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Société
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Théodora, la prostituée devenue impératrice (partie 2)

Récemment, on a beaucoup parlé de Sainte-Sophie, à Istanbul. Longtemps musée, l’ancienne basilique est redevenue une mosquée durant l’été 2020. Mais saviez-vous que ce monument symbolique doit son aspect actuel à une reconstruction orchestrée en 532 par l’empereur Justinien et sa épouse, Théodora ? Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'Histoire", Jean des Cars vous raconte comment cette ancienne prostituée a exercé le pouvoir d'une main de fer, aux côtés de son mari. Après l'échec de son premier mariage, Théodora est parvenue à se hisser de la courtisanerie au trône de Byzance. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire" , Jean des Cars vous raconte le règne mémorable de cette impératrice pas comme les autres… Désormais, et pour la première fois dans l’Empire d’Orient, le pouvoir est bicéphale : les fonctionnaires font allégeance au couple impérial en les appelant "Nos très divins et très pieux maîtres Justinien et Théodora". Mais comme celle-ci ne peut pas prendre part officiellement au Conseil du Gouvernement, elle va agir d’une façon plus discrète, dans les coulisses du pouvoir. Les deux époux s’entourent de personnes sûres, en qui ils peuvent avoir confiance. Le premier de ces fidèles est le général Bélisaire. Il est le bras armé de Justinien. Théodora lui a fait épouser Antonina, une de ses amies de l’Hippodrome. Elle a quelques années de plus que Bélisaire, elle l’accompagne dans toutes ses campagnes et sert d’agent de renseignements auprès de Théodora. L’impératrice se sert d’Antonina pour influencer Bélisaire et orienter ses décisions. Un autre général important de Justinien est Sippas. Théodora va le marier à sa sœur aînée, Comito. Pour cet homme, c’est un grand honneur d’entrer dans le cercle familial du souverain. En fait, si l’on se penche sur les proches du couple impérial, on réalise que tous sont sous la surveillance vigilante de Théodora… La reconquête de l’Empire Romain Justinien est un conquérant. Même si on ne le voit pas sur les champs de bataille. Il fait confiance à ses généraux. Son but est la restauration de l’Empire Romain. Il veut récupérer les territoires conquis par les barbares et y répandre, à nouveau, le catholicisme. Il commence par l’Afrique du Nord, autrefois grenier à blé de Rome et occupée par les Vandales depuis le Vème siècle. En 533, Bélisaire, accompagné d’Antonina, lance une offensive contre Carthage. Il prend la ville en moins de trois semaines. Pour fêter cette victoire, Justinien rétablit le vieil usage romain du "triomphe" : Bélisaire et son armée, suivis de prisonniers et du butin, défilent dans Constantinople jusqu’à l'Hippodrome, aux pieds de la loge impériale où ont pris place Justinien et Théodora.Après l’Afrique du Nord, c’est à la frontière orientale que l’empereur va s’attaquer. Il mène de nombreux assauts aussi bien en Europe qu’en Syrie et en Egypte pour tenter de stabiliser le flanc de l’Empire. Mais son plus grand rêve est de reconquérir la péninsule italienne.Celle-ci est aux mains des rois Ostrogoths qui entretiennent avec Constantinople de bonnes relations diplomatiques, mais ils sont totalement indépendants de l’Empire d’Orient. Les querelles dynastiques qui déchirent les royaumes Ostrogoths après la mort du roi Théodoric vont donner à Justinien et à Théodora l’occasion de s’imposer en Italie. Le prétexte est de venger la mort de la fille de Théodoric, assassinée par son mari, Théodat, le nouveau roi Ostrogoth. En 535, deux armées impériales débarquent dans la péninsule, l’une depuis la Dalmatie, l’autre dirigée par Bélisaire, depuis la Sicile. Bélisaire prend Rome en décembre 536. La ville n’est pas la capitale du royaume Ostrogoth, mais la résidence du pape qu’il était important de soulager du poids de l’envahisseur. L’année suivante, Bélisaire part à la conquête du nord de la péninsule. En 540, il s’empare de Ravenne, la capitale des Ostrogoths. L’Italie est entièrement reconquise. Justinien et Théodora n’ont plus qu’à apposer leur marque sur les territoires de l'ancien Empire d’Occident. Ils sont des souverains bâtisseurs. Et ils l’ont déjà prouvé à Constantinople.L’âge d’or de l’art byzantinJustinien et Théodora veulent tout d’abord réinventer Constantinople. En 527, ils ont construit une première église à l’intérieur du palais. Mais le