Sous l’ère Élisabéthaine, William Shakespeare va révolutionner le théâtre. S’il est aujourd'hui l’auteur le plus joué au monde, sa vie reste méconnue. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire", Jean des Cars raconte le parcours du célèbre dramaturge anglais. Son œuvre est si prolifique que l’on se demande parfois comment un seul homme a pu la concevoir en si peu de temps… L'extraordinaire érudition dont William Shakespeare fait preuve dans ses œuvres contraste avec le niveau d’enseignement de sa modeste ville natale de Stratford-sur-Avon. Des rumeurs et légendes sur l’identité du dramaturge ont jalonné les siècles… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire" , Jean des Cars tente d'élucider les mystères de la vie et de l'œuvre de Shakespeare. Fin septembre 1588, la certitude est acquise que l’Invincible Armada envoyée par le roi d’Espagne Philippe II pour venger l’exécution de Marie Stuart et anéantir l’Angleterre est irrémédiablement dispersée et ruinée, beaucoup par la tempête, un peu aussi par la Marine anglaise, magistralement commandée par l’amiral Howard. Elizabeth 1ère a vaincu la plus grande menace qui ait jamais pesé sur l’Angleterre. Elle devient une héroïne mythique, chantée par les poètes sous le nom de Gloriana, symbole de l’unité nationale et incarnation vivante de l’Etat. Après dix ans de tensions et de dangers, le sentiment d’être une île assiégée s’estompe. Les années suivantes seront celles d’un grand épanouissement culturel, particulièrement pour la poésie et le théâtre… Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , Google podcasts, Deezer, Spotify , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1 1588 est aussi l’année où Shakespeare quitte sa ville natale de Stratford-on-Avon pour s’installer à Londres. Il est poète, il veut écrire des pièces de théâtre mais il va commencer par être comédien. C’est en 1576 que la première salle de spectacles digne de ce nom est construite à Londres : le théâtre de James Burbage. Sa forme arrondie rappelle celle des arènes mais aussi celle des cours d’auberge où les comédiens avaient l’habitude de se produire. Des galeries circulaires permettent au public élégant de s’installer. Les autres sont au parterre, où l’on reste debout. C’est moins cher... La scène avance sur le parterre, les acteurs jouent vraiment au milieu des spectateurs. Mais cette scène est déjà aménagée pour permettre des effets variés : il y a des trappes d’où peuvent surgir des revenants et des démons et un balcon pour les musiciens. D’autres théâtres vont se construire : le Cygne, la Fortune puis plus tard le plus célèbre d’entre tous, le Globe. Il faut aussi préciser que les représentations ont lieu le jour car les théâtres sont relégués dans des quartiers excentriques. Ils doivent donc fermer leurs portes suffisamment tôt pour que les spectateurs soient rentrés chez eux avant la tombée de la nuit.Autre précision importante : les rôles féminins sont interprétés par de jeunes garçons au visage glabre ou rasé de près. Aucune femme ne doit apparaître sur la scène. C’est dans cet univers que débarque William Shakespeare. Il a 24 ans. Il a laissé femme et enfants dans sa ville natale. On dit qu’il a entamé sa carrière en gardant les chevaux aux portes du théâtre Burbage. Comme toujours dans la vie de Shakespeare, rien n’est très clair dans cette période. La seule chose dont on soit sûr est qu’il va très vite devenir acteur et auteur...Une origine bourgeoiseShakespeare est né le 23 avril 1564 à Stratford-on-Avon, dans le Warwickshire, à l’ouest de Londres. Sa mère descendait d’une vieille famille de propriétaires terriens. Son père, John Shakespeare, dont les parents étaient cultivateurs, était venu s’installer à Stratford et s’y établit comme gantier. Ce gros bourg était devenu un centre commercial et industriel d’envergure au cours du XVIe siècle. Le gantier, un homme ambitieux, s’occupait aussi du commerce de la laine, des peaux et des bestiaux. Il avait épousé Marie Arden non parce que ses parents étaient de riches propriétaires terriens mais parce qu’elle était apparentée aux Arden qui avaient été les seigneurs du comté du temps des Saxons, avant Guillaume le Conquérant. John Shakespeare avait aussi quelques charges officielles dans la cité. Huit enfants sont nés de cette union, William étant le troisième. Son acte de baptême est conservé dans les archives de la paroisse de Stratford. Il fait ses études à la Grammar School de la ville, d’excellente renommée. Elle existe toujours. On peut toujours visiter ses salles basses surmontées d’une charpente aux poutres apparentes. Les élèves y passent des heures entières à étudier la "grammaire latine autorisée" de William Lily, très réputée dans l’Angleterre de la Renaissance. Eté comme hiver, les cours commencent à sept heures pour s’arrêter dix heures plus tard avec une interruption de deux heures pour le déjeuner. William apprend aussi un peu de grec mais il est évident qu’aux études, il préfère le spectacle plein de vie et d’animations à Stratford… L'été, il court avec ses amis à travers les champs et les bois. L’hiver, il écoute les longs récits fantastiques que content les adultes au coin du feu. En toutes saisons, le bourg est traversé par des voyageurs se dirigeant vers Londres, parfois par des cortèges magnifiques de nobles mais surtout par des compagnies théâtrales. Les représentations se déroulent dans une grande salle du village sur autorisation officielle. Les compagnies théâtrales sont alors sous la protection de familles aristocratiques. Son père emmène William, âgé de 4 ans, voir une pièce donnée par une compagnie qui s’appelle "Les hommes du comte de Worcester". Peut-être est-ce ce jour-là qu’il a la révélation de la magie du théâtre. Même si on assure parfois qu’il a suivi des cours à Oxford pendant un ou deux trimestres, il est certain qu’il y a un grand contraste entre ses études, certes solides mais du niveau d’une modeste bourgade, et l’extraordinaire érudition dont William Shakespeare fera preuve dans la plupart de ses œuvres. C’est là que réside le mystère Shakespeare : a-t-il tout écrit lui-même ou a-t-il été inspiré par un érudit soucieux de tenir secrète sa propre identité ? En France, plus tard, on dira la même chose à propos de Molière… Quoi qu’il en soit, au départ, William ne songe pas à se consacrer au théâtre puisque en 1582, à l’âge de 18 ans, il épouse Anne Hathaway qui a huit ans de plus que lui. Elle appartient à une famille de paysans aisés qui habitent très près de Stratford. William vient lui rendre visite, dans un charmant cottage qui existe toujours et qui contraste avec la maison bourgeoise de la famille Shakespeare. C’est un mariage d’amour. Le jour des noces, Anne Hathaway est déjà enceinte d’environ trois mois. Une fille nommée Suzanne naîtra au printemps suivant.William quitte sa famille pour se rendre à LondresLe bonheur conjugal du jeune couple ne va pas durer longtemps. Deux ans après la petite Suzanne, Anne donne naissance à des jumeaux, un garçon et une fille prénommés Hamnet (avec un n, et non Hamlet !) et Judith. Mais quelques mois plus tard, alors que les enfants sont tout petits, William quitte subitement Stratford pour devenir acteur à Londres. Son départ va scandaliser la petite ville. Certes, ses habitants aiment le théâtre mais ils considèrent les acteurs comme des saltimbanques et puis pour ces puritains, il est synonyme de vice et de perdition. L’épouse de William était-elle puritaine ? On n’en sait rien. En tous cas, elle a refusé de suivre son mari à Londres avec leurs enfants. Shakespeare va donc vivre seul dans une chambre modeste afin de pouvoir enfin se livrer à sa passion. Il ne s’agit pas d’une rupture complète mais il est vrai qu’ils se reverront peu. On ne sait pas dans quelle compagnie il a fait son apprentissage d’acteur. Ce que l’on sait est que bientôt il va se lier d’amitié avec James Burbage et ses deux fils et va travailler dans leur théâtre. Dans le monde fascinant du théâtreA la fois auteur et acteur, Shakespeare constitue un cas exceptionnel. Les auteurs dramatiques sont souvent des poètes maudits qui vendent pour une bouchée de pain leurs œuvres à des compagnies qui s’en assurent l’exclusivité. Il n’y a pas de droits d’auteur. Si la pièce est un succès, c’est la compagnie qui va en profiter et recevoir des bénéfices. En 1592, Shakespeare commence à être un acteur connu mais peut être aussi déjà un auteur à succès. En effet, cette année-là, un vieux dramaturge nommé Robert Greene, sur le point de mourir, se lance dans de violentes diatribes contre les acteurs qu’il traite de "singes, de gredins et de monstres maquillés". Puis il s’attaque directement à William Shakespeare :"Ce nouveau venu, ce corbeau prétentieux qui se pare de nos plumes, cachant son cœur de tigre sous la peau d’un acteur, qui s’imagine pouvoir faire ronfler le vers blanc aussi habilement que le meilleur d’entre nous… Ce vulgaire Jean-sait-tout, qui croit être le seul en ce pays capable d’ébranler la scène !"C’est très méchant. Mais cela prouve que Shakespeare est déjà connu et a réussi à faire parler de lui et, en effet, à fortement ébranler la scène !La première date marquante de sa vie d’auteur dramatique est l’année 1591. Il écrit "Henry VI", une pièce fleuve qui se situe alors que la Guerre de Cent Ans fait rage, au moment où se déclenche en Angleterre la Guerre des Deux Roses. Il consacrera un nombre considérable de pièces à cette période troublée. Il y aura ensuite "Richard II", "Henry IV", "Henry V", "Henry VI" remaniée et ensuite le fameux drame "Richard III". Toutes ces pièces racontent la naissance de l’Angleterre, désormais apaisée grâce à Elizabeth 1ère, Gloriana. Il y a des héros glorieux, des traîtres, des lâches, des perfides, de maîtresses femmes mais aussi des femmes sacrifiées. Mais pour l’instant, il n’a écrit que "Henry VI", et sa carrière va connaître une pause car en 1592, tous les théâtres londoniens ferment à cause d’une épidémie de peste. La fermeture des salles durera deux ans au cours desquels les compagnies parcourent la province. Shakespeare devient un poète célèbreShakespeare l’a-t-il fait ? On ne le sait pas mais c’est à cette époque qu’il publie deux chefs d’oeuvre de poésies lyriques "Venus et Adonis" et "Le viol de Lucrèce", imprimées par Richard Field et publiées respectivement entre les années 1593 et 1594. Leur succès est si grand auprès du public lettré que les éditions se succèdent à un rythme inhabituel pour ce genre de publications poétiques. Selon l’usage de l’époque, Shakespeare a dédié ses œuvres à un protecteur appartenant à la noblesse, Henry Wriothesley, troisième comte de Southampton, l’un des gentilshommes les plus en vue à la Cour et filleul de la reine Elizabeth 1ère. Très intelligent, diplômé de Cambridge, très riche et mécène généreux, il s’est lié à cette époque avec Shakespeare d’une grande amitié. Encouragé par ce succès, l’imprimeur Richard Field incite Shakespeare à se consacrer à une carrière purement littéraire. Mais ce dernier aime trop le théâtre et dès la réouverture des scènes londoniennes, on trouve son nom dans la distribution d’une pièce montée par la très célèbre Compagnie du Chambellan, sous la haute protection de Lord Hunsdon, chambellan de la Cour. Dès lors, le théâtre sera toute la vie de Shakespeare.Shakespeare triomphe au théâtreShakespeare va continuer sa série de pièces historiques, les complétant, les modifiant mais à un certain moment, il va situer nombre de ses drames ou de ses comédies en Italie. Y est-il allé ? Sans doute pas. Néanmoins, il s’est parfaitement documenté, probablement grâce à un certain Giovanni Florio. Cet Italien, résidant à Londres, avait écrit des manuels de conversation italienne, un dictionnaire italien-anglais et traduit les œuvres de Montaigne en anglais. Shakespeare le rencontre chez Lord Southampton et l’inspiration italienne va donner quelques uns de ses chefs d’oeuvre : "La mégère apprivoisée", "Le marchand de Venise" et bien sûr "Roméo et Juliette". Le fait d’appartenir à la Compagnie du Lord Chamberlain sert beaucoup notre auteur qui ne cesse d’écrire des drames et de les jouer. Il continue aussi son écriture poétique. La reine Elizabeth 1ère apprécie beaucoup les œuvres de Shakespeare, particulièrement "Peines d’amour perdues", une comédie d’une élégance raffinée avec des dialogues subtils et brillants qui retracent les vicissitudes de l’amour que porte le roi de Navarre à la fille du roi de France. En 1596, Shakespeare va connaître un grand chagrin, la mort de son unique fils Hamnet, décédé en août pendant que son père était en tournée en province. Son émotion n’est pas feinte, quand, dans ses tragédies, il déplore la mort d’un être jeune. Il l’a vécue et il en a souffert. En 1599, sa troupe dispose d’un nouveau théâtre prestigieux : le Globe. Muni des équipements et des aménagements les plus modernes pour l’époque, il est considéré comme la meilleure et la plus belle salle de spectacles de Londres. Actionnaire du théâtre, l’auteur va alors gagner beaucoup d'argent. Il commence à acheter des terres autour de Stratford, puis la magnifique maison de New Place, édifiée à la fin du XIVe siècle, une des plus belles et des plus grandes des environs. Le 6 janvier 1601, Elizabeth 1ère demande à Shakespeare et à sa troupe de jouer pour la Fête des Rois. Cet hiver-là, les spectacles et divertissements à la Cour ont été particulièrement brillants. Le duc de Bracciano, qui visite alors l’Angleterre, décrit à sa femme la somptuosité de cette célébration : "La Cour toute entière était vêtue de blanc, avec tant d’or et de joyaux que c’était merveille à voir. La Reine portait tant de bijoux qu’on se demandait comment elle pouvait les supporter. Je ne crois pas qu’on puisse voir ailleurs dans le monde une Cour aussi bien ordonnée et aussi riche."A cette occasion, Shakespeare va donner la première représentation de "La nuit des Rois", composée spécialement pour cette fête. Elizabeth 1ère s’enthousiasme pour cette comédie d’humour et de fantaisie sur fond de naufrages, de jumeaux perdus, de travestis, de quiproquos et d’amours ambigües. C’est donc un triomphe pour l’auteur, mais parfois les triomphes peuvent précéder les désastres… Shakespeare compromis dans la trahison d’EssexLe jeune et beau comte d’Essex est le favori de la Reine. Il a 34 ans de moins qu’elle et est très maladroit. La souveraine l’a envoyé en Irlande pour mater une révolte. Non seulement, il n’y est pas arrivé mais, insulte suprême à Elizabeth 1ère, il s’y est marié secrètement. Furieuse, elle le dépouille de toutes ses dignités et le bannit de la Cour. Essex décide alors de se venger. Son but est d’organiser une manifestation populaire dans Londres, de marcher sur le palais royal et de destituer la Reine, alors âgée de 68 ans. La veille, le 7 février 1601, les conjurés se présentent au théâtre du Globe et demandent à la troupe de Shakespeare de reprendre une de ses premières tragédies historiques "Richard II". Le point culminant de cette pièce est la scène où le roi Richard II est contraint d’abdiquer. Les conjurés voulaient obliger Elizabeth 1ère à suivre son exemple et à renoncer à la Couronne. Flairant le danger, Shakespeare et les acteurs ne veulent rien entendre, assurent que la pièce est démodée et n’attirerait personne. Les amis d’Essex expliquent qu’ils dédommageront la troupe. “Richard II” est donc joué et va enflammer une bonne partie du public au moment où le Roi est déposé. Malheureusement pour Essex, le peuple de Londres est beaucoup moins enthousiaste pour le suivre le lendemain et marcher sur le Palais Royal… Essex et ses complices sont arrêtés. Elizabeth 1ère signe la condamnation à mort de son ancien favori. Il est décapité le jour suivant. Le Théâtre du Globe est compromis. Accusés de complicité, Shakespeare et ses comédiens ont raconté leur répugnance à jouer la pièce et la corruption dont ils avaient été victimes. Ils seront acquittés. Elizabeth 1ère se montre magnanime. Elle aime trop le théâtre de Shakespeare pour pouvoir s’en passer. Elle meurt deux ans plus tard, en 1603. Le nouveau roi Jacques 1er Stuart aura-t-il le même goût pour le théâtre que la défunte reine ? Ressources bibliographiques :Michel Duchein, Elizabeth 1ère d’ Angleterre (Fayard, 1992)Shakespeare, collection Les Géants (Numéro culturel hors-série de Paris-Match, 1969) Jean des Cars, La saga des reines (Perrin, 2012) "Au cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio Auteur et présentation : Jean des Cars Production : Timothée Magot Réalisation : Jean-François Bussière Diffusion et édition : Clémence Olivier et Salomé Journo Graphisme : Karelle Villais
En savoir plusIsabelle d’Angoulême, reine-comtesse par-delà les mers
Isabelle d’Angoulême est une figure marquante du Moyen-Âge. Une comtesse ambitieuse et influente qui a accédé au trône d’Angleterre grâce à son mariage avec Jean sans Terre. Mais à la mort de ce dernier, elle ne s’est pas résignée à abandonner le pouvoir. De retour sur ses terres natales, elle a géré le comté d’Angoulême avec une poigne de fer se faisant appeler « reine-comtesse ». Mère du roi Henri III d’Angleterre, elle a aussi su jouer un rôle clé dans les conflits entre l’Angleterre et la France.<br />
30 janvier 2025 - 15 min
ENTRETIEN - Pourquoi Henri IV était-il surnommé le Vert-Galant ? Avec Flavie Leroux
Face à la gent féminine, Henri IV, a, semble-t-il, toujours fait preuve d’une certaine faiblesse. Marié à Marguerite de Valois, puis à Marie de Médicis pour des raisons politiques, celui que l’on surnomme le Vert-Galant a vécu des passions ardentes avec de nombreuses maîtresses, Gabrielle d’Estrées et Henriette d’Entragues en premier lieu.<br /> <br /> Ces femmes ont été plus que des amantes. Elles étaient des « presque reines », et bien souvent les mères de bâtards royaux.<br /> <br /> Pour évoquer ces femmes souvent détestées à leur époque, Virginie Girod reçoit l'historienne Flavie Leroux. Spécialiste d’histoire de la cour et des femmes en France à l’époque moderne, en particulier des maîtresses royales, elle est l’auteure de plusieurs livres à ce sujet, dont "L’autre famille royale", disponible aux éditions Passés Composés.
29 janvier 2025 - 20 min
[2/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne
Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), régente avide de pouvoir.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Henri IV, roi de France et fondateur de la dynastie des Bourbons, meurt assassiné par Ravaillac. Son épouse, Marie de Médicis, devient alors régente du royaume, rôle qu'elle devra assurer jusqu'à la majorité de Louis XIII...
27 janvier 2025 - 13 min
[1/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne
Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), héritière florentine devenue la seconde épouse du roi Henri IV. <br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Marie de Médicis , fille du grand duc de Toscane, naît en 1575, à Florence. Héritière la plus riche d'Europe, la jeune femme est très convoitée et épouse le roi de France, Henri IV, en 1600, à l'âge de 25 ans. Neuf mois après les noces, elle donne naissance à l'héritier du trône, le futur Louis XIII.
27 janvier 2025 - 14 min
TEASER - Qui est le Vert-Galant ?
Quel roi de France surnomme-t-on le Vert Galant ? Henri IV, bien sûr ! Tout au long de sa vie, celui qui hérite de la couronne en 1589 multiplie les liaisons amoureuses… et charnelles ! Plusieurs dizaines de maîtresses auraient reçu ses faveurs parmi lesquelles Gabrielle d’Estrées ou Henriette d’Entragues. <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez un entretien inédit dans lequel Virginie Girod recevra l’historienne Flavie Leroux afin de s'intéresser aux amours du bon roi Henri et à l’influence réelle ou fantasmée de ses favorites.
26 janvier 2025 - 01 min
ENTRETIEN - La vie dans une maison close au XIXe siècle.
En 1946, la loi Marthe Richard abolit le système de prostitution réglementé et entraine la fermeture des maisons closes en France. Depuis un siècle, la fréquentation de ces maisons de tolérance était une pratique masculine courante. Mais quelle était la réalité du quotidien de celles que l’on appelle les filles de joie dans les bordels ? Ces femmes, immortalisées par des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Edgar Degas avait-elle la possibilité de sortir de la prostitution ?<br /> <br /> Pour en parler Virginie Girod reçoit l’historienne Catherine Menciassi-Authier. Spécialiste de l’histoire des femmes au XIXe siècle, elle est notamment l’auteure de l’ouvrage "Femmes d'exception, femmes d'influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle", paru aux éditions Armand Colin.
25 janvier 2025 - 22 min
[1/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque
Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), jeune cousette devenue courtisane influente du Tout-Paris.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double-récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Émilie-Louise Delabigne naît en 1848 dans la quartier Poissonnière, à Paris. Issue d'une fratrie de 7, elle mène une enfance misérable et travaille très tôt comme cousette. Dans le Paris du XIXe siècle, hormis les bourgeoises et les aristocrates, toutes les femmes travaillent, exerçant des métiers difficiles et mal payés dans les ateliers, les usines ou les marchés. Certaines n'ont alors d'autres choix que de s'adonner à la prostitution. Bientôt, celle qui se fait désormais appeler Valtesse de la Bigne fait ses débuts dans le demi-monde.
23 janvier 2025 - 14 min
2/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque
Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), demi-mondaine ayant inspiré le personnage de Nana, dans le roman éponyme d'Émile Zola.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double-récit d'Au cœur de l'Histoire, Valtesse de la Bigne commence une carrière sur les planches des théâtres parisiens et se fait une place dans le milieu des courtisanes, prostituées de haut vol. Fréquentant les jeunes auteurs à la mode et les cafés parisiens où se retrouve la bonne société, elle perfectionne ses connaissances et apprend l’art de converser. A la fin des années 1870, Valtesse de la Bigne est devenue l’une de ces grandes horizontales les plus recherchée par l’élite parisienne.
23 janvier 2025 - 14 min
ENTRETIEN - Quand le spiritisme passionne l'Europe.
Esprit, es-tu là ? Dans la seconde partie du XIXe siècle, un phénomène venu des Etats-Unis déferle sur l’Europe. Au spiritualisme incarnée par les mystérieuses sœurs Fox - entrées en communication avec un fantôme - succède le spiritisme, une philosophie inventée par Allan Kardec, figure française de la communication avec l’au-delà. Des médiums et des photographes spirites se font alors un nom, quand les salons accueillent séances de tables tournantes et de lévitation.<br /> <br /> Mais comment expliquer l’ampleur de ce phénomène ? Le spiritisme est-il synonyme de science, comme le pensait l’astronome Camille Flammarion, ou de charlatanisme ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit Philippe Baudouin. Maître de conférences en histoire des médias à l’Université Paris-Saclay, il a consacré de nombreux ouvrages à l’histoire de l’occultisme, dont "Apparitions" aux éditions Hoëbeke.
22 janvier 2025 - 20 min
Victor Hugo et le spiritisme, quand le poète fait tourner les tables
Virginie Girod raconte les séances de spiritisme organisées à Marine Terrace, sur l'île de Jersey, lieu d'exil de Victor Hugo, dans les années 1850.<br /> <br /> Le 4 septembre 1843, Léopoldine, la fille de Victor Hugo, se noie dans les eaux de la Seine, à Villequier, en Normandie. Dévasté, le poète lui dédiera l'un de ses plus beaux poèmes, "Demain, dès l'aube". Dans les années 1850, en exil dans les îles Anglo-Normandes, Hugo et sa famille trompent l'ennui et s'essaient au spiritisme, philosophie en vogue. Alors qu'ils font tourner les tables, ils tentent d'entrer en communication avec des êtres chers disparus.
21 janvier 2025 - 14 min
Sous l’ère Élisabéthaine, William Shakespeare va révolutionner le théâtre. S’il est aujourd'hui l’auteur le plus joué au monde, sa vie reste méconnue. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire", Jean des Cars raconte le parcours du célèbre dramaturge anglais. Son œuvre est si prolifique que l’on se demande parfois comment un seul homme a pu la concevoir en si peu de temps…
L'extraordinaire érudition dont William Shakespeare fait preuve dans ses œuvres contraste avec le niveau d’enseignement de sa modeste ville natale de Stratford-sur-Avon. Des rumeurs et légendes sur l’identité du dramaturge ont jalonné les siècles… Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l’Histoire" , Jean des Cars tente d'élucider les mystères de la vie et de l'œuvre de Shakespeare.
Fin septembre 1588, la certitude est acquise que l’Invincible Armada envoyée par le roi d’Espagne Philippe II pour venger l’exécution de Marie Stuart et anéantir l’Angleterre est irrémédiablement dispersée et ruinée, beaucoup par la tempête, un peu aussi par la Marine anglaise, magistralement commandée par l’amiral Howard.
