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SAISON 2022 - 2023

Découvrez le récit inédit consacré à Guillaume le Conquérant, raconté par Virginie Girod. Guillaume le Conquérant est le fils naturel de Robert Le Magnifique, duc de Normandie, et d’Arlette, fille d’un tanneur. Sa naissance illégitime, en 1027 à Falaise en Normandie, lui vaudra le surnom de Guillaume Le Bâtard. Mais son tempérament fougueux et son sens de la politique lui permettront de changer son destin. Virginie Girod vous raconte l’histoire Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d’Angleterre, qui est aussi un lointain aïeul de Charles III.

Sujets abordés : Monarchie anglaise – couronnement – Guillaume le Conquérant - Bataille de Hastings – guerre

 

 

"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio. 

Ecriture et présentation : Virginie Girod 

- Production : Camille Bichler

- Direction artistique : Adèle Humbert et Julien Tharaud 

- Réalisation : Clément Ibrahim 

- Musique originale : Julien Tharaud 

- Musiques additionnelles : Julien Tharaud et Sébastien Guidis 

- Communication : Kelly Decroix 

- Visuel : Sidonie Mangin

 

Cela fait déjà plusieurs mois que les 776 navires de guerre de Guillaume, duc de Normandie attendent l'ordre d'appareiller entre Dives-sur-Mer et la baie de Somme. Sept à huit mille hommes sont prêts à en découdre et 2000 chevaux piaffent d‘impatience. Le duc de Normandie leur a promis à tous des richesses et de nouvelles terres s’ils l'aident à prendre la couronne d'Angleterre. Au printemps dernier, la comète de Halley a traversé le ciel avec sa longue traînée de poussière et de gaz. Elle ne s'appelle pas encore comme ça et les populations de l'époque ne savent pas trop ce que c'est mais c'est quand même un signe : celui de la victoire à venir.

En début de soirée Guillaume donne l’ordre à ses bateaux de lever l'encre. La flotte traverse la Manche vers le nord en direction de la baie de Pevensey, au sud de l'Angleterre. Le navire amiral de Guillaume, Le Morat, ouvre la route en fendant les flots. Il distance vite les autres embarcations. Lorsque le duc accoste le lendemain matin, aux premières lueurs de l'aube sur une plage vierge, il demande qu'on lui prépare une collation en attendant le reste de la flotte. Il a à peine le temps de se restaurer qu'une forêt de mâts apparaît déjà à l'horizon. Le débarquement peut commencer.

 

Un duc au sens aigu de la politique

Guillaume naît à Falaise en Normandie vers 1027, là où on peut aussi voir son château fort en pierres claires, si typiques de la région. Son père, Robert le Magnifique, est le nouveau duc de Normandie. Sa mère, Arlette, est la fille d’un artisan elle n'est que la concubine de Robert, ce qui fait de Guillaume un bâtard. Pourtant, Robert le considère bien comme son fils et quand il part en pèlerinage à Jérusalem en 1034, il demande à tous ses vassaux de le considérer comme son héritier. Sage précaution.

Robert ne rentrera jamais de son voyage et Guillaume devient duc vers l’âge de 8 ans. La Normandie est l'un des plus grands territoires inféodés au roi de France et nombreux sont ceux qui se verraient bien à la place du jeune duc. Guillaume survit à une enfance dangereuse où se succèdent les tentatives de meurtre les intimidations et les intrigues. Ces épreuves font de lui un jeune homme dur et doué d'un sens aigu de la politique.

A 19 ans il met ses vassaux au pas grâce au soutien du roi de France Henri Ier, vainqueur de la bataille de Val-ès-Dunes, près de Caen en 1047, le jeune Guillaume s’impose en unique chef de son duché. Il exige la Trêve de Dieu, une sorte de système qui réglemente les jours de bataille et donne des sanctions religieuses à ceux qui y dérogent. Concrètement, cela empêche ses vassaux de l’attaquer n'importe quand. Plus tard, une fois la paix revenue dans son duché, il commence son expansion. Vers le 14 octobre, il prend la ville d'Alençon.

Ce grand blond aux yeux clairs (il mesure presque 1m70, c’est beaucoup pour l’époque) est un cavalier et un chef de guerre hors pair, il ne met pas longtemps à gagner le respect de ses hommes. Pour renforcer sa légitimité à la tête de son duché, il épouse à 23 ans, Mathilde, la fille du duc de Flandre, l'un des plus riches et prestigieux partis du Nord de la France. Le couple est bien assorti et très soudé. Elle remplit aussi parfaitement son rôle d'épouse en lui offrant quatre filles et quatre fils. La descendance de Guillaume est donc assurée et elle ne compte pas un seul bâtard.

