Quinze ans après l'épidémie de choléra qui frappa la France, un homme, le préfet Haussmann, a tout fait pour lutter contre l'insalubrité et la résurgence de nouvelles épidémies. Découvrez cette histoire dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire".
En écoutant le récit consacré à l'épidémie de choléra vous vous êtes peut être demandé ce qui avait été fait dans les années suivantes pour essayer d'éviter une nouvelle crise sanitaire. Dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire", le spécialiste histoire Jean des Cars vous raconte comment un homme, le préfet Haussmann, a voulu transformer Paris pour mettre fin à l'insalubrité.
Le 28 juin 1853, Georges-Eugène Haussmann est nommé Préfet de la Seine par Napoléon III. Il sait que de son séjour à Londres, Louis-Napoléon Bonaparte a gardé le goût d’une ville bien tenue et des espaces verts. Il sait aussi que Paris est une ville insalubre. Depuis 1848, la capitale est dans un état lamentable. Quinze ans plus tôt, le choléra y avait fait des ravages à cause de l’eau circulant à ciel ouvert. Ensuite, il avait frappé particulièrement la Provence.
Et de février à octobre 1848, la révolution a fait fuir les habitants. L’émeute y était permanente. Après les remous provoqués par le coup d’Etat et l’instauration du régime impérial, le Préfet, un homme énergique, sait que à Paris, son pire ennemi n’est pas un adversaire politique. C’est le choléra.
En effet, il est une menace quasi permanente. Il y a quatre ans, en 1849, il a encore fait quatorze mille morts. La cause principale est toujours la même : l’eau. Souvent non potable, croupissante, elle est évacuée par un réseau pas assez souterrain et surtout délabré. Il n’y a pas de service municipal des eaux, il faut, de toute évidence, en créer un. Des gens, égarés dans le sous-sol, disent qu’on se croirait dans la Rome de Néron ! Réclamant d’urgence de nouveaux égouts, Haussmann rédige un rapport de 67 pages. Il explique que l’abonnement au service des Eaux serait financé par un tarif en proportion des loyers. Il espère grâce à cela que les classes peu fortunées accèderont plus facilement à l’hygiène. Autrement dit, si l’eau est saine et bien distribuée, elle encouragera la population à en faire usage. Et cette bonne habitude sera l’un des moyens de lutter contre le choléra.
Des gigantesques travaux
Les gigantesque travaux d’Haussmann ont transformé Paris et en ont fait la "Ville Lumière" et une prestigieuse capitale. En rasant les taudis, en détruisant les quartiers privés d’hygiène en assainissant le réseau d’eaux, aussi bien potables qu’usées, le Préfet s’attaque à la cause du mal. Les canalisations, toutes souterraines, passent de 150 à 500 km. Un formidable dessin montre un gigantesque monstre, couvert de pustules et de têtes de mort. Il se plaint, lui aussi, d’être expulsé des marécages et cloaques où il prospérait. Sous le titre "Son Altesse le choléra fait aussi ses petites réclamations", le texte dit : "Les maisons où je me plaisais si bien, vous vous êtes plu à jeter tout par terre. Eh bien ! Et moi ! Où vais-je me loger maintenant ?".
Deux ans plus tard, lors de sa visite à l’Exposition Universelle de 1855, la reine Victoria dit à Haussmann : "Bravo M. le Préfet ! Votre ville sent bon !"
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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio
Auteur et présentation : Jean des Cars
Cheffe de projet : Adèle Ponticelli
Réalisation : Guillaume Vasseau
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Graphisme : Europe 1 Studio
Bibliographie : Arnaud Teyssier Louis-Phhilippe, le dernier roi des Français ( Perrin , 2010) et Jean Giono
Le hussard sur le toit ( Gallimard, 1951).