Elizabeth 1ère a vaincu la plus grande menace qui ait jamais pesé sur l’Angleterre. Elle devient une héroïne mythique, chantée par les poètes sous le nom de Gloriana, symbole de l’unité nationale et incarnation vivante de l’Etat. Après dix ans de tensions et de dangers, le sentiment d’être une île assiégée s’estompe. Les années suivantes seront celles d’un grand épanouissement culturel, particulièrement pour la poésie et le théâtre…
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1588 est aussi l’année où Shakespeare quitte sa ville natale de Stratford-on-Avon pour s’installer à Londres. Il est poète, il veut écrire des pièces de théâtre mais il va commencer par être comédien. C’est en 1576 que la première salle de spectacles digne de ce nom est construite à Londres : le théâtre de James Burbage. Sa forme arrondie rappelle celle des arènes mais aussi celle des cours d’auberge où les comédiens avaient l’habitude de se produire.
Des galeries circulaires permettent au public élégant de s’installer. Les autres sont au parterre, où l’on reste debout. C’est moins cher... La scène avance sur le parterre, les acteurs jouent vraiment au milieu des spectateurs. Mais cette scène est déjà aménagée pour permettre des effets variés : il y a des trappes d’où peuvent surgir des revenants et des démons et un balcon pour les musiciens.
D’autres théâtres vont se construire : le Cygne, la Fortune puis plus tard le plus célèbre d’entre tous, le Globe. Il faut aussi préciser que les représentations ont lieu le jour car les théâtres sont relégués dans des quartiers excentriques. Ils doivent donc fermer leurs portes suffisamment tôt pour que les spectateurs soient rentrés chez eux avant la tombée de la nuit.
Autre précision importante : les rôles féminins sont interprétés par de jeunes garçons au visage glabre ou rasé de près. Aucune femme ne doit apparaître sur la scène.
C’est dans cet univers que débarque William Shakespeare. Il a 24 ans. Il a laissé femme et enfants dans sa ville natale. On dit qu’il a entamé sa carrière en gardant les chevaux aux portes du théâtre Burbage. Comme toujours dans la vie de Shakespeare, rien n’est très clair dans cette période. La seule chose dont on soit sûr est qu’il va très vite devenir acteur et auteur...
Une origine bourgeoise
Shakespeare est né le 23 avril 1564 à Stratford-on-Avon, dans le Warwickshire, à l’ouest de Londres. Sa mère descendait d’une vieille famille de propriétaires terriens. Son père, John Shakespeare, dont les parents étaient cultivateurs, était venu s’installer à Stratford et s’y établit comme gantier. Ce gros bourg était devenu un centre commercial et industriel d’envergure au cours du XVIe siècle.
Le gantier, un homme ambitieux, s’occupait aussi du commerce de la laine, des peaux et des bestiaux. Il avait épousé Marie Arden non parce que ses parents étaient de riches propriétaires terriens mais parce qu’elle était apparentée aux Arden qui avaient été les seigneurs du comté du temps des Saxons, avant Guillaume le Conquérant. John Shakespeare avait aussi quelques charges officielles dans la cité.
Huit enfants sont nés de cette union, William étant le troisième. Son acte de baptême est conservé dans les archives de la paroisse de Stratford. Il fait ses études à la Grammar School de la ville, d’excellente renommée. Elle existe toujours. On peut toujours visiter ses salles basses surmontées d’une charpente aux poutres apparentes. Les élèves y passent des heures entières à étudier la "grammaire latine autorisée" de William Lily, très réputée dans l’Angleterre de la Renaissance.
Eté comme hiver, les cours commencent à sept heures pour s’arrêter dix heures plus tard avec une interruption de deux heures pour le déjeuner. William apprend aussi un peu de grec mais il est évident qu’aux études, il préfère le spectacle plein de vie et d’animations à Stratford…
L'été, il court avec ses amis à travers les champs et les bois. L’hiver, il écoute les longs récits fantastiques que content les adultes au coin du feu. En toutes saisons, le bourg est traversé par des voyageurs se dirigeant vers Londres, parfois par des cortèges magnifiques de nobles mais surtout par des compagnies théâtrales. Les représentations se déroulent dans une grande salle du village sur autorisation officielle.
Les compagnies théâtrales sont alors sous la protection de familles aristocratiques. Son père emmène William, âgé de 4 ans, voir une pièce donnée par une compagnie qui s’appelle "Les hommes du comte de Worcester". Peut-être est-ce ce jour-là qu’il a la révélation de la magie du théâtre.
Même si on assure parfois qu’il a suivi des cours à Oxford pendant un ou deux trimestres, il est certain qu’il y a un grand contraste entre ses études, certes solides mais du niveau d’une modeste bourgade, et l’extraordinaire érudition dont William Shakespeare fera preuve dans la plupart de ses œuvres. C’est là que réside le mystère Shakespeare : a-t-il tout écrit lui-même ou a-t-il été inspiré par un érudit soucieux de tenir secrète sa propre identité ? En France, plus tard, on dira la même chose à propos de Molière…
Quoi qu’il en soit, au départ, William ne songe pas à se consacrer au théâtre puisque en 1582, à l’âge de 18 ans, il épouse Anne Hathaway qui a huit ans de plus que lui. Elle appartient à une famille de paysans aisés qui habitent très près de Stratford. William vient lui rendre visite, dans un charmant cottage qui existe toujours et qui contraste avec la maison bourgeoise de la famille Shakespeare. C’est un mariage d’amour. Le jour des noces, Anne Hathaway est déjà enceinte d’environ trois mois. Une fille nommée Suzanne naîtra au printemps suivant.