 

Une promesse non tenue

Alors que Guillaume fait prospérer son duché et s'impose comme un seigneur redoutable, le roi d'Angleterre Edouard le Confesseur s'interroge. Comme il n'a pas de fils pour lui succéder, il doit trouver un héritier. Son petit cousin Guillaume est un candidat potentiel et dans les années 1050, il lui laisse entendre qu'il lui transmettra sa couronne une fois que Dieu l’aura rappelé à lui. Ces promesses ne sont pas tombées dans l’oreille d'un sourd.

Même si ces paroles n’ont rien d'officiel, Guillaume fait promettre à Harold Godwinson, un comte très proche du roi de le reconnaître comme souverain d'Angleterre après la mort d'Édouard le Confesseur. Mais il faut croire que ni le roi Edouard, ni Harold Godwinson ne sont des hommes de parole. Lorsque le souverain meurt en janvier 1066, une crise dynastique commence.

Guillaume de Normandie réclame la couronne promise, mais il n'est pas le seul. Le roi de Norvège Harald III Sigurdsson la convoite aussi en raison d'un pacte conclu entre Edouard le Confesseur et son prédécesseur Magnus le Bon. Il semblerait qu’Edouard ait aussi promis sa couronne au roi de Norvège s'il venait à mourir sans successeur, ce qui a donc fini par arriver.

Dans ces conditions Harold Godwinson, le seul Saxon de cette histoire, maintient qu’Edouard l’a désigné comme son seul héritier sur son lit de mort. Il trahit donc la promesse faite à Guillaume et celle d’Edouard le confesseur, faite au Norvégien. Comme Harold est Saxon et qu'il s'oppose à ce qu'un étranger prenne la couronne d'Angleterre, il est reconnu comme le nouveau roi par le Witan, une sorte de conseil qui réunit les grands du royaume.

Ni Harald III, ni Guillaume de Normandie n’ont l'intention de renoncer à une couronne qu'ils estiment en toute bonne foi être la leur et une guerre de succession se prépare.

 

La célèbre bataille de Hastings

Laissons les Norvégiens préparer leur guerre dans leur fjord et concentrons-nous sur Guillaume chez nous en Normandie. Le duc convainc tous les seigneurs de son fief et une partie de ceux de Bretagne de se battre à ses côtés ; s’il prend l'Angleterre tous ses alliés gagneront des terres et des richesses. Comment résister à une telle offre quand on est un chevalier du Moyen-Âge ? La bataille et le butin c'est la raison d’être de toute cette classe sociale.

En quelques mois, Guillaume parvient à faire construire une flotte qui quitte la Normandie le soir du 27 septembre 1066. Près de 10 000 hommes débarquent sur les côtes anglaises au sud de Hastings le matin suivant, sans que personne ne cherche à les en empêcher. Et pour cause, le roi Harold est occupé au nord à combattre contre Harald III de Norvège.

Guillaume prend immédiatement la ville de Hastings qui devient sa base et il attend. Deux semaines plus tard, Harold a vaincu les Norvégiens mais son armée est affaiblie. Après quelques jours de marche, ses troupes, qui comptent environ 8000 hommes, établissent leur bivouac sur la colline de Caldbec, à 15 km de Hastings. Le 14 octobre est le jour de l’affrontement. C’est là que le destin de l'Angleterre se joue.

Les troupes anglaises dirigées par Harold forment une longue ligne, bordée à ses extrémités par des zones boisées. C’est un mur infranchissable que Guillaume va devoir enfoncer s'il veut poursuivre sa conquête de l'Angleterre. Le duc de Normandie ordonne à ses hommes de former trois blocs en contrebas de la colline. Tout le monde est en ordre de bataille à 9 heures du matin. Le combat commence. Les Normands lancent d'abord une pluie de flèches et de projectiles sur leurs ennemis mais ceux-ci sont bien protégés par leur bouclier. Une fois leurs flèches lancées, les Normands monte l’assaut. La bataille fait rage.

Il faut imaginer le vacarme des cris et le fracas métallique des armes. Guillaume refuse de rester à l'arrière. Comme tous les plus grands chefs de guerre, il s'est jeté dans la mêlée alors que Harold dirige ses troupes depuis l’arrière. On raconte que Guillaume a dû changer sept fois de cheval dans la journée, tant ses montures sont épuisées.

A un moment, une rumeur se met à circuler parmi les troupes françaises : Guillaume serait mort. Mouvement de panique chez les Normands : est-ce qu'il faut continuer à se battre ? Pour remobiliser ses hommes et prouver qu’il est vivant, Guillaume traverse le champ de bataille tête nue au risque d’être la cible de projectiles. Les heures passent et l’intensité des combats ne faiblit pas.

