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Société
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Rivalité, drogue et rock'n'roll : la tumultueuse histoire des Beatles

"Let it be", "Hey Jude", "Yesterday"… Ces tubes ont plusieurs décennies et pourtant le monde entier continue de les fredonner. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars revient sur l'histoire des Beatles, quatre garçons dans le vent qui formèrent l'un des plus grands groupes de rock de tous les temps avant de se séparer il y a tout juste 50 ans.Il y a cinquante ans, le 10 avril 1970, le quotidien britannique Daily Mirror titrait : "Paul quitte les Beatles !". Une déflagration ! Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire" , produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars vous propose de replonger dans la Beatlemania, un phénomène des années soixante. En juin 1965, les Fab Four, autrement dit les Beatles, apprennent que la souveraine va leur décerner la prestigieuse décoration de Chevaliers de l'Empire Britannique, sur proposition du Premier Ministre travailliste Harold Wilson. Cela surprend tout le monde, à commencer par les quatre récipiendaires. Lors d’une conférence de presse, le 12 juin 1965, George, Ringo et Paul sont très dubitatifs. Quant à John, toujours provocateur, il regrette que leur manager, John Epstein, ne soit pas décoré lui-aussi et s’étonne de recevoir une médaille généralement donnée à ceux qui gagnent des guerres.Il est vrai qu’ils sont les premières vedettes de leur métier à être ainsi honorées. Officiellement, pour "contribution à l’exportation". A John, on pourrait répondre qu’ils ont gagné une sorte de guerre commerciale. Il est vrai, également, que cette décoration révulse un certain nombre de membres de cet ordre prestigieux, notamment un certain Richard Pape, ancien prisonnier durant le Deuxième Guerre mondiale. Il tente de déclencher une campagne "anti-Beatles", écrivant que "le Royaume-Uni tombe encore plus bas dans le ridicule et le mépris sur le plan international". Des dizaines de titulaires de cette décoration renvoient leurs médailles en signe de protestation. Mais la critique reste marginale. La jeunesse, la fraîcheur et le renouveau qu’incarnent le groupe suscitent l’enthousiasme des Britanniques.La cérémonie officielle a lieu le 26 octobre 1965 à Buckingham Palace. Lorsque les quatre garçons, en costume cravate, franchissent les grilles du palais, une foule énorme hurle "God Save the Beatles !". Tout se passe le mieux du monde. La Reine est très aimable, les Beatles tout à fait à l’aise. Ils rivalisent de sourires et de bons mots. Néanmoins, John Lennon, cinq ans plus tard, racontera que s’il était si détendu c’est parce qu’il avait fumé un joint dans les toilettes de Buckingham Palace juste avant la cérémonie ! On n’est sûr de rien : c’était peut-être une énième provocation de John Lennon !Interrogé à la sortie du palais, Paul McCartney raconte : "La Reine ? Elle est charmante, super. Elle était très amicale. Elle était un peu comme une maman pour nous".Elizabeth II en mère des Beatles ? C’est peut-être un peu excessif ! En effet, Elizabeth II n’a que seize ans de plus que Paul ! John Lennon continue lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de la campagne menée contre eux par des militaires en colère : "Nous on a mérité nos médailles pour n’avoir pas tué de gens !".Une plaisanterie qui aurait pu choquer mais on pardonne tout à ces quatre garçons si doués, si charmants, si spontanés. Ils posent fièrement avec leurs cravates et leurs médailles. Les rebelles ne le sont pas tant que ça. En tous cas, ils ont l’opinion avec eux. Ils incarnent le Swinging London qui a inventé la mini-jupe et la métamorphose du royaume, enfin réveillé après son triste après-guerre. Mais qui sont ces quatre garçons venus de Liverpool et qui, en trois ans ont, conquis les Britanniques et le reste du monde ?Avant les Beatles, Quarry MenC’est en plein Blitz, le 9 octobre 1940 que naît John Winston Lennon. Son deuxième prénom est évidemment un hommage au Premier ministre héroïque qui défend son pays. Sa mère, Julia, a du mal à endosser son rôle de mère. Elle passe sa vie à boire, à danser et à fréquenter des soldats. Le père est alors loin, dans la marine marchande. Il regagne le foyer en 1944, trouve sa femme enceinte (évidemment pas de lui) et décide de divorcer. John est alors adopté par sa tante Minnie et son époux George Smith. Son oncle et sa tante s’occupent très bien de lui. Leur vie et celle de John est aisée, dans un quartier agréable de Liverpool. Néanmoins, John