William quitte sa famille pour se rendre à Londres
Le bonheur conjugal du jeune couple ne va pas durer longtemps. Deux ans après la petite Suzanne, Anne donne naissance à des jumeaux, un garçon et une fille prénommés Hamnet (avec un n, et non Hamlet !) et Judith. Mais quelques mois plus tard, alors que les enfants sont tout petits, William quitte subitement Stratford pour devenir acteur à Londres. Son départ va scandaliser la petite ville. Certes, ses habitants aiment le théâtre mais ils considèrent les acteurs comme des saltimbanques et puis pour ces puritains, il est synonyme de vice et de perdition.
L’épouse de William était-elle puritaine ? On n’en sait rien. En tous cas, elle a refusé de suivre son mari à Londres avec leurs enfants. Shakespeare va donc vivre seul dans une chambre modeste afin de pouvoir enfin se livrer à sa passion. Il ne s’agit pas d’une rupture complète mais il est vrai qu’ils se reverront peu. On ne sait pas dans quelle compagnie il a fait son apprentissage d’acteur. Ce que l’on sait est que bientôt il va se lier d’amitié avec James Burbage et ses deux fils et va travailler dans leur théâtre.
Dans le monde fascinant du théâtre
A la fois auteur et acteur, Shakespeare constitue un cas exceptionnel. Les auteurs dramatiques sont souvent des poètes maudits qui vendent pour une bouchée de pain leurs œuvres à des compagnies qui s’en assurent l’exclusivité. Il n’y a pas de droits d’auteur. Si la pièce est un succès, c’est la compagnie qui va en profiter et recevoir des bénéfices.
En 1592, Shakespeare commence à être un acteur connu mais peut être aussi déjà un auteur à succès. En effet, cette année-là, un vieux dramaturge nommé Robert Greene, sur le point de mourir, se lance dans de violentes diatribes contre les acteurs qu’il traite de "singes, de gredins et de monstres maquillés". Puis il s’attaque directement à William Shakespeare :
"Ce nouveau venu, ce corbeau prétentieux qui se pare de nos plumes, cachant son cœur de tigre sous la peau d’un acteur, qui s’imagine pouvoir faire ronfler le vers blanc aussi habilement que le meilleur d’entre nous… Ce vulgaire Jean-sait-tout, qui croit être le seul en ce pays capable d’ébranler la scène !"
C’est très méchant. Mais cela prouve que Shakespeare est déjà connu et a réussi à faire parler de lui et, en effet, à fortement ébranler la scène !
La première date marquante de sa vie d’auteur dramatique est l’année 1591. Il écrit "Henry VI", une pièce fleuve qui se situe alors que la Guerre de Cent Ans fait rage, au moment où se déclenche en Angleterre la Guerre des Deux Roses. Il consacrera un nombre considérable de pièces à cette période troublée.
Il y aura ensuite "Richard II", "Henry IV", "Henry V", "Henry VI" remaniée et ensuite le fameux drame "Richard III". Toutes ces pièces racontent la naissance de l’Angleterre, désormais apaisée grâce à Elizabeth 1ère, Gloriana. Il y a des héros glorieux, des traîtres, des lâches, des perfides, de maîtresses femmes mais aussi des femmes sacrifiées.
Mais pour l’instant, il n’a écrit que "Henry VI", et sa carrière va connaître une pause car en 1592, tous les théâtres londoniens ferment à cause d’une épidémie de peste. La fermeture des salles durera deux ans au cours desquels les compagnies parcourent la province.
Shakespeare devient un poète célèbre
Shakespeare l’a-t-il fait ? On ne le sait pas mais c’est à cette époque qu’il publie deux chefs d’oeuvre de poésies lyriques "Venus et Adonis" et "Le viol de Lucrèce", imprimées par Richard Field et publiées respectivement entre les années 1593 et 1594. Leur succès est si grand auprès du public lettré que les éditions se succèdent à un rythme inhabituel pour ce genre de publications poétiques.
Selon l’usage de l’époque, Shakespeare a dédié ses œuvres à un protecteur appartenant à la noblesse, Henry Wriothesley, troisième comte de Southampton, l’un des gentilshommes les plus en vue à la Cour et filleul de la reine Elizabeth 1ère. Très intelligent, diplômé de Cambridge, très riche et mécène généreux, il s’est lié à cette époque avec Shakespeare d’une grande amitié.
Encouragé par ce succès, l’imprimeur Richard Field incite Shakespeare à se consacrer à une carrière purement littéraire. Mais ce dernier aime trop le théâtre et dès la réouverture des scènes londoniennes, on trouve son nom dans la distribution d’une pièce montée par la très célèbre Compagnie du Chambellan, sous la haute protection de Lord Hunsdon, chambellan de la Cour. Dès lors, le théâtre sera toute la vie de Shakespeare.
Shakespeare triomphe au théâtre
Shakespeare va continuer sa série de pièces historiques, les complétant, les modifiant mais à un certain moment, il va situer nombre de ses drames ou de ses comédies en Italie. Y est-il allé ? Sans doute pas. Néanmoins, il s’est parfaitement documenté, probablement grâce à un certain Giovanni Florio.
Cet Italien, résidant à Londres, avait écrit des manuels de conversation italienne, un dictionnaire italien-anglais et traduit les œuvres de Montaigne en anglais. Shakespeare le rencontre chez Lord Southampton et l’inspiration italienne va donner quelques uns de ses chefs d’oeuvre : "La mégère apprivoisée", "Le marchand de Venise" et bien sûr "Roméo et Juliette".
Le fait d’appartenir à la Compagnie du Lord Chamberlain sert beaucoup notre auteur qui ne cesse d’écrire des drames et de les jouer. Il continue aussi son écriture poétique. La reine Elizabeth 1ère apprécie beaucoup les œuvres de Shakespeare, particulièrement "Peines d’amour perdues", une comédie d’une élégance raffinée avec des dialogues subtils et brillants qui retracent les vicissitudes de l’amour que porte le roi de Navarre à la fille du roi de France.
En 1596, Shakespeare va connaître un grand chagrin, la mort de son unique fils Hamnet, décédé en août pendant que son père était en tournée en province. Son émotion n’est pas feinte, quand, dans ses tragédies, il déplore la mort d’un être jeune. Il l’a vécue et il en a souffert.
En 1599, sa troupe dispose d’un nouveau théâtre prestigieux : le Globe. Muni des équipements et des aménagements les plus modernes pour l’époque, il est considéré comme la meilleure et la plus belle salle de spectacles de Londres. Actionnaire du théâtre, l’auteur va alors gagner beaucoup d'argent. Il commence à acheter des terres autour de Stratford, puis la magnifique maison de New Place, édifiée à la fin du XIVe siècle, une des plus belles et des plus grandes des environs.
Le 6 janvier 1601, Elizabeth 1ère demande à Shakespeare et à sa troupe de jouer pour la Fête des Rois. Cet hiver-là, les spectacles et divertissements à la Cour ont été particulièrement brillants. Le duc de Bracciano, qui visite alors l’Angleterre, décrit à sa femme la somptuosité de cette célébration : "La Cour toute entière était vêtue de blanc, avec tant d’or et de joyaux que c’était merveille à voir. La Reine portait tant de bijoux qu’on se demandait comment elle pouvait les supporter. Je ne crois pas qu’on puisse voir ailleurs dans le monde une Cour aussi bien ordonnée et aussi riche."
A cette occasion, Shakespeare va donner la première représentation de "La nuit des Rois", composée spécialement pour cette fête. Elizabeth 1ère s’enthousiasme pour cette comédie d’humour et de fantaisie sur fond de naufrages, de jumeaux perdus, de travestis, de quiproquos et d’amours ambigües. C’est donc un triomphe pour l’auteur, mais parfois les triomphes peuvent précéder les désastres…
Shakespeare compromis dans la trahison d’Essex
Le jeune et beau comte d’Essex est le favori de la Reine. Il a 34 ans de moins qu’elle et est très maladroit. La souveraine l’a envoyé en Irlande pour mater une révolte. Non seulement, il n’y est pas arrivé mais, insulte suprême à Elizabeth 1ère, il s’y est marié secrètement. Furieuse, elle le dépouille de toutes ses dignités et le bannit de la Cour.
Essex décide alors de se venger. Son but est d’organiser une manifestation populaire dans Londres, de marcher sur le palais royal et de destituer la Reine, alors âgée de 68 ans. La veille, le 7 février 1601, les conjurés se présentent au théâtre du Globe et demandent à la troupe de Shakespeare de reprendre une de ses premières tragédies historiques "Richard II". Le point culminant de cette pièce est la scène où le roi Richard II est contraint d’abdiquer. Les conjurés voulaient obliger Elizabeth 1ère à suivre son exemple et à renoncer à la Couronne.
Flairant le danger, Shakespeare et les acteurs ne veulent rien entendre, assurent que la pièce est démodée et n’attirerait personne. Les amis d’Essex expliquent qu’ils dédommageront la troupe. “Richard II” est donc joué et va enflammer une bonne partie du public au moment où le Roi est déposé. Malheureusement pour Essex, le peuple de Londres est beaucoup moins enthousiaste pour le suivre le lendemain et marcher sur le Palais Royal…
Essex et ses complices sont arrêtés. Elizabeth 1ère signe la condamnation à mort de son ancien favori. Il est décapité le jour suivant. Le Théâtre du Globe est compromis. Accusés de complicité, Shakespeare et ses comédiens ont raconté leur répugnance à jouer la pièce et la corruption dont ils avaient été victimes. Ils seront acquittés. Elizabeth 1ère se montre magnanime. Elle aime trop le théâtre de Shakespeare pour pouvoir s’en passer. Elle meurt deux ans plus tard, en 1603. Le nouveau roi Jacques 1er Stuart aura-t-il le même goût pour le théâtre que la défunte reine ?
Ressources bibliographiques :
Michel Duchein, Elizabeth 1ère d’ Angleterre (Fayard, 1992)
Shakespeare, collection Les Géants (Numéro culturel hors-série de Paris-Match, 1969)
Jean des Cars, La saga des reines (Perrin, 2012)
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