trop court…" Le maréchal n’avait que 54 ans.
A la veille de la Révolution, le château, non entretenu, est délabré. En 1793, les nouvelles autorités ordonnent la vente du mobilier restant. Par idéologie aussi aveugle que ridicule, le nom de Chambord devient… Borchamp ! Pire, la fière résidence est dépecée : les boiseries, les parquets, les volets et même les portes intérieures sont arrachées et saccagées. La ville vosgienne de Saint-Dié demande que soit détruite cette "masse énorme de pierres inutiles". Mais cela coûterait trop cher et les armées de la République ont mieux à faire. Le château est mis en vente. Par chance, aucun acquéreur ne se présente…
Bonaparte sauve le château de la ruine
Le 23 Messidor an X (13 juillet 1802), le Premier Consul place le domaine sous la protection de la Légion d’honneur, créée deux mois plus tôt. Il envisage d’en faire un orphelinat pour jeunes filles mais, faute de crédits, ce projet est abandonné. En 1808, Chambord, qui a retrouvé son nom, est rattaché au Domaine de la Couronne. L’empereur envisage d’y installer les princes d’Espagne, ses prisonniers, mais ceux-ci seront finalement accueillis par Talleyrand, à Valençay.
En 1809, le château est attribué au maréchal Berthier, prince de Wagram. Etrangement, le domaine reçoit le nom de "Principauté de Wagram", ce qui étonne puis perturbe ou ravit les habitants, et le village lui-même change de nom, s’appelant désormais "Wagram". L’Empire est immense : il y a la place pour… "deux Wagram" ! Napoléon, généreux, alloue à Berthier 600 000 francs pour la remise en état du château. Mais le maréchal est aussi propriétaire du château de Grosbois, ancienne propriété du comte de Provence, qui est sa résidence préférée.
Dans le parc de Grosbois (670 hectares) il donne des chasses somptueuses et sa proximité de Paris (20 km) le rend plus accessible que Chambord où, en réalité, il ne viendra qu’une fois, pour inspecter les travaux. C’est son aide de camp qui est nommé gérant du domaine. Les bois sont vendus et Chambord est, une fois de plus, abandonné. En 1815, à la mort de Berthier, son épouse, la princesse de Wagram, s’y installe, dans la seule pièce encore meublée. Elle n’a pas les moyens d’entretenir cette immense propriété et demande au roi Louis XVIII de l’autoriser à la vendre.
Le duc de Bordeaux devient le comte de Chambord
Le château est mis en vente en 1820. Un groupe de spéculateurs, surnommé "la bande noire", est spécialisé dans le rachat des châteaux abandonnés pour les dépecer et les vendre par morceaux. Chambord est menacé. Or, le 29 septembre 1820, la duchesse de Berry donne naissance à Henri, duc de Bordeaux, fils posthume du duc de Berry, assassiné sept mois plus tôt.
L’enthousiasme des monarchistes est tel qu’ils décident d’organiser une souscription nationale pour acheter Chambord et l’offrir au petit héritier du trône. Le 5 mars 1821, le château est acheté par les souscripteurs. La Commission de Chambord, qui les représente, stipule que le domaine sera remis au duc de Bordeaux le 29 septembre, jour de son premier anniversaire. La duchesse de Berry se rend au château le 18 juin 1828 et pose la première pierre du chantier de réfection. Mais, bien sûr, la Révolution de 1830 chasse Charles X du trône. La famille part en exil avec la duchesse de Berry, sa fille et le petit duc de Bordeaux.
C’est en 1839 que le duc de Bordeaux, qui a 19 ans, décide de porter désormais le titre de comte de Chambord. Il passera plus de cinquante ans en exil mais portera beaucoup d’attention aux travaux de réaménagement, à la gestion et à la décoration du château.
Hélas, la guerre de 1870 va, une fois de plus, ravager Chambord si bien géré par son propriétaire depuis Frohsdorf. Il y séjourne pourtant pour la première (et unique) fois en 1871 afin de lancer un appel aux monarchistes français. Il se dit prêt à restaurer la monarchie légitime mais il refuse le drapeau tricolore qu’on tente de lui imposer. Il ne veut que le drapeau blanc. Il ne reviendra jamais sur sa détermination et perdra toute chance de restaurer la monarchie.
Après quatre jours passés dans le château dont il porte le nom, le comte repart vers son exil et s’éteint le 24 août 1883. Chambord échoit à un neveu, fils de sa sœur qui avait épousé le duc de Parme. L’Etat le rachète à ses héritiers en 1932, et une importante restauration est réalisée en 1936. Aujourd’hui, Chambord est dans un parfait état. Il a été largement remeublé, ses jardins restaurés. De là où il se trouve, François Ier peut être heureux : son Chambord fait toujours l’admiration du monde.
Ressources bibliographiques :
Didier Le Fur, François 1er (Perrin, 2015)
Jean-Michel Turpin, Chambord, cinq siècles de mystère (La Martinière, 2019)
Jean des Cars, Les châteaux de la Loire (Perrin, 2009)