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Société
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Le diamant bleu de Louis XIV (partie 2)

En 1792, les joyaux de la Couronne, dont la pierre favorite de Louis XIV, un diamant bleu d’une grande valeur sont dérobés…Mais l’enquête sur la disparition du diamant bleu révèle bien des mystères… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire", Jean des Cars raconte l’histoire rocambolesque de la pierre volée.Après son vol en 1792, le diamant bleu du roi n’a pas disparu…. Il a été retaillé, n’a cessé de voyager et de circuler entre les mains des plus grandes fortunes européennes. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire" , Jean des Cars raconte l’histoire de l’iconique diamant bleu de Louis XIV…Dans l’épisode précédent, je vous laissais entendre que le Diamant Bleu de Louis XIV n’avait peut-être pas été perdu pour tout le monde… L’enquête sur ce joyau pourrait figurer dans un roman policier, elle est digne de Sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes. Et comme toujours, c’est le hasard, ce dieu des chercheurs, qui va permettre de remonter l’écheveau des pérégrinations du Diamant Bleu. Le Muséum national d’Histoire Naturelle possède un étonnant moulage en plomb, décrit en détails dans le catalogue des entrées du Muséum en date de 1850. Cet objet a été donné par un certain M. Achard, commerçant de curiosités, installé alors à Paris, rue Coquillère, près de Saint-Eustache au moins entre 1802 et 1840. Mais peut-être ce moulage avait-il été donné bien avant et catalogué ensuite, on l’ignore... On sait seulement que Jean-Pierre Achard était déjà mort en 1850. Et ce n’est qu’en 2007 que l’on découvre deux informations capitales que M. Achard a livrées dans une note manuscrite à l’attention du Muséum en même temps que son étrange plomb : « Modèle en plomb d’un diamant remarquable par sa limpidité et appartenant à à M. Hoppe, de Londres. » La première information est que M. Achard a bien eu entre ses mains le diamant original, dont il a pu admirer la qualité avant d’en faire la copie en plomb. La deuxième est que le diamant appartenait à un certain M. Hoppe.La passion des joyaux de M. HopeLa famille Hope est très connue à Londres et depuis très longtemps car leur banque, Hope & Cie, finançait les grands de ce monde, y compris les Etats ! C’est la banque Hope qui permit par exemple l’achat par les Etats-Unis de la Louisiane à la France en 1804. Notez au passage que M. Achard a fait une erreur en mettant deux P à Hope. Car son "M. Hope de Londres" est certainement Henry Philip Hope, troisième fils du banquier John Hope, décédé quelque temps auparavant. Cet Henry Philip est donc immensément riche et il a une passion dévorante pour les perles et les pierres précieuses, notamment les diamants et les saphirs. Une autre donation de M. Achard au Muséum mentionne un modèle en strass d’un grand saphir d’environ 140 carats qu’ Achard explique avoir vendu à M. Hope, le même M. Hope. On retrouve ce grand saphir dans le catalogue des "Gemmes d’ Henry Philip Hope". Ce saphir est d’ailleurs le plus beau de l’immense collection Hope. Achard était donc un joaillier qui faisait le commerce de pierres de très grande valeur. Le conservateur des collections de minéralogie et de gemmologie du Muséum, René-Just Haüy, le considère même comme le plus grand expert en gemmes de la capitale. Le moulage de plomb, la description par Achard de la beauté et de la limpidité de l’original ne laisse plus de doutes : Henry Hope est le dernier propriétaire connu du Diamant Bleu de Louis XIV volé au Garde-Meubles en 1792. Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , Google podcasts, Deezer, Spotify , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1  Le voleur a aussi été identifié : il s’agit d’un certain Cadet Guillot Lordonner. Après avoir participé à la première nuit de pillage le 11 septembre 1792, on sait qu’il s’est enfui en direction de Nantes puis du Havre et enfin à Londres, vraisemblablement avec l’insigne de la Toison d’Or de Louis XV, dans laquelle le Diamant Bleu était inséré. Il réapparaît en 1796, toujours à Londres. Il est repéré par un jeune aristocrate français émigré, Lancry de La Loyelle. Ce dernier récupère un autre élément de la Toison d’Or, une spinelle de couleur rose. Cette pierre fine a la particularité d’avoir été taillée en forme de dragon. La spinelle est aujourd’hui exposée avec les Joyaux de la Couronne au Louvre. On peut