En 1755, deux monuments ont échappé à une catastrophe : un tremblement de terre qui frappa avec violence la capitale portugaise. Découvrez cette histoire dans cet épisode bonus de "Au Cœur de l'Histoire".
En écoutant le récit consacré au tremblement de terre qui frappa Lisbonne en 1755, vous avez peut être eu envie de savoir si des trésors d'arts et d'histoires avaient été épargnés par la catastrophe. Dans cet épisode bonus de "Au Cœur de l'Histoire", le spécialiste histoire Jean des Cars vous raconte l'histoire de deux monuments qui ont échappé au désastre par miracle : la Tour de Belem et le monastère des Jéronimos.
Si Lisbonne fut détruit en 1755 par un violent tremblement de terre, deux monuments remarquables du quartier de Belem, deux symboles de l'histoire du Portugal, furent épargné, par miracle. Le Monastère des Jéronimos se trouve toujours sur l’emplacement d’un ermitage fondé par Henri le Navigateur. Ce prince avait exploré les côtes de l’Afrique occidentale et construit un observatoire cartographique et nautique au sud du pays.
En 1502, le roi Manuel 1er fait bâtir ici un imposant monastère, chef d’oeuvre de ce qu’on appellera le style manuélin. Son art glorifie les grandes découvertes. En effet, à son retour des Indes, les caravelles de Vasco de Gama accostent à cet endroit. L’afflux de richesses à Lisbonne permet d’édifier une construction imposante.
Savez-vous que le Français Boytac, chargé des travaux, y adopte le style gothique ? Plus tard, l’esthétique du cloître empruntera aux goûts de la Renaissance, avec une double galerie d’arcades. A la fin du 16ème siècle, les architectes y ajouteront une note de classicisme. Quand il est midi, le soleil entre dans les verrières de l’église. Ses hauts piliers, gainés de fines sculptures, s’enflamment comme des cierges de Pâques.
La Tour de Belem, l'emblème de Lisbonne
L’autre monument rescapé du séisme de 1755 est la Tour de Belem. En calcaire blanc, elle est l’emblème de Lisbonne. Jadis, en passant devant, les marins la saluaient car ils partaient pour un long périple : vers le Brésil, les Indes, la lointaine Chine, souvent vers l’inconnu. Ils allaient affronter de nombreux dangers.
Quand ils revenaient, la Tour leur annonçait la côte et la fin de leurs périls. La Tour fut bâtie entre 1515 et 1519, au milieu du Tage, le fleuve qui traverse Lisbonne. Elle défendait son embouchure et le monastère des Jéronimos. Lors du tremblement de terre, le cours du Tage fut déplacé. Aujourd’hui, la Tour de Belem est au bord d’une plage.
C’est un véritable bijou d’architecture de style romano-gothique, avec des loggias et des balcons qui rappellent Venise. Mais il y a aussi des dômes qui évoquent le Maroc où avait séjourné son architecte, Francisco de Arruda. La Tour est carrée, aménagée pour l’artillerie : des canons défendaient Lisbonne. Le monument est flanqué d’une plate-forme. Ses créneaux, décorés d’écussons, portent la croix de l’ordre du Christ. Elevée sur cinq étages, la Tour de Belem a aussi servi de prison. Dans son sol, on peut encore voir les ouvertures par lesquelles les prisonniers étaient jetés dans des fosses souvent inondées.