plus grand défi architectural de Justinien est, bien sûr, la reconstruction de Sainte-Sophie après l’incendie qui l’avait détruite lors de la révolte de Nika.Cette église était primordiale car elle avait été conçue par Constantin comme le lieu de sépulture des empereurs et des patriarches de Constantinople. Il fallut cinq années aux architectes Anthénios de Tralles et Isidore de Milet pour la rebâtir. Elle est inaugurée le 27 décembre 537. L’immense coupole de 30 mètres de diamètre repose sur des colonnes : une véritable prouesse technique. Dédiée à la Sainte-Sagesse (Aya Sophia), l’édifice est le joyau de Constantinople. Justinien n’oublie pas Théodora : elle est associée à lui dans la dédicace gravée près de l’autel : "Nous t’offrons ce qui est à toi par ce qui est déjà à toi, Ô Christ, nous, tes serviteurs, Justinien et Théodora. Veuille l’accepter avec bienveillance, Fils et Verbe de Dieu qui t’es incarné et a été crucifié pour nous."Lors de l’inauguration de Sainte-Sophie, Justinien se serait écrié : "Salomon, je t’ai vaincu !". Cela voulait dire que Sainte-Sophie était plus belle et plus grande que le Temple de Salomon à Jérusalem.Le décor intérieur de la basilique est somptueux avec ses mosaïques d’or qui sont la spécificité de l’art byzantin. Beaucoup ont disparu au cours des siècles. Il en subsistait quelques unes au premier étage. Elles ne seront sans doute plus accessibles aujourd’hui…D’autres édifices vont embellir Constantinople. Théodora fait construire le palais de la Metanoïa, ce qui signifie la Rédemption, destiné à accueillir des prostituées repenties. La marque de Justinien et de Théodora sera apposée dans toutes les grandes cités de l’Empire : dans l’église Saint-Jean à Ephèse, une fresque représente le couple impérial couronné par le Christ. De même à Antioche. Mais le triomphe architectural du couple impérial se situe, bien sûr, à Ravenne. C’est l’église Saint-Vital. L’évêque Maximien en dirige les travaux. L’intérieur est entièrement décoré de mosaïques polychromes. De nombreuses scènes de l’Ancien Testament y sont représentées, mais les plus extraordinaires se situent de part et d’autre de l’abside. Ce sont deux grands panneaux : Justinien figure au centre du premier, vêtu d’une tunique pourpre, retenue sur l’épaule droite par une fibule ornée de perles. Il est couronné d’un diadème à pendeloque perlée. A sa gauche, il y a Maximien, le constructeur, tenant une croix entre ses mains.En face de la mosaïque de l’empereur, se trouve celle de Théodora. Son attitude hiératique est renforcée par les lourds plis de sa robe de pourpre et par son diadème de perles. Ses larges yeux bruns semblent fixés dans ceux de Justinien, placé en face d’elle. Derrière l’Impératrice, se tiennent deux dames d’honneur richement vêtues.La basilique est consacrée en 547 par l’évêque Maximien. Elle est aujourd’hui parfaitement intacte. Ravenne mérite une visite : c’est le seul endroit où l’on puisse encore voir intact ce couple majestueux et triomphant.L’exercice du pouvoirJustinien et Théodora ont institué un rituel de cour beaucoup plus poussé que leurs prédécesseurs. Ils se font désormais appeler non pas "empereur" et "impératrice" mais "maître" (Despotès, en grec) et "maîtresse". Le reste du monde était des serviteurs…Les visiteurs de Justinien et de Théodora devaient, pour les saluer, s’allonger face contre terre et baiser les pieds de l’un et de l’autre. Le couple impérial reprenait le code des monarchies orientales qui avaient revendiqué la supériorité d’essence divine du roi. C’est une rupture complète avec le vieil esprit romain dont ils prétendent, pourtant, assurer la continuité. Pour autant, le comportement de Justinien est totalement différent lors des audiences privées. L’empereur est un homme simple, affable et accessible. En revanche, Théodora cultive son image d’icône inabordable. Elle peut faire attendre des heures les gens qui ont obtenu une audience. Et elle peut se montrer parfaitement odieuse si elle a décidé de l’être !Justinien n’est pas seulement connu comme un conquérant et un bâtisseur. Il est aussi un juriste. Le code, dit de Justinien, est une des bases du droit romain. C’est un grand législateur et il ne craint pas d’associer Théodora à son œuvre. Si elle n’a pas le droit de légiférer, elle inspire souvent son époux. Les mesures prises par Justinien contre la prostitution, condamnant les proxénètes, ont été soufflées par Théodora. Pour montrer son engagement auprès de son