supposer, voire affirmer, que Lordonner a dû vendre le Diamant Bleu auparavant, sans doute dès 1795, à Henry Philip Hope. Cela fait de cet homme le receleur d’un bien volé à la France…Comment le Diamant Bleu de Louis XIV, retaillé, devient le HopeMais les coups de théâtre ne sont pas terminés. En 1812, à Londres, un splendide diamant bleu de 45,5 carats apparaît tout à coup. Il est décrit par un lapidaire londonien d’origine huguenote. Il eu la permission de le révéler par Daniel Eliason, un grand négociant londonien. Etrangement, cette révélation est faite exactement vingt ans et deux jours après le sac du Garde-Meubles... Vingt ans, le temps de la prescription pour un vol. Le premier propriétaire véritablement reconnu de ce nouveau Diamant Bleu est encore Henry Philip Hope. Il lui donne son nom dès 1820.Autre curieuse coïncidence : M. Hope a possédé un grand diamant bleu volé de 69 carats avant 1810 et après 1820, un autre diamant bleu foncé, ovale, et bizarrement asymétrique de 45,5 carats. Soit vingt-trois carats et demi de moins que le diamant volé ! Les mauvais esprits pourraient penser que M. Hope a organisé une fausse acquisition de son deuxième diamant… qui n’est autre que le premier...mais retaillé ! A ce moment-là, personne ne semble s’en offusquer. C’est seulement en 1858 qu’un certain M. Bardot écrit, sans pouvoir le prouver, qu’il est possible que le Hope soit en réalité le Diamant Bleu de Louis XIV retaillé. Les tribulations du Hope Combien de temps le Hope est-il resté aux mains de la famille du banquier ? On ne le sait pas exactement. Il est possible que ce soit la famille Hope qui l’ait vendu en 1908 au sultan turc Abdul Hamid II. En tout cas, la seule certitude est que le sultan l’a fait acheter à Londres en 1908. Et cette acquisition n’a rien d’étonnant. Le Sultan de l’Empire Ottoman était un grand amateur de joyaux de toutes sortes. Il a passé sa vie à en acquérir. Il ne faut d’ailleurs pas les confondre avec ceux qui sont actuellement exposés au palais de Topkapi, à Istanbul, notamment de fabuleuses émeraudes. Ce sont, comme les joyaux de la Couronne de France, des biens inaliénables. Ces trésors n’appartiennent pas personnellement au souverain. C’est donc pour son propre compte qu’il en achète en grandes quantités... Au passage, les avis sont partagés sur la personnalité d’Abdul Hamid II. A-t-il été le grand modernisateur de l’Empire Ottoman ou le despote sanguinaire dénoncé à l’époque comme "le Sultan Rouge" ? Tout ce que l’on peut dire est qu’à son arrivée sur le trône à l’âge de 35 ans en 1876, il se retrouve à la tête d’un Empire immense qui s’étend de l’Adriatique au Golfe Persique et du Caucase à l’Afrique du Nord.Cet Empire est fragile, on dit que c’est "L’ Homme malade de l’Europe". Dès son avènement, il affronte une lourde défaite contre l’armée russe. Le traité de Berlin, en 1878, ampute son Empire de nombreux territoires qui vont constituer de nouveaux royaumes confiés à des princes appartenant à des dynasties européennes. Dès son arrivée au pouvoir, Abdul Hamid II s’installe dans une résidence d’été qu’il transforme en somptueux palais : Yïldiz se situe sur un vaste ensemble de collines verdoyantes dominant le Bosphore, à l’extérieur de la capitale, Constantinople. Il va y résider pendant la totalité de son règne, soit plus de trente ans. C’est une véritable ville dans la ville tant les constructions sont immenses. Abdul Hamid II y vit reclus, établissant un régime autocratique, modernisant la bureaucratie, la justice, l’armée et l’enseignement. Le Sultan voyage peu mais il s’intéresse à ce qu’il se passe en Occident, particulièrement aux Expositions Universelles. Il sera présent à Vienne pour celle de 1878 et s’extasiera devant l’impératrice Elisabeth, Sissi, s’exclamant à plusieurs reprises : "Mon Dieu qu’elle est belle !".Son palais dispose d’un harem. Abdul Hamid II a sept épouses ! Il n’est pas un sultan fastueux, il vit en monarque bourgeois, animé donc par une très vive passion des joyaux. Il en fait acheter par ses ambassadeurs et c’est sans doute ainsi que le Hope est entré dans ses collections, peut-être en 1908, peut-être avant. Mais en 1909, le sultan revient au despotisme. Le mouvement des « Jeunes Turcs », libéral nationaliste, envoie alors une armée qui dépose Abdul Halmid II le 26 avril et le remplace par son demi-frère, le médiocre Mehmed V.Abdul Hamid II et sa famille sont exilés à Salonique et les Jeunes Turcs s’emparent du palais de Yïldiz. Il n’y a aucun pillage, contrairement