Dans l'après-midi, alors que l'issue de la bataille est encore impossible à prédire l'un des corps d'armée de Guillaume semble s'échapper. Un large groupe de soldats anglais se lance à sa poursuite. Ils tueront ces fuyards mais en réalité, c'est une ruse des Normands, un piège dans lequel les Anglais viennent de tomber. En poussant les troupes anglaises à se diviser, Guillaume espère enfoncer plus facilement leur ligne et sa tactique fonctionne.

Les archers de Guillaume s'approchent au plus près de la troupe qui protège Harold et le roi d'Angleterre est manifestement tué d'une flèche dans l'œil droit. Guillaume se fraye un chemin jusqu’à lui et frappe de son épée le corps encore chaud de son rival. Il l’aurait peut-être même coupé en morceaux.

Le soleil est couché depuis peu, la pénombre gagne le champ de bataille jonché de cadavre. Il y a 5000 ou 6000 morts et ceux qui sont encore debout sont hagards, grisés par l'extrême violence de la journée qui vient de s'écouler. Les Saxons considèrent que Dieu a choisi de leur imposer cette défaite.

Malgré sa victoire Guillaume, couvert de sueur et de sang n'a pas encore gagné sa couronne. Dans les jours qui suivent, il fait route jusqu'à Londres. La ville finit par se rendre sans avoir résisté bien longtemps et lui accorde la couronne. Il est sacré à Westminster le 25 décembre 1066. Le nouveau roi Guillaume tient ses promesses, il s'empresse de donner de nouveaux fiefs au Seigneur français qui l’ont suivi et il place des hommes à tous les postes stratégiques religieux et administratifs.

Évidemment tout ça ne se fait pas sans heurt et bien des aristocrates Saxons sont passés par le fil de l'épée. Pour le peuple anglais, Guillaume, qui a gagné son surnom de conquérant, est un homme cruel et les Français sont perçus comme de détestables envahisseurs. Alors le nord du pays se rebelle et organise la résistance.

Guillaume met tout en œuvre pour les écraser : il fait brûler les récoltes, violer les femmes, tuer les rebelles. Ceux qui refusent de se soumettre connaîtront la faim et la violence. C’est ainsi que le nouveau roi s'impose pleinement à la tête de son pays.

 

La tapisserie de Bayeux

Pour célébrer sa victoire, l'évêque de Bayeux, qui est aussi le demi-frère de Guillaume, commande une tapisserie qui raconte les exploits du conquérant. Ce document historique unique est une longue bande de lin de 70 mètres de long sur 80 cm de large, qui raconte toute l’expédition de Guillaume et la bataille de Hastings. Ce document qu'on appelle la Tapisserie de Bayeux, on peut toujours le voir au centre Guillaume le Conquérant en Normandie.

Contrairement à ce qu'on a longtemps pensé, il n'a pas été brodé par Mathilde, l'épouse de Guillaume. La duchesse de Normandie était bien trop occupée à la régence du duché de son époux. La tapisserie aurait en fait été brodée en Angleterre pour célébrer l’inauguration de la nouvelle cathédrale de Bayeux et servir la propagande du conquérant.

Guillaume régnera sur l'Angleterre pendant 21 ans. Roi outre-Manche et duc de Normandie, il tente d'administrer d’une main de fer ces deux territoires qui ne peuvent pas constituer un seul royaume. Il devra affronter de nombreux complots mais aussi la révolte de son fils aîné Robert, impatient de lui succéder. À la veille de sa mort, Guillaume fait néanmoins la paix avec ses fils. Il lègue son duché à Robert et la couronne d'Angleterre à son cadet, qui deviendra Guillaume II en 1087.

Aujourd’hui le roi Charles III considère Guillaume le Conquérant comme son lointain aïeul c'est de lui qu'il tient son titre de duc de Normandie dans les îles anglo-normandes.

 

Si vous savez maintenant pourquoi Charles III est aussi duc de Normandie dans les îles anglo-normandes, vous ignorez peut-être pourquoi il est aussi le gouverneur suprême de l'Eglise d’Angleterre. Rendez-vous sur votre plateforme d’écoute préférée pour remonter au 16e siècle, quand Henri VIII rompt avec Rome.

 

 

 

 

 

 

Bibliographie :

- Bernard Cottret, Les Tudors, Perrin. 

- Michel de Bouard, Guillaume le Conquérant, Fayard. 

 

 

 

 

 

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