mari, elle va racheter plusieurs filles pour les placer dans son couvent de la Rédemption.Justinien va aussi réformer les lois contre l’adultère. Désormais, si l’épouse fautive est toujours envoyée dans un monastère, son mari a deux ans pour lui pardonner. Mais Justinien et Théodora ne font pas que réécrire la loi ensemble. Ils sont profondément attachés l’un à l’autre. Et un épisode dramatique s’apprête à les faire chanceler…Un couple uni face aux épreuvesEn 541, la peste bubonique touche Constantinople. Elle fait des ravages. Le chroniqueur Procope parle de 5 000 morts et Jean d'Éphèse annonce 16 000 victimes. Le plus grave est que l’empereur est atteint… Ses chances de survie sont si faibles qu’on le croit condamné. La rumeur se répand comme une traînée de poudre. Or, Justinien n’a pas désigné d’héritier et le couple n’a pas eu d’enfant ensemble. La rumeur gagne les armées. Bélisaire et d’autres généraux, alors en Orient, déclarent qu’ils ne rentreront pas à Constantinople si Justinien meurt et si Théodora prend seule la décision de nommer son successeur. Cette nouvelle stupéfie l‘impératrice. Elle comprend que son autorité ne dépend que de son époux. Si Justinien décédait, elle disparaîtrait politiquement. Heureusement pour Théodora, son mari survit à l’épidémie. Sa vengeance contre ceux qui ont voulu l’effacer va être terrible… Elle convoque d’abord au palais un des généraux qui l’avaient trahie, Bouzès. Elle le fait emprisonner immédiatement dans les geôles. Il y restera plus de deux ans, le temps que la colère de Théodora s’apaise.Pour Bélisaire, l’affaire est beaucoup plus grave ; il est le fidèle des fidèles et c’est lui qui a réalisé les plus belles conquêtes de Justinien. Mais Théodora parvient à persuader son époux que Bélisaire l’a trahi pendant qu’il était malade. L’empereur lui retire le commandement de l’armée d’Orient. Il n’est plus rien. Il est mis en quarantaine pendant quelques mois avant d’être lui aussi pardonné par l’impératrice. Mais l’injustice dont il a été victime l’a irrémédiablement détruit.Dans l’exercice du pouvoir, Théodora s’est montrée impitoyable, et parfois très injuste. Justinien avait fait d’elle son premier lieutenant et jusqu’à l’épidémie de peste, elle a parfaitement joué ce rôle. Elle tirait les ficelles de l’Etat, donnait des avis en matière de religion ou de législation. Elle avait constitué des réseaux. Elle s’était aussi mêlée de la vie privée des gens dépendant d’elle, les obligeant à des unions qu’ils ne désiraient pas ou les empêchant de se marier ! Elle prenait un certain plaisir à humilier les grandes familles en les forçant à fréquenter, voire à épouser des hommes ou des femmes de basse extraction. Cette revanche sociale l’exaltait. Elle était dure, puissante et rancunière. Seule la maladie de Justinien lui a fait comprendre la fragilité de sa position.Le parcours de Théodora est unique. Partie de la pire des conditions, elle s’est élevée à la plus haute position, au sommet du pouvoir de l’Empire. Elle s’éteint avant son époux, le 28 mai 548, probablement d’un cancer. Elle ne lui aura jamais donné de successeur. Sa dépouille, dans sa robe impériale parée de perles et de bijoux précieux, est placée dans un sarcophage d’albâtre. Il est déposée dans le mausolée impérial, alors inachevé. Ce monument n’est inauguré que le 28 mai 550, le jour du second anniversaire de sa mort.Justinien, dont elle avait été l’épouse, l’âme sœur et la partenaire du pouvoir, continue de rendre hommage à sa bien-aimée. Après sa victoire sur les Huns, en août 559, en rentrant à Constantinople, il s’arrête sur la tombe de Théodora. Il fait allumer des cierges et prie longuement. ll ne s’est jamais remarié. Personne ne pouvait remplacer Théodora ni comme épouse, ni comme confidente. Justinien meurt le 15 novembre 565. A son tour, il repose dans un sarcophage d’albâtre, dans le mausolée impérial, au coté de celle qui l’attendait depuis dix-sept ans. Références bibliographiques :Virginie Girod, Théodora, prostituée et impératrice de Byzance (Tallandier, 2020)Marcel Brion, L’aventureuse réussite de Théodora (Gallimard, 1934)  Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , SoundCloud , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1   "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio Auteur et présentation : Jean des Cars Production : Timothée Magot Réalisation : Jean-François Bussière Diffusion et édition : Clémence OlivierGraphisme : Karelle Villais    