sera toute sa vie hantée par l’angoisse de l’abandon. Il dira : "Je n’ai jamais été vraiment désiré".Il est un élève médiocre, bagarreur, chahuteur. Il ne s’intéresse qu’à une chose : la musique. Il le dit lui-même : "Le rock'n'roll était la seule chose susceptible de toucher ma sensibilité après tout ce qui m’était arrivé quand j’avais 15 ans".En effet, en juin 1955, son père d’adoption, George, avec lequel il avait noué une grande complicité, s’écroule, victime d’une hémorragie cérébrale. C’est alors que John découvre Elvis Presley et qu’il monte dans son école un groupe de rock dont il sera le leader, les Quarry Men.En juillet 1957, ils se produisent dans une fête paroissiale. Venu par hasard à cette fête, un jeune garçon est subjugué par ce groupe rock, et particulièrement par John. Il a 15 ans. Il s’appelle Paul McCartney. Un ami commun les présente l’un à l’autre et le courant passe aussitôt. John Lennon est impressionné par Paul qui lui apprend comment accorder une guitare. Il a une culture rock’n’roll plus étendue que la sienne, bien qu’il ait deux ans de moins. Il joue parfaitement de la guitare mais aussi du piano. Bref, il a tant de talent que John l’intègre à son groupe, non sans s’être inquiété : il est le leader du groupe, il n’a pas l’intention de passer la main à Paul, si talentueux soit-il. Le problème des futurs Beatles est déjà posé…Paul McCartney est né dans une famille aisée mais a subi, lui aussi, un traumatisme épouvantable : sa mère est morte un an plus tôt d’une embolie alors qu’il n’avait que 14 ans. Son père, représentant en cotonnades, l’a initié à la musique. Il lui a même offert une trompette que Paul a immédiatement échangée contre une guitare. Chaque matin, pour se rendre au lycée, Paul fait la route dans le bus scolaire avec George Harrison, son cadet d’un an, lui-aussi fan de rock. Ils ont tous les deux intégré le Liverpool Institute. George Harrison vient d’une famille pauvre, dernier de quatre enfants. Son père est conducteur de bus et sa mère vendeuse dans un magasin. Paul présente George à John Lennon. Lui aussi va faire partie des Quarry Men.Liverpool-Hambourg : la naissance des Beatles Julia, la vraie mère de John Lennon qui l’avait abandonné pendant plusieurs années, s’est rapprochée de lui. Il la découvre, ils discutent de musique. John amène son groupe chez elle. Ils jouent dans sa salle de bains. Mais un drame met fin à ces retrouvailles : le 15 juillet 1958, Julia est fauchée par une voiture à l’âge de 44 ans. Ce choc va bouleverser John Lennon et le rapprocher de Paul qui a vécu la même tragédie deux ans plus tôt. Beaucoup plus tard, Paul parviendra à faire son deuil, à travers sa chanson "Mother", en 1970.Dès lors, John et Paul se lancent se lancent à corps perdu dans la musique. Ils recrutent un nouveau bassiste, Stuart Suthcliffe, un Écossais. Ils changent le nom de leur groupe : ce sera d’abord Long John and the Silver Beetles, c’est à dire les scarabées d’argent. C’est un hommage à Long John Silver, le pirate de "L'Île au Trésor". Puis, ils s’appelleront, tout simplement, les Beatles, contraction de Beetle avec deux “e” et du mot Beat, le rythme.Ils se produisent dans une salle de Liverpool. Ils se font remarquer par un Allemand propriétaire d’un établissement à Hambourg nommé L’Indra. À cette époque, Hambourg a en commun avec Liverpool d’être un grand port européen avec ses docks mais en plus ses quartiers chauds, les sex-shops, cabarets de strip-tease et prostituées en vitrine. Au milieu de tout cela, quelques clubs de rock. L’Indra, en fait partie. Son propriétaire propose aux Beatles un contrat de deux mois.Ils débarquent le 16 août 1960 à Hambourg, alors considérée comme la ville la plus dépravée du monde. Mais John dira : "J’ai grandi à Hambourg, pas à Liverpool..."La métamorphose du groupe est spectaculaire. Obligé d'enchaîner les standards jusqu’au petit matin devant un public parfois réticent, les garçons se surpassent. Ils découvrent aussi l’alcool et des pilules d’excitants pour tenir cette cadence infernale. Ils parviennent à enthousiasmer leur public. Le batteur d’un autre groupe dira : "C’est comme si les Beatles étaient entrés à Hambourg comme une vieille caisse pourrie, et étaient revenus à Liverpool aussi clinquants qu’une Rolls-Royce".Grâce à leur manager, les Beatles triomphent à LondresEffectivement, lorsqu’ils se produisent début 1961 dans deux clubs de Liverpool, le Tavern et le Top Ten, ils électrisent leur public. Ils rempliront d’autres contrats à Hambourg mais c’est au Tavern Club de Liverpool, le 9 novembre 1961, que leur vie va basculer. Brian Epstein est venu les entendre. Il a 27 ans. Son père est propriétaire du plus grand magasin de musique de Liverpool dont il dirige le rayon de disques. Il reviendra plusieurs soirs de suite avant de leur proposer d’être leur manager. Le contrat est signé le 29 janvier 1962.Epstein contacte George Martin, producteur d’une division de EMI, grande maison de disques cherchant de nouveaux talents. Les Beatles gagnent Londres et se produisent dans les studios du 3, Abbey Road, dans le quartier de Saint-John’s Wood. Grâce à eux, Abbey Road sera, un jour, connue du monde entier.Leur premier titre sera Love Me Do. John, Paul et George se sont choisi un nouveau batteur. Il s’appelle Ringo Starr. Son vrai nom est Richard Starke. Il est né lui aussi à Liverpool en 1940, dans un milieu modeste. Le trio l’avaient rencontré à Hambourg. Love me Do n’est pas un triomphe mais Please Please Me de John Lennon se retrouve au sommet des ventes en janvier 1963. Dès lors, chaque apparition du quatuor déchaine l’enthousiasme des fans. La Beatlemania est née.Epstein gère non seulement le contrat, les tournées, mais aussi l’image du groupe. Ainsi, John Lennon se marie en août 1962 avec Cynthia Powell, une camarade de classe à Liverpool. Elle est enceinte de lui. Epstein décide que le mariage restera caché. John Lennon ne sera même pas là pour la naissance de son fils le 8 avril 1963. Il ne fera la connaissance du petit Julian que trois jours plus tard.En 1964, leur premier concert en FranceLe 4 novembre, le groupe participe à la Royal Variety Performance, une émission de charité qui réunit 30 millions de téléspectateurs, enregistrée dans un grand théâtre de Londres. La reine mère et la princesse Margaret y assistent. On s’inquiète un peu de leurs réactions potentielles à cause du terrible accent des quatre garçons de Liverpool. On sait qu’en Angleterre, l’accent est un marqueur social impitoyable. Aucun problème : la reine mère déclare : "C’est l’un des meilleurs spectacles auxquels j’ai assisté. Les Beatles m’intriguent énormément". Ils enchainent les disques et les triomphes. En janvier 1964, les Beatles traversent la Manche pour se produire à Paris, à l’Olympia, en première partie du spectacle de Sylvie Vartan. Pour les Français, ils sont de parfaits inconnus. Le premier soir, On les trouve bien mais sans plus. Mais dès le deuxième soir, ils volent la vedette à Sylvie Vartan, provoquant la colère de Johnny Hallyday. C’est à Paris qu’ils apprennent que leur disque "I want to hold your hand" se vend à 10.000 exemplaires à l’heure à New-York. Leur prochaine étape est la conquête de l’Amérique. Ils y débarquent en février 1964. Le pays est toujours en état de choc après l’assassinat du Président Kennedy quatre mois plus tôt. Leurs performances, leur humour, leurs chansons vont séduire les Etats-Unis. Bob Dylan écrira un an plus tard :"Ils ont réalisé des choses que personne n’avait réalisé. Leurs accords étaient extravagants, juste extravagants, et pourtant leurs harmonies faisaient tout passer... Tout le monde pensait qu’il n’étaient que des idoles pour ados, qu’ils seraient vite balayés. Mais selon moi, c’était évident qu’ils étaient là pour durer. Je savais qu’ils pointaient du doigt la direction où la musique devait se tourner".Bob Dylan voyait juste. Les six années qui allaient suivre verraient naître un film étonnant, des albums éblouissants, quelques ratés, des failles aussi dans leur apparente cohésion.Les six dernières années d'un groupe légendaireIl y a d’abord un film "A hard days’night" que Richard Lester décide de tourner en noir et blanc, caméra au poing. Il va présenter les Beatles dans leur vie quotidienne, dans leurs tournées, poursuivis par des hordes de femmes à la limite de l’hystérie. Il va surtout définir l’identité de chaque membre du groupe : Paul le romantique, John le rebelle plutôt agressif, George le ténébreux un peu mystique et Ringo le clown attendrissant. Le film est une réussite totale. Et les chansons se vendent comme des petits pains : "She loves you" et "I want to hold your hand".Le film suivant "Help !"(1965) est insignifiant, sans concept réel, mal réalisé mais avec de très bonnes chansons, dont la chanson-titre "Help !". Cette même année, en août 1965, Paul McCartney sort son chef d’oeuvre, tout seul, "Yesterday". C’est l’année où les Beatles sont décorés par la Reine. Mais avec "Yesterday", c’est aussi l’année où John Lennon devient jaloux de Paul McCartney. Néanmoins, le quatuor continue. Il y aura en 1966 l’album "Revolver" qui est sous acides, en parfait accord avec le "Swinging London". La drogue fait partie de leur univers, comme à peu près tous les groupes et célébrités de cette époque.Deux titres feront mouche : le dépressif "Eleanor Rigby" et surtout le triomphe de l’inclassable "Yellow Submarine" puis celui de "All you need is love". C’est alors qu’un terrible choc va les traumatiser et les amener à réfléchir sur leur vie trépidante et surtout sur leur avenir professionnel. Leur manager, Brian Epstein, meurt le 27 août 1967, à l’âge de 32 ans. Officiellement, il s’agit d’une overdose accidentelle de barbituriques. Mais Epstein venait de perdre son père, était dépressif et avait déjà fait des tentatives de suicide.Les héros sont fatigués. Ils n’ont pas arrêté de travailler, de créer. Ils ont besoin de souffler, de réfléchir. Bref, de spiritualité. C’est George Harrison et sa femme Pattie qui leur font connaître le Maharishi. Ce personnage dirige le mouvement de la méditation transcendantale en Inde. George et Pattie sont déjà allés en Inde. Le plus mystique des Beatles a une passion pour la musique indienne. Il a appris à la connaître avec le célèbre Ravi Shankar. Le groupe, au grand complet, avec épouses et compagne, débarque dans le nord de l’Inde pour suivre un séminaire de méditation dirigé par le Maharishi. Cela se passe dans l’ashram du gourou. Il est supposé durer de février à mai 1968. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Ringo et sa femme Maureen repartent au bout de dix jours car lui souffre de colopathie et ne supporte pas la cuisine indienne. De plus, le couple veut retrouver ses enfants Zak, 2 ans et demi, et Jason 8 mois. Paul McCartney, qu’accompagne la comédienne de théâtre Jane Asher, rentre à Londres un mois plus tard, le 23 mars. Les quatre derniers, John, George et leurs épouses quittent l’ashram le 10 avril. Ils sont très en colère contre le gourou qui aurait abusé de la vulnérabilité de l’actrice Mia Farrow pour lui faire des avances lors d’une séance "privée" de méditation... Bref, cette méditation transcendantale n’a pas produit les effets escomptés…Vient la rupture… Il y aura encore deux albums, l’album "blanc", puis Abbey Road en 1969. Ce sont deux énormes succès mais les séances d’enregistrement ont été un calvaire. John Lennon a divorcé de Cynthia et vit désormais avec Yoko Ono qui est présente à toutes les sessions, se mêle de tout et exaspère les trois autres Beatles. Quant à Paul McCartney, il a quitté Jane Asher. En effet, il est tombé amoureux d’une photographe américaine, Linda, qui sera la femme de sa vie. Il l’épouse le 12 mars 1969. Dix jours plus tard, John Lennon épouse Yoko Ono à Gibraltar. Il avait prévu de quitter le groupe en septembre 1970 mais c’est Paul qui prend l’initiative de la rupture en avril.Personne ne peut croire que c’est une séparation définitive et pourtant, c’est le cas.Il y aura des mesquineries, un procès de Paul pour des questions de droits mais jamais les Beatles ne se reformeront. Désormais, chacun suivra son chemin avec plus ou moins de succès. John Lennon, après quelques errances avec sa femme, enregistre des albums. Paul écrit en 1973 "Live and let die", bande originale d’un film de la série des James Bond en 1973.Le décembre 1980, l’assassinat de John Lennon, au pied de son immeuble new-yorkais par un déséquilibré, sera la tragédie définitive des Beatles. Paul McCartney n’avait pas revu depuis plus de quatre ans celui qui avait été son ami. Leurs liens s’étaient distendus. Le groupe n’existait déjà plus depuis dix ans. George Harrison mourra en novembre 2001 d’un cancer généralisé. Deux ans auparavant, il avait été, lui aussi, attaqué par un déséquilibré qui lui avait infligé 40 coups de couteau ! Un traumatisme dont il ne s’était jamais remis.Aujourd’hui, la musique des Beatles continue d’exister grâce à des rééditions permanentes. Elle parle au cœur de toutes les générations. Même si elles incarnent une époque, les Magic Sixteens, on constate aussi qu’elles sont intemporelles. Paul est toujours là. Il donne toujours des concerts. Il enchante encore un public fidèle. Il a raison. Les chansons des Beatles sont éternelles.  Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , SoundCloud , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute. >> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1 "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 StudioAuteur et présentation : Jean des Cars Cheffe de projet : Adèle PonticelliRéalisation : Guillaume VasseauDiffusion et édition : Clémence OlivierGraphisme : Europe 1 StudioBibliographie : Frédéric Granier Les Beatles, quatre garçons dans le siècle (Perrin,2020)

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ENTRETIEN - Quand le spiritisme passionne l'Europe.

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22 janvier 2025 - 20 min

Victor Hugo et le spiritisme, quand le poète fait tourner les tables

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Virginie Girod raconte les séances de spiritisme organisées à Marine Terrace, sur l'île de Jersey, lieu d'exil de Victor Hugo, dans les années 1850.<br /> <br /> Le 4 septembre 1843, Léopoldine, la fille de Victor Hugo, se noie dans les eaux de la Seine, à Villequier, en Normandie. Dévasté, le poète lui dédiera l'un de ses plus beaux poèmes, "Demain, dès l'aube". Dans les années 1850, en exil dans les îles Anglo-Normandes, Hugo et sa famille trompent l'ennui et s'essaient au spiritisme, philosophie en vogue. Alors qu'ils font tourner les tables, ils tentent d'entrer en communication avec des êtres chers disparus.

21 janvier 2025 - 14 min

À propos

"Let it be", "Hey Jude", "Yesterday"… Ces tubes ont plusieurs décennies et pourtant le monde entier continue de les fredonner. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars revient sur l'histoire des Beatles, quatre garçons dans le vent qui formèrent l'un des plus grands groupes de rock de tous les temps avant de se séparer il y a tout juste 50 ans.


Il y a cinquante ans, le 10 avril 1970, le quotidien britannique Daily Mirror titrait : "Paul quitte les Beatles !". Une déflagration ! Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire" , produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars vous propose de replonger dans la Beatlemania, un phénomène des années soixante.

En juin 1965, les Fab Four, autrement dit les Beatles, apprennent que la souveraine va leur décerner la prestigieuse décoration de Chevaliers de l'Empire Britannique, sur proposition du Premier Ministre travailliste Harold Wilson. Cela surprend tout le monde, à commencer par les quatre récipiendaires. Lors d’une conférence de presse, le 12 juin 1965, George, Ringo et Paul sont très dubitatifs. Quant à John, toujours provocateur, il regrette que leur manager, John Epstein, ne soit pas décoré lui-aussi et s’étonne de recevoir une médaille généralement donnée à ceux qui gagnent des guerres.Il est vrai qu’ils sont les premières vedettes de leur métier à être ainsi honorées. Officiellement, pour "contribution à l’exportation". A John, on pourrait répondre qu’ils ont gagné une sorte de guerre commerciale. Il est vrai, également, que cette décoration révulse un certain nombre de membres de cet ordre prestigieux, notamment un certain Richard Pape, ancien prisonnier durant le Deuxième Guerre mondiale. Il tente de déclencher une campagne "anti-Beatles", écrivant que "le Royaume-Uni tombe encore plus bas dans le ridicule et le mépris sur le plan international". Des dizaines de titulaires de cette décoration renvoient leurs médailles en signe de protestation. Mais la critique reste marginale. La jeunesse, la fraîcheur et le renouveau qu’incarnent le groupe suscitent l’enthousiasme des Britanniques.La cérémonie officielle a lieu le 26 octobre 1965 à Buckingham Palace. Lorsque les quatre garçons, en costume cravate, franchissent les grilles du palais, une foule énorme hurle "God Save the Beatles !". Tout se passe le mieux du monde. La Reine est très aimable, les Beatles tout à fait à l’aise. Ils rivalisent de sourires et de bons mots. Néanmoins, John Lennon, cinq ans plus tard, racontera que s’il était si détendu c’est parce qu’il avait fumé un joint dans les toilettes de Buckingham Palace juste avant la cérémonie ! On n’est sûr de rien : c’était peut-être une énième provocation de John Lennon !
Interrogé à la sortie du palais, Paul McCartney raconte : "La Reine ? Elle est charmante, super. Elle était très amicale. Elle était un peu comme une maman pour nous".Elizabeth II en mère des Beatles ? C’est peut-être un peu excessif ! En effet, Elizabeth II n’a que seize ans de plus que Paul ! John Lennon continue lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de la campagne menée contre eux par des militaires en colère : "Nous on a mérité nos médailles pour n’avoir pas tué de gens !".Une plaisanterie qui aurait pu choquer mais on pardonne tout à ces quatre garçons si doués, si charmants, si spontanés. Ils posent fièrement avec leurs cravates et leurs médailles. Les rebelles ne le sont pas tant que ça. En tous cas, ils ont l’opinion avec eux. Ils incarnent le Swinging London qui a inventé la mini-jupe et la métamorphose du royaume, enfin réveillé après son triste après-guerre. Mais qui sont ces quatre garçons venus de Liverpool et qui, en trois ans ont, conquis les Britanniques et le reste du monde ?

Avant les Beatles, Quarry Men

C’est en plein Blitz, le 9 octobre 1940 que naît John Winston Lennon. Son deuxième prénom est évidemment un hommage au Premier ministre héroïque qui défend son pays. Sa mère, Julia, a du mal à endosser son rôle de mère. Elle passe sa vie à boire, à danser et à fréquenter des soldats. Le père est alors loin, dans la marine marchande. Il regagne le foyer en 1944, trouve sa femme enceinte (évidemment pas de lui) et décide de divorcer. John est alors adopté par sa tante Minnie et son époux George Smith. Son oncle et sa tante s’occupent très bien de lui. Leur vie et celle de John est aisée, dans un quartier agréable de Liverpool. Néanmoins, John sera toute sa vie hantée par l’angoisse de l’abandon. Il dira : "Je n’ai jamais été vraiment désiré".Il est un élève médiocre, bagarreur, chahuteur. Il ne s’intéresse qu’à une chose : la musique. Il le dit lui-même : "Le rock'n'roll était la seule chose susceptible de toucher ma sensibilité après tout ce qui m’était arrivé quand j’avais 15 ans".En effet, en juin 1955, son père d’adoption, George, avec lequel il avait noué une grande complicité, s’écroule, victime d’une hémorragie cérébrale. C’est alors que John découvre Elvis Presley et qu’il monte dans son école un groupe de rock dont il sera le leader, les Quarry Men.En juillet 1957, ils se produisent dans une fête paroissiale. Venu par hasard à cette fête, un jeune garçon est subjugué par ce groupe rock, et particulièrement par John. Il a 15 ans. Il s’appelle Paul McCartney. Un ami commun les présente l’un à l’autre et le courant passe aussitôt. John Lennon est impressionné par Paul qui lui apprend comment accorder une guitare. Il a une culture rock’n’roll plus étendue que la sienne, bien qu’il ait deux ans de moins. Il joue parfaitement de la guitare mais aussi du piano. Bref, il a tant de talent que John l’intègre à son groupe, non sans s’être inquiété : il est le leader du groupe, il n’a pas l’intention de passer la main à Paul, si talentueux soit-il. Le problème des futurs Beatles est déjà posé…Paul McCartney est né dans une famille aisée mais a subi, lui aussi, un traumatisme épouvantable : sa mère est morte un an plus tôt d’une embolie alors qu’il n’avait que 14 ans. Son père, représentant en cotonnades, l’a initié à la musique. Il lui a même offert une trompette que Paul a immédiatement échangée contre une guitare. Chaque matin, pour se rendre au lycée, Paul fait la route dans le bus scolaire avec George Harrison, son cadet d’un an, lui-aussi fan de rock. Ils ont tous les deux intégré le Liverpool Institute. George Harrison vient d’une famille pauvre, dernier de quatre enfants. Son père est conducteur de bus et sa mère vendeuse dans un magasin. Paul présente George à John Lennon. Lui aussi va faire partie des Quarry Men.

Liverpool-Hambourg : la naissance des Beatles

Julia, la vraie mère de John Lennon qui l’avait abandonné pendant plusieurs années, s’est rapprochée de lui. Il la découvre, ils discutent de musique. John amène son groupe chez elle. Ils jouent dans sa salle de bains. Mais un drame met fin à ces retrouvailles : le 15 juillet 1958, Julia est fauchée par une voiture à l’âge de 44 ans. Ce choc va bouleverser John Lennon et le rapprocher de Paul qui a vécu la même tragédie deux ans plus tôt. Beaucoup plus tard, Paul parviendra à faire son deuil, à travers sa chanson "Mother", en 1970.Dès lors, John et Paul se lancent se lancent à corps perdu dans la musique. Ils recrutent un nouveau bassiste, Stuart Suthcliffe, un Écossais. Ils changent le nom de leur groupe : ce sera d’abord Long John and the Silver Beetles, c’est à dire les scarabées d’argent. C’est un hommage à Long John Silver, le pirate de "L'Île au Trésor". Puis, ils s’appelleront, tout simplement, les Beatles, contraction de Beetle avec deux “e” et du mot Beat, le rythme.Ils se produisent dans une salle de Liverpool. Ils se font remarquer par un Allemand propriétaire d’un établissement à Hambourg nommé L’Indra. À cette époque, Hambourg a en commun avec Liverpool d’être un grand port européen avec ses docks mais en plus ses quartiers chauds, les sex-shops, cabarets de strip-tease et prostituées en vitrine. Au milieu de tout cela, quelques clubs de rock. L’Indra, en fait partie. Son propriétaire propose aux Beatles un contrat de deux mois.Ils débarquent le 16 août 1960 à Hambourg, alors considérée comme la ville la plus dépravée du monde. Mais John dira : "J’ai grandi à Hambourg, pas à Liverpool..."
La métamorphose du groupe est spectaculaire. Obligé d'enchaîner les standards jusqu’au petit matin devant un public parfois réticent, les garçons se surpassent. Ils découvrent aussi l’alcool et des pilules d’excitants pour tenir cette cadence infernale. Ils parviennent à enthousiasmer leur public. Le batteur d’un autre groupe dira : "C’est comme si les Beatles étaient entrés à Hambourg comme une vieille caisse pourrie, et étaient revenus à Liverpool aussi clinquants qu’une Rolls-Royce".

Grâce à leur manager, les Beatles triomphent à Londres

Effectivement, lorsqu’ils se produisent début 1961 dans deux clubs de Liverpool, le Tavern et le Top Ten, ils électrisent leur public. Ils rempliront d’autres contrats à Hambourg mais c’est au Tavern Club de Liverpool, le 9 novembre 1961, que leur vie va basculer. Brian Epstein est venu les entendre. Il a 27 ans. Son père est propriétaire du plus grand magasin de musique de Liverpool dont il dirige le rayon de disques. Il reviendra plusieurs soirs de suite avant de leur proposer d’être leur manager. Le contrat est signé le 29 janvier 1962.Epstein contacte George Martin, producteur d’une division de EMI, grande maison de disques cherchant de nouveaux talents. Les Beatles gagnent Londres et se produisent dans les studios du 3, Abbey Road, dans le quartier de Saint-John’s Wood. Grâce à eux, Abbey Road sera, un jour, connue du monde entier.Leur premier titre sera Love Me Do. John, Paul et George se sont choisi un nouveau batteur. Il s’appelle Ringo Starr. Son vrai nom est Richard Starke. Il est né lui aussi à Liverpool en 1940, dans un milieu modeste. Le trio l’avaient rencontré à Hambourg. Love me Do n’est pas un triomphe mais Please Please Me de John Lennon se retrouve au sommet des ventes en janvier 1963. Dès lors, chaque apparition du quatuor déchaine l’enthousiasme des fans. La Beatlemania est née.Epstein gère non seulement le contrat, les tournées, mais aussi l’image du groupe. Ainsi, John Lennon se marie en août 1962 avec Cynthia Powell, une camarade de classe à Liverpool. Elle est enceinte de lui. Epstein décide que le mariage restera caché. John Lennon ne sera même pas là pour la naissance de son fils le 8 avril 1963. Il ne fera la connaissance du petit Julian que trois jours plus tard.

En 1964, leur premier concert en France

Le 4 novembre, le groupe participe à la Royal Variety Performance, une émission de charité qui réunit 30 millions de téléspectateurs, enregistrée dans un grand théâtre de Londres. La reine mère et la princesse Margaret y assistent. On s’inquiète un peu de leurs réactions potentielles à cause du terrible accent des quatre garçons de Liverpool. On sait qu’en Angleterre, l’accent est un marqueur social impitoyable. Aucun problème : la reine mère déclare : "C’est l’un des meilleurs spectacles auxquels j’ai assisté. Les Beatles m’intriguent énormément".

Ils enchainent les disques et les triomphes. En janvier 1964, les Beatles traversent la Manche pour se produire à Paris, à l’Olympia, en première partie du spectacle de Sylvie Vartan. Pour les Français, ils sont de parfaits inconnus. Le premier soir, On les trouve bien mais sans plus. Mais dès le deuxième soir, ils volent la vedette à Sylvie Vartan, provoquant la colère de Johnny Hallyday. C’est à Paris qu’ils apprennent que leur disque "I want to hold your hand" se vend à 10.000 exemplaires à l’heure à New-York. Leur prochaine étape est la conquête de l’Amérique. Ils y débarquent en février 1964. Le pays est toujours en état de choc après l’assassinat du Président Kennedy quatre mois plus tôt. Leurs performances, leur humour, leurs chansons vont séduire les Etats-Unis. Bob Dylan écrira un an plus tard :
"Ils ont réalisé des choses que personne n’avait réalisé. Leurs accords étaient extravagants, juste extravagants, et pourtant leurs harmonies faisaient tout passer... Tout le monde pensait qu’il n’étaient que des idoles pour ados, qu’ils seraient vite balayés. Mais selon moi, c’était évident qu’ils étaient là pour durer. Je savais qu’ils pointaient du doigt la direction où la musique devait se tourner".Bob Dylan voyait juste. Les six années qui allaient suivre verraient naître un film étonnant, des albums éblouissants, quelques ratés, des failles aussi dans leur apparente cohésion.

Les six dernières années d'un groupe légendaire

Il y a d’abord un film "A hard days’night" que Richard Lester décide de tourner en noir et blanc, caméra au poing. Il va présenter les Beatles dans leur vie quotidienne, dans leurs tournées, poursuivis par des hordes de femmes à la limite de l’hystérie. Il va surtout définir l’identité de chaque membre du groupe : Paul le romantique, John le rebelle plutôt agressif, George le ténébreux un peu mystique et Ringo le clown attendrissant. Le film est une réussite totale. Et les chansons se vendent comme des petits pains : "She loves you" et "I want to hold your hand".

Le film suivant "Help !"(1965) est insignifiant, sans concept réel, mal réalisé mais avec de très bonnes chansons, dont la chanson-titre "Help !". Cette même année, en août 1965, Paul McCartney sort son chef d’oeuvre, tout seul, "Yesterday". C’est l’année où les Beatles sont décorés par la Reine. Mais avec "Yesterday", c’est aussi l’année où John Lennon devient jaloux de Paul McCartney. Néanmoins, le quatuor continue. Il y aura en 1966 l’album "Revolver" qui est sous acides, en parfait accord avec le "Swinging London". La drogue fait partie de leur univers, comme à peu près tous les groupes et célébrités de cette époque.

Deux titres feront mouche : le dépressif "Eleanor Rigby" et surtout le triomphe de l’inclassable "Yellow Submarine" puis celui de "All you need is love". C’est alors qu’un terrible choc va les traumatiser et les amener à réfléchir sur leur vie trépidante et surtout sur leur avenir professionnel. Leur manager, Brian Epstein, meurt le 27 août 1967, à l’âge de 32 ans. Officiellement, il s’agit d’une overdose accidentelle de barbituriques. Mais Epstein venait de perdre son père, était dépressif et avait déjà fait des tentatives de suicide.Les héros sont fatigués. Ils n’ont pas arrêté de travailler, de créer. Ils ont besoin de souffler, de réfléchir. Bref, de spiritualité. C’est George Harrison et sa femme Pattie qui leur font connaître le Maharishi. Ce personnage dirige le mouvement de la méditation transcendantale en Inde. George et Pattie sont déjà allés en Inde. Le plus mystique des Beatles a une passion pour la musique indienne. Il a appris à la connaître avec le célèbre Ravi Shankar. Le groupe, au grand complet, avec épouses et compagne, débarque dans le nord de l’Inde pour suivre un séminaire de méditation dirigé par le Maharishi. Cela se passe dans l’ashram du gourou. Il est supposé durer de février à mai 1968. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Ringo et sa femme Maureen repartent au bout de dix jours car lui souffre de colopathie et ne supporte pas la cuisine indienne. De plus, le couple veut retrouver ses enfants Zak, 2 ans et demi, et Jason 8 mois. Paul McCartney, qu’accompagne la comédienne de théâtre Jane Asher, rentre à Londres un mois plus tard, le 23 mars. Les quatre derniers, John, George et leurs épouses quittent l’ashram le 10 avril. Ils sont très en colère contre le gourou qui aurait abusé de la vulnérabilité de l’actrice Mia Farrow pour lui faire des avances lors d’une séance "privée" de méditation... Bref, cette méditation transcendantale n’a pas produit les effets escomptés…

Vient la rupture…

Il y aura encore deux albums, l’album "blanc", puis Abbey Road en 1969. Ce sont deux énormes succès mais les séances d’enregistrement ont été un calvaire. John Lennon a divorcé de Cynthia et vit désormais avec Yoko Ono qui est présente à toutes les sessions, se mêle de tout et exaspère les trois autres Beatles. Quant à Paul McCartney, il a quitté Jane Asher. En effet, il est tombé amoureux d’une photographe américaine, Linda, qui sera la femme de sa vie. Il l’épouse le 12 mars 1969. Dix jours plus tard, John Lennon épouse Yoko Ono à Gibraltar. Il avait prévu de quitter le groupe en septembre 1970 mais c’est Paul qui prend l’initiative de la rupture en avril.Personne ne peut croire que c’est une séparation définitive et pourtant, c’est le cas.
Il y aura des mesquineries, un procès de Paul pour des questions de droits mais jamais les Beatles ne se reformeront. Désormais, chacun suivra son chemin avec plus ou moins de succès. John Lennon, après quelques errances avec sa femme, enregistre des albums. Paul écrit en 1973 "Live and let die", bande originale d’un film de la série des James Bond en 1973.Le décembre 1980, l’assassinat de John Lennon, au pied de son immeuble new-yorkais par un déséquilibré, sera la tragédie définitive des Beatles. Paul McCartney n’avait pas revu depuis plus de quatre ans celui qui avait été son ami. Leurs liens s’étaient distendus. Le groupe n’existait déjà plus depuis dix ans. George Harrison mourra en novembre 2001 d’un cancer généralisé. Deux ans auparavant, il avait été, lui aussi, attaqué par un déséquilibré qui lui avait infligé 40 coups de couteau ! Un traumatisme dont il ne s’était jamais remis.Aujourd’hui, la musique des Beatles continue d’exister grâce à des rééditions permanentes. Elle parle au cœur de toutes les générations. Même si elles incarnent une époque, les Magic Sixteens, on constate aussi qu’elles sont intemporelles. Paul est toujours là. Il donne toujours des concerts. Il enchante encore un public fidèle. Il a raison. Les chansons des Beatles sont éternelles.

 

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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars 

Cheffe de projet : Adèle Ponticelli

Réalisation : Guillaume Vasseau

Diffusion et édition : Clémence Olivier

Graphisme : Europe 1 Studio

Bibliographie : Frédéric Granier Les Beatles, quatre garçons dans le siècle (Perrin,2020)

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