à ce qui a été raconté. Tout est inventorié et classé par une commission. Quant aux bijoux retrouvés à Yïldiz, ils feront l’objet d’une vente aux enchères dont le produit reviendra à la Marine Ottomane. Il s’agit de colliers, de boucles d’oreille, de broches, de bracelets, de diadèmes sertis de diamants ou d’émeraudes. Et bien sûr, au milieu de ce trésor, se trouve le Hope. Un catalogue est publié à cette occasion, il est intitulé "Les bijoux de Sa Majesté le Sultan Abdul Hamid II". La vente aux enchères a lieu les 25 et 26 novembre 1911 à Paris. Elle bat tous les records et dépasse largement la vente des bijoux de la Couronne de France organisée en 1887. C’est lors de cette vente que le joaillier Cartier achète le Hope. Il va le faire monter en collier. Le Diamant Bleu est entouré de diamants blancs, le tout monté sur une chaîne de diamants navette, blancs eux aussi.Peu de temps après, le magnat américain de la presse Edward B. MacLean, fils du propriétaire du Washington Post, et sa femme Evelyn, achètent le bijou. Evelyn le gardera jusqu’à sa mort en 1947. On dispose d’ailleurs de photos d’elle portant ce joyau. A sa succession, le Hope est acheté en 1949 pour 179.920 dollars par le célèbre joaillier Harry Winston. Celui-ci va le conserver pendant près de dix ans avant de l’offrir à son tour au Smithsonian, une institution très réputée de Washington qui rassemble plusieurs musées, qui en est aujourd’hui toujours la propriétaire. Le 10 novembre 1958, le Smithsonian reçoit ainsi par la Poste un petit colis timbré à 2,44 dollars, assuré pour la modique somme de 151 dollars… C’est le Hope !! Il est aujourd’hui exposé dans une vitrine spéciale à l’épreuve des balles. C’est un bijou iconique, à tel point que le cinéaste James Cameron en a utilisé une copie pour son célèbre film «Titanic ».Le Muséum national prouve que le Hope est bien le Diamant Bleu retaillé de Louis XIVMais revenons à Paris, au Muséum national d’Histoire Naturelle et à la découverte, faite en 2007, du fameux plomb, exact moulage du Diamant Bleu, et aux explications de Jean-Pierre Achard à ce sujet.Le professeur François Farges décide à ce moment-là de réunir les deux objets mythiques, le moulage du Muséum et le diamant Hope. Pour l’occasion, la Smithsonian Institution a permis de dessertir le Hope. Les deux objets, moulage et diamant, ont été scannés en 3D et comparés sur ordinateur. Le diamant bleu anglais, le Hope, s’insère parfaitement dans le Diamant Bleu français. Il ne fait donc plus aucun doute que le Hope est la version réduite du Diamant Bleu de Louis XIV... Il est d’ailleurs possible que ce soit le même atelier londonien qui ait effectué le moulage en plomb avant de réaliser la retaille ! La question se pose toutefois des motivations d’Achard lorsqu’il a donné le moulage au Muséum... Avec cette deuxième interrogation essentielle : M. Hope était-il au courant de la confection de ce moulage ? Il serait incompréhensible qu’il l’ait autorisée puisque c’est la seule preuve tangible de son double délit : le recel et la retaille. Est-ce alors Achard qui s’est occupé de l’opération du moulage comme pour garder une trace définitive du Diamant Bleu de Louis XIV avant de se livrer au sacrilège de la retaille ? Ce plomb garde en tout cas bien des mystères. La seule certitude est que si vous voulez voir le plomb, vous le trouverez au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris et si vous voulez voir l’avatar du Diamant Bleu de Louis XIV, il vous faudra rejoindre ses millions d’admirateurs, qui se rendent à la Smithsonian Institution de Washington, dans l’un de ses dix-neuf musées gérés par le gouvernement fédéral des Etats-Unis.Ressources bibliographiques :Professeur François Farges (direction scientifique), Pierres précieuses, catalogue de l’exposition au Muséum national d’Histoire naturelle (Van Cleef & Arpels - Flammarion, 2020)Robert Maillard (direction), Le Diamant, mythe, magie et réalité (Flammarion, 1979)François Georgeon, Abdul Hamid II, le Sultan Calife (Fayard, 2003) "Au cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio Auteur et présentation : Jean des Cars Production : Timothée Magot Réalisation : Jean-François Bussière  Diffusion et édition : Clémence Olivier et Salomé Journo Graphisme : Karelle VillaisCet épisode a été réalisé en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle à l’occasion de l'exposition "Pierres Précieuses" que vous pourrez découvrir à Paris dès que les musées rouvriront leurs portes.

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Isabelle d’Angoulême, reine-comtesse par-delà les mers

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Isabelle d’Angoulême est une figure marquante du Moyen-Âge. Une comtesse ambitieuse et influente qui a accédé au trône d’Angleterre grâce à son mariage avec Jean sans Terre. Mais à la mort de ce dernier, elle ne s’est pas résignée à abandonner le pouvoir. De retour sur ses terres natales, elle a géré le comté d’Angoulême avec une poigne de fer se faisant appeler « reine-comtesse ». Mère du roi Henri III d’Angleterre, elle a aussi su jouer un rôle clé dans les conflits entre l’Angleterre et la France.<br />

30 janvier 2025 - 15 min

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Face à la gent féminine, Henri IV, a, semble-t-il, toujours fait preuve d’une certaine faiblesse. Marié à Marguerite de Valois, puis à Marie de Médicis pour des raisons politiques, celui que l’on surnomme le Vert-Galant a vécu des passions ardentes avec de nombreuses maîtresses, Gabrielle d’Estrées et Henriette d’Entragues en premier lieu.<br /> <br /> Ces femmes ont été plus que des amantes. Elles étaient des « presque reines », et bien souvent les mères de bâtards royaux.<br /> <br /> Pour évoquer ces femmes souvent détestées à leur époque, Virginie Girod reçoit l'historienne Flavie Leroux. Spécialiste d’histoire de la cour et des femmes en France à l’époque moderne, en particulier des maîtresses royales, elle est l’auteure de plusieurs livres à ce sujet, dont "L’autre famille royale", disponible aux éditions Passés Composés.

29 janvier 2025 - 20 min

[2/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne

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27 janvier 2025 - 13 min

[1/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne

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Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), héritière florentine devenue la seconde épouse du roi Henri IV. <br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Marie de Médicis , fille du grand duc de Toscane, naît en 1575, à Florence. Héritière la plus riche d'Europe, la jeune femme est très convoitée et épouse le roi de France, Henri IV, en 1600, à l'âge de 25 ans. Neuf mois après les noces, elle donne naissance à l'héritier du trône, le futur Louis XIII.

27 janvier 2025 - 14 min

TEASER - Qui est le Vert-Galant ?

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Quel roi de France surnomme-t-on le Vert Galant ? Henri IV, bien sûr ! Tout au long de sa vie, celui qui hérite de la couronne en 1589 multiplie les liaisons amoureuses… et charnelles ! Plusieurs dizaines de maîtresses auraient reçu ses faveurs parmi lesquelles Gabrielle d’Estrées ou Henriette d’Entragues. <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez un entretien inédit dans lequel Virginie Girod recevra l’historienne Flavie Leroux afin de s'intéresser aux amours du bon roi Henri et à l’influence réelle ou fantasmée de ses favorites.

26 janvier 2025 - 01 min

ENTRETIEN - La vie dans une maison close au XIXe siècle.

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En 1946, la loi Marthe Richard abolit le système de prostitution réglementé et entraine la fermeture des maisons closes en France. Depuis un siècle, la fréquentation de ces maisons de tolérance était une pratique masculine courante. Mais quelle était la réalité du quotidien de celles que l’on appelle les filles de joie dans les bordels ? Ces femmes, immortalisées par des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Edgar Degas avait-elle la possibilité de sortir de la prostitution ?<br /> <br /> Pour en parler Virginie Girod reçoit l’historienne Catherine Menciassi-Authier. Spécialiste de l’histoire des femmes au XIXe siècle, elle est notamment l’auteure de l’ouvrage "Femmes d'exception, femmes d'influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle", paru aux éditions Armand Colin.

25 janvier 2025 - 22 min

[1/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

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Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), jeune cousette devenue courtisane influente du Tout-Paris.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double-récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Émilie-Louise Delabigne naît en 1848 dans la quartier Poissonnière, à Paris. Issue d'une fratrie de 7, elle mène une enfance misérable et travaille très tôt comme cousette. Dans le Paris du XIXe siècle, hormis les bourgeoises et les aristocrates, toutes les femmes travaillent, exerçant des métiers difficiles et mal payés dans les ateliers, les usines ou les marchés. Certaines n'ont alors d'autres choix que de s'adonner à la prostitution. Bientôt, celle qui se fait désormais appeler Valtesse de la Bigne fait ses débuts dans le demi-monde.

23 janvier 2025 - 14 min

2/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

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Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), demi-mondaine ayant inspiré le personnage de Nana, dans le roman éponyme d'Émile Zola.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double-récit d'Au cœur de l'Histoire, Valtesse de la Bigne commence une carrière sur les planches des théâtres parisiens et se fait une place dans le milieu des courtisanes, prostituées de haut vol. Fréquentant les jeunes auteurs à la mode et les cafés parisiens où se retrouve la bonne société, elle perfectionne ses connaissances et apprend l’art de converser. A la fin des années 1870, Valtesse de la Bigne est devenue l’une de ces grandes horizontales les plus recherchée par l’élite parisienne.

23 janvier 2025 - 14 min

ENTRETIEN - Quand le spiritisme passionne l'Europe.

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Esprit, es-tu là ? Dans la seconde partie du XIXe siècle, un phénomène venu des Etats-Unis déferle sur l’Europe. Au spiritualisme incarnée par les mystérieuses sœurs Fox - entrées en communication avec un fantôme - succède le spiritisme, une philosophie inventée par Allan Kardec, figure française de la communication avec l’au-delà. Des médiums et des photographes spirites se font alors un nom, quand les salons accueillent séances de tables tournantes et de lévitation.<br /> <br /> Mais comment expliquer l’ampleur de ce phénomène ? Le spiritisme est-il synonyme de science, comme le pensait l’astronome Camille Flammarion, ou de charlatanisme ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit Philippe Baudouin. Maître de conférences en histoire des médias à l’Université Paris-Saclay, il a consacré de nombreux ouvrages à l’histoire de l’occultisme, dont "Apparitions" aux éditions Hoëbeke.

22 janvier 2025 - 20 min

Victor Hugo et le spiritisme, quand le poète fait tourner les tables

Victor Hugo et le spiritisme, quand le poète fait tourner les tables

Virginie Girod raconte les séances de spiritisme organisées à Marine Terrace, sur l'île de Jersey, lieu d'exil de Victor Hugo, dans les années 1850.<br /> <br /> Le 4 septembre 1843, Léopoldine, la fille de Victor Hugo, se noie dans les eaux de la Seine, à Villequier, en Normandie. Dévasté, le poète lui dédiera l'un de ses plus beaux poèmes, "Demain, dès l'aube". Dans les années 1850, en exil dans les îles Anglo-Normandes, Hugo et sa famille trompent l'ennui et s'essaient au spiritisme, philosophie en vogue. Alors qu'ils font tourner les tables, ils tentent d'entrer en communication avec des êtres chers disparus.

21 janvier 2025 - 14 min

À propos

En 1792, les joyaux de la Couronne, dont la pierre favorite de Louis XIV, un diamant bleu d’une grande valeur sont dérobés…Mais l’enquête sur la disparition du diamant bleu révèle bien des mystères… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire", Jean des Cars raconte l’histoire rocambolesque de la pierre volée.


Après son vol en 1792, le diamant bleu du roi n’a pas disparu…. Il a été retaillé, n’a cessé de voyager et de circuler entre les mains des plus grandes fortunes européennes. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire" , Jean des Cars raconte l’histoire de l’iconique diamant bleu de Louis XIV…

Dans l’épisode précédent, je vous laissais entendre que le Diamant Bleu de Louis XIV n’avait peut-être pas été perdu pour tout le monde… L’enquête sur ce joyau pourrait figurer dans un roman policier, elle est digne de Sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes. Et comme toujours, c’est le hasard, ce dieu des chercheurs, qui va permettre de remonter l’écheveau des pérégrinations du Diamant Bleu. 

Le Muséum national d’Histoire Naturelle possède un étonnant moulage en plomb, décrit en détails dans le catalogue des entrées du Muséum en date de 1850. Cet objet a été donné par un certain M. Achard, commerçant de curiosités, installé alors à Paris, rue Coquillère, près de Saint-Eustache au moins entre 1802 et 1840. Mais peut-être ce moulage avait-il été donné bien avant et catalogué ensuite, on l’ignore... On sait seulement que Jean-Pierre Achard était déjà mort en 1850. Et ce n’est qu’en 2007 que l’on découvre deux informations capitales que M. Achard a livrées dans une note manuscrite à l’attention du Muséum en même temps que son étrange plomb : « Modèle en plomb d’un diamant remarquable par sa limpidité et appartenant à à M. Hoppe, de Londres. » La première information est que M. Achard a bien eu entre ses mains le diamant original, dont il a pu admirer la qualité avant d’en faire la copie en plomb. La deuxième est que le diamant appartenait à un certain M. Hoppe.

La passion des joyaux de M. Hope

La famille Hope est très connue à Londres et depuis très longtemps car leur banque, Hope & Cie, finançait les grands de ce monde, y compris les Etats ! C’est la banque Hope qui permit par exemple l’achat par les Etats-Unis de la Louisiane à la France en 1804. Notez au passage que M. Achard a fait une erreur en mettant deux P à Hope. Car son "M. Hope de Londres" est certainement Henry Philip Hope, troisième fils du banquier John Hope, décédé quelque temps auparavant. Cet Henry Philip est donc immensément riche et il a une passion dévorante pour les perles et les pierres précieuses, notamment les diamants et les saphirs. Une autre donation de M. Achard au Muséum mentionne un modèle en strass d’un grand saphir d’environ 140 carats qu’ Achard explique avoir vendu à M. Hope, le même M. Hope. On retrouve ce grand saphir dans le catalogue des "Gemmes d’ Henry Philip Hope". Ce saphir est d’ailleurs le plus beau de l’immense collection Hope. 

Achard était donc un joaillier qui faisait le commerce de pierres de très grande valeur. Le conservateur des collections de minéralogie et de gemmologie du Muséum, René-Just Haüy, le considère même comme le plus grand expert en gemmes de la capitale. Le moulage de plomb, la description par Achard de la beauté et de la limpidité de l’original ne laisse plus de doutes : Henry Hope est le dernier propriétaire connu du Diamant Bleu de Louis XIV volé au Garde-Meubles en 1792.

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Le voleur a aussi été identifié : il s’agit d’un certain Cadet Guillot Lordonner. Après avoir participé à la première nuit de pillage le 11 septembre 1792, on sait qu’il s’est enfui en direction de Nantes puis du Havre et enfin à Londres, vraisemblablement avec l’insigne de la Toison d’Or de Louis XV, dans laquelle le Diamant Bleu était inséré. Il réapparaît en 1796, toujours à Londres. Il est repéré par un jeune aristocrate français émigré, Lancry de La Loyelle. Ce dernier récupère un autre élément de la Toison d’Or, une spinelle de couleur rose. Cette pierre fine a la particularité d’avoir été taillée en forme de dragon. La spinelle est aujourd’hui exposée avec les Joyaux de la Couronne au Louvre. On peut supposer, voire affirmer, que Lordonner a dû vendre le Diamant Bleu auparavant, sans doute dès 1795, à Henry Philip Hope. Cela fait de cet homme le receleur d’un bien volé à la France…

Comment le Diamant Bleu de Louis XIV, retaillé, devient le Hope

Mais les coups de théâtre ne sont pas terminés. En 1812, à Londres, un splendide diamant bleu de 45,5 carats apparaît tout à coup. Il est décrit par un lapidaire londonien d’origine huguenote. Il eu la permission de le révéler par Daniel Eliason, un grand négociant londonien. Etrangement, cette révélation est faite exactement vingt ans et deux jours après le sac du Garde-Meubles... Vingt ans, le temps de la prescription pour un vol. Le premier propriétaire véritablement reconnu de ce nouveau Diamant Bleu est encore Henry Philip Hope. Il lui donne son nom dès 1820.

Autre curieuse coïncidence : M. Hope a possédé un grand diamant bleu volé de 69 carats avant 1810 et après 1820, un autre diamant bleu foncé, ovale, et bizarrement asymétrique de 45,5 carats. Soit vingt-trois carats et demi de moins que le diamant volé ! Les mauvais esprits pourraient penser que M. Hope a organisé une fausse acquisition de son deuxième diamant… qui n’est autre que le premier...mais retaillé ! A ce moment-là, personne ne semble s’en offusquer. C’est seulement en 1858 qu’un certain M. Bardot écrit, sans pouvoir le prouver, qu’il est possible que le Hope soit en réalité le Diamant Bleu de Louis XIV retaillé. 

Les tribulations du Hope 

Combien de temps le Hope est-il resté aux mains de la famille du banquier ? On ne le sait pas exactement. Il est possible que ce soit la famille Hope qui l’ait vendu en 1908 au sultan turc Abdul Hamid II. En tout cas, la seule certitude est que le sultan l’a fait acheter à Londres en 1908. Et cette acquisition n’a rien d’étonnant. Le Sultan de l’Empire Ottoman était un grand amateur de joyaux de toutes sortes. Il a passé sa vie à en acquérir. Il ne faut d’ailleurs pas les confondre avec ceux qui sont actuellement exposés au palais de Topkapi, à Istanbul, notamment de fabuleuses émeraudes. Ce sont, comme les joyaux de la Couronne de France, des biens inaliénables. Ces trésors n’appartiennent pas personnellement au souverain. C’est donc pour son propre compte qu’il en achète en grandes quantités... Au passage, les avis sont partagés sur la personnalité d’Abdul Hamid II. A-t-il été le grand modernisateur de l’Empire Ottoman ou le despote sanguinaire dénoncé à l’époque comme "le Sultan Rouge" ? Tout ce que l’on peut dire est qu’à son arrivée sur le trône à l’âge de 35 ans en 1876, il se retrouve à la tête d’un Empire immense qui s’étend de l’Adriatique au Golfe Persique et du Caucase à l’Afrique du Nord.

Cet Empire est fragile, on dit que c’est "L’ Homme malade de l’Europe". Dès son avènement, il affronte une lourde défaite contre l’armée russe. Le traité de Berlin, en 1878, ampute son Empire de nombreux territoires qui vont constituer de nouveaux royaumes confiés à des princes appartenant à des dynasties européennes. Dès son arrivée au pouvoir, Abdul Hamid II s’installe dans une résidence d’été qu’il transforme en somptueux palais : Yïldiz se situe sur un vaste ensemble de collines verdoyantes dominant le Bosphore, à l’extérieur de la capitale, Constantinople. Il va y résider pendant la totalité de son règne, soit plus de trente ans. C’est une véritable ville dans la ville tant les constructions sont immenses. Abdul Hamid II y vit reclus, établissant un régime autocratique, modernisant la bureaucratie, la justice, l’armée et l’enseignement. Le Sultan voyage peu mais il s’intéresse à ce qu’il se passe en Occident, particulièrement aux Expositions Universelles. Il sera présent à Vienne pour celle de 1878 et s’extasiera devant l’impératrice Elisabeth, Sissi, s’exclamant à plusieurs reprises : "Mon Dieu qu’elle est belle !".

Son palais dispose d’un harem. Abdul Hamid II a sept épouses ! Il n’est pas un sultan fastueux, il vit en monarque bourgeois, animé donc par une très vive passion des joyaux. Il en fait acheter par ses ambassadeurs et c’est sans doute ainsi que le Hope est entré dans ses collections, peut-être en 1908, peut-être avant. Mais en 1909, le sultan revient au despotisme. Le mouvement des « Jeunes Turcs », libéral nationaliste, envoie alors une armée qui dépose Abdul Halmid II le 26 avril et le remplace par son demi-frère, le médiocre Mehmed V.