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La bataille de Teutobourg, la pire défaite de l’armée romaine

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Virginie Girod raconte la bataille de Teutobourg dans un épisode inédit d'Au coeur de l'Histoire.<br /> <br /> En l'an 9 de notre ère, l'Empire romain essuie la pire défaite militaire de son histoire. En Germanie, à l'Est du Rhin, les troupes du gouverneur Varus avancent dans les bois de Teutobourg quand soudain, des hordes de Germains surgissent de toute part. Après trois jours de bataille, les Romains sont défaits, trahis par Arminius, qu'ils croyaient être l'un des leurs. <br /> <br /> Cet épisode a été réalisé en partenariat avec les éditions Dargaud et la bande-dessinée "Les Aigles de Rome", d'Enrico Marini.

31 janvier 2025 - 18 min

Isabelle d’Angoulême, reine-comtesse par-delà les mers

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Isabelle d’Angoulême est une figure marquante du Moyen-Âge. Une comtesse ambitieuse et influente qui a accédé au trône d’Angleterre grâce à son mariage avec Jean sans Terre. Mais à la mort de ce dernier, elle ne s’est pas résignée à abandonner le pouvoir. De retour sur ses terres natales, elle a géré le comté d’Angoulême avec une poigne de fer se faisant appeler « reine-comtesse ». Mère du roi Henri III d’Angleterre, elle a aussi su jouer un rôle clé dans les conflits entre l’Angleterre et la France.<br />

30 janvier 2025 - 15 min

ENTRETIEN - Pourquoi Henri IV était-il surnommé le Vert-Galant ? Avec Flavie Leroux

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Face à la gent féminine, Henri IV, a, semble-t-il, toujours fait preuve d’une certaine faiblesse. Marié à Marguerite de Valois, puis à Marie de Médicis pour des raisons politiques, celui que l’on surnomme le Vert-Galant a vécu des passions ardentes avec de nombreuses maîtresses, Gabrielle d’Estrées et Henriette d’Entragues en premier lieu.<br /> <br /> Ces femmes ont été plus que des amantes. Elles étaient des « presque reines », et bien souvent les mères de bâtards royaux.<br /> <br /> Pour évoquer ces femmes souvent détestées à leur époque, Virginie Girod reçoit l'historienne Flavie Leroux. Spécialiste d’histoire de la cour et des femmes en France à l’époque moderne, en particulier des maîtresses royales, elle est l’auteure de plusieurs livres à ce sujet, dont "L’autre famille royale", disponible aux éditions Passés Composés.

29 janvier 2025 - 20 min

[2/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne

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Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), régente avide de pouvoir.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Henri IV, roi de France et fondateur de la dynastie des Bourbons, meurt assassiné par Ravaillac. Son épouse, Marie de Médicis, devient alors régente du royaume, rôle qu'elle devra assurer jusqu'à la majorité de Louis XIII...

27 janvier 2025 - 13 min

[1/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne

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Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), héritière florentine devenue la seconde épouse du roi Henri IV. <br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Marie de Médicis , fille du grand duc de Toscane, naît en 1575, à Florence. Héritière la plus riche d'Europe, la jeune femme est très convoitée et épouse le roi de France, Henri IV, en 1600, à l'âge de 25 ans. Neuf mois après les noces, elle donne naissance à l'héritier du trône, le futur Louis XIII.

27 janvier 2025 - 14 min

TEASER - Qui est le Vert-Galant ?

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Quel roi de France surnomme-t-on le Vert Galant ? Henri IV, bien sûr ! Tout au long de sa vie, celui qui hérite de la couronne en 1589 multiplie les liaisons amoureuses… et charnelles ! Plusieurs dizaines de maîtresses auraient reçu ses faveurs parmi lesquelles Gabrielle d’Estrées ou Henriette d’Entragues. <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez un entretien inédit dans lequel Virginie Girod recevra l’historienne Flavie Leroux afin de s'intéresser aux amours du bon roi Henri et à l’influence réelle ou fantasmée de ses favorites.

26 janvier 2025 - 01 min

ENTRETIEN - La vie dans une maison close au XIXe siècle.

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En 1946, la loi Marthe Richard abolit le système de prostitution réglementé et entraine la fermeture des maisons closes en France. Depuis un siècle, la fréquentation de ces maisons de tolérance était une pratique masculine courante. Mais quelle était la réalité du quotidien de celles que l’on appelle les filles de joie dans les bordels ? Ces femmes, immortalisées par des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Edgar Degas avait-elle la possibilité de sortir de la prostitution ?<br /> <br /> Pour en parler Virginie Girod reçoit l’historienne Catherine Menciassi-Authier. Spécialiste de l’histoire des femmes au XIXe siècle, elle est notamment l’auteure de l’ouvrage "Femmes d'exception, femmes d'influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle", paru aux éditions Armand Colin.

25 janvier 2025 - 22 min

[1/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

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Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), jeune cousette devenue courtisane influente du Tout-Paris.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double-récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Émilie-Louise Delabigne naît en 1848 dans la quartier Poissonnière, à Paris. Issue d'une fratrie de 7, elle mène une enfance misérable et travaille très tôt comme cousette. Dans le Paris du XIXe siècle, hormis les bourgeoises et les aristocrates, toutes les femmes travaillent, exerçant des métiers difficiles et mal payés dans les ateliers, les usines ou les marchés. Certaines n'ont alors d'autres choix que de s'adonner à la prostitution. Bientôt, celle qui se fait désormais appeler Valtesse de la Bigne fait ses débuts dans le demi-monde.

23 janvier 2025 - 14 min

2/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

2/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), demi-mondaine ayant inspiré le personnage de Nana, dans le roman éponyme d'Émile Zola.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double-récit d'Au cœur de l'Histoire, Valