Il y a 164 ans, les Parisiens et les Parisiennes découvraient les premiers transports urbains en communs : les Omnibus. Mais comment fonctionnaient-ils ? Découvrez-le dans cet épisode bonus de "Au Cœur de l'Histoire".
En écoutant le récit consacré au premier train de voyageurs en France vous vous êtes peut être demandé à quoi ressemblait le premier bus de ville. Dans cet épisode bonus de "Au Cœur de l'Histoire", le spécialiste histoire Jean des Cars, vous fait monter à bord des premiers transports urbains en commun.
Si, en 1837, le premier train de voyageurs avait circulé en France et allait permettre les échanges entre Paris et la province, se déplacer facilement dans une ville restait une aventure impensable, voire impossible.
Vingt ans plus tard, à Paris, l’énergique Préfet Haussmann, chargé par Napoléon III d’en faire une capitale moderne, veut que les Parisiens puissent, eux aussi, aller facilement d’un quartier à un autre. Jusque-là une personne pouvait passer sa vie entière sans sortir de son quartier : y habiter, y travailler, y acheter tout ce dont elle a besoin… Haussmann veut décloisonner la vie parisienne comme le chemin de fer a décloisonné la France.
De longues voitures à étages tirées par des chevaux
Une révolution urbaine ! Le 22 février 1855, un décret impérial crée la Compagnie Générale des Omnibus, pour une durée de trente ans, par la fusion de plusieurs petites compagnies de fiacres. Ces Omnibus (au sens propre : qui s’arrêtent partout) sont de longues voitures à deux étages, équipées de sièges, tirées par des chevaux et qui suivent un itinéraire précis, selon un horaire qui se veut, lui aussi, le plus ponctuel possible.
Sont donc affectés à ce nouveau mode de transport 3.285 chevaux, équipés de 13.369 harnais, attelés à 569 voitures. Parmi les premiers trajets desservis, les futurs célèbres «Madeleine-Bastille" et "Panthéon-Courcelles". Notons, pour la petite histoire, que le principal agent fixe, responsable des départs et des arrivées, s’appelle, déjà, un "chef de station" !
La naissance de "l'Impériale"
Pour faire plaisir à l’impératrice Eugénie, le deuxième étage de ces voitures est surnommé "l’Impériale" et ce nom restera longtemps en usage, bien après la chute du Second Empire. Toutefois, cet étage est interdit aux dames car on risquait d’apercevoir leurs chevilles dans l’escalier ! Le respect de la pudeur fait partie du règlement de la vie à bord...
Les caricaturistes s'en donnent à cœur joie
En revanche, "l’Impériale" déchaîne les sarcasmes des caricaturistes. Daumier, qui, avec son crayon féroce, avait déjà ridiculisé bien des personnages politiques et des professionnels comme les magistrats et les médecins, s’en prend à ces voitures dépourvues de toits. Comme s’il ne pleuvait jamais à Paris ! En cas de pluie, le deuxième étage est inondé !
Dans un de ses dessins, Daumier croque des voyageurs trempés par un orage, qui s’écrient : "Quinze centimes pour un bain complet ! Parole ! C’est pas payé !"
D’un crayon plus féroce, Victor Hugo, depuis son exil de Guernesey, se représente lui-même par dérision, critiquant tout ce qui se passe à Paris , et imagine être, lui aussi inondé, avec cette légende sarcastique : "Monsieur va au soleil...".
Des bus qui desservent les gares
Malgré ces inconvénients, les premiers Omnibus permettront aussi aux Parisiens et aux visiteurs de découvrir une ville qui s’est agrandie et comporte désormais, depuis 1860, vingt arrondissements.
Et ces ancêtres de nos autobus sont aussi liés aux chemins de fer puisqu’ils desserviront les grandes gares parisiennes. Le mot omnibus s’appliquera lui-même aux trains s’arrêtant à toutes les gares.
"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio
Auteur et présentation : Jean des Cars
Cheffe de projet : Adèle Ponticelli
Réalisation : Guillaume Vasseau
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Graphisme : Europe 1 Studio
Direction Europe 1 Studio : Claire Hazan
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