Abdul Hamid II et sa famille sont exilés à Salonique et les Jeunes Turcs s’emparent du palais de Yïldiz. Il n’y a aucun pillage, contrairement à ce qui a été raconté. Tout est inventorié et classé par une commission. Quant aux bijoux retrouvés à Yïldiz, ils feront l’objet d’une vente aux enchères dont le produit reviendra à la Marine Ottomane. Il s’agit de colliers, de boucles d’oreille, de broches, de bracelets, de diadèmes sertis de diamants ou d’émeraudes. Et bien sûr, au milieu de ce trésor, se trouve le Hope. Un catalogue est publié à cette occasion, il est intitulé "Les bijoux de Sa Majesté le Sultan Abdul Hamid II". La vente aux enchères a lieu les 25 et 26 novembre 1911 à Paris. Elle bat tous les records et dépasse largement la vente des bijoux de la Couronne de France organisée en 1887. C’est lors de cette vente que le joaillier Cartier achète le Hope. Il va le faire monter en collier. Le Diamant Bleu est entouré de diamants blancs, le tout monté sur une chaîne de diamants navette, blancs eux aussi.

Peu de temps après, le magnat américain de la presse Edward B. MacLean, fils du propriétaire du Washington Post, et sa femme Evelyn, achètent le bijou. Evelyn le gardera jusqu’à sa mort en 1947. On dispose d’ailleurs de photos d’elle portant ce joyau. A sa succession, le Hope est acheté en 1949 pour 179.920 dollars par le célèbre joaillier Harry Winston. Celui-ci va le conserver pendant près de dix ans avant de l’offrir à son tour au Smithsonian, une institution très réputée de Washington qui rassemble plusieurs musées, qui en est aujourd’hui toujours la propriétaire. Le 10 novembre 1958, le Smithsonian reçoit ainsi par la Poste un petit colis timbré à 2,44 dollars, assuré pour la modique somme de 151 dollars… C’est le Hope !! Il est aujourd’hui exposé dans une vitrine spéciale à l’épreuve des balles. C’est un bijou iconique, à tel point que le cinéaste James Cameron en a utilisé une copie pour son célèbre film «Titanic ».

Le Muséum national prouve que le Hope est bien le Diamant Bleu retaillé de Louis XIV

Mais revenons à Paris, au Muséum national d’Histoire Naturelle et à la découverte, faite en 2007, du fameux plomb, exact moulage du Diamant Bleu, et aux explications de Jean-Pierre Achard à ce sujet.

Le professeur François Farges décide à ce moment-là de réunir les deux objets mythiques, le moulage du Muséum et le diamant Hope. Pour l’occasion, la Smithsonian Institution a permis de dessertir le Hope. Les deux objets, moulage et diamant, ont été scannés en 3D et comparés sur ordinateur. Le diamant bleu anglais, le Hope, s’insère parfaitement dans le Diamant Bleu français. Il ne fait donc plus aucun doute que le Hope est la version réduite du Diamant Bleu de Louis XIV... Il est d’ailleurs possible que ce soit le même atelier londonien qui ait effectué le moulage en plomb avant de réaliser la retaille ! 

La question se pose toutefois des motivations d’Achard lorsqu’il a donné le moulage au Muséum... Avec cette deuxième interrogation essentielle : M. Hope était-il au courant de la confection de ce moulage ? Il serait incompréhensible qu’il l’ait autorisée puisque c’est la seule preuve tangible de son double délit : le recel et la retaille. Est-ce alors Achard qui s’est occupé de l’opération du moulage comme pour garder une trace définitive du Diamant Bleu de Louis XIV avant de se livrer au sacrilège de la retaille ? Ce plomb garde en tout cas bien des mystères. La seule certitude est que si vous voulez voir le plomb, vous le trouverez au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris et si vous voulez voir l’avatar du Diamant Bleu de Louis XIV, il vous faudra rejoindre ses millions d’admirateurs, qui se rendent à la Smithsonian Institution de Washington, dans l’un de ses dix-neuf musées gérés par le gouvernement fédéral des Etats-Unis.

Ressources bibliographiques :

Professeur François Farges (direction scientifique), Pierres précieuses, catalogue de l’exposition au Muséum national d’Histoire naturelle (Van Cleef & Arpels - Flammarion, 2020)

Robert Maillard (direction), Le Diamant, mythe, magie et réalité (Flammarion, 1979)

François Georgeon, Abdul Hamid II, le Sultan Calife (Fayard, 2003)

"Au cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars
Production : Timothée Magot
Réalisation : Jean-François Bussière 
Diffusion et édition : Clémence Olivier et Salomé Journo 
Graphisme : Karelle Villais

Cet épisode a été réalisé en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle à l’occasion de l'exposition "Pierres Précieuses" que vous pourrez découvrir à Paris dès que les musées rouvriront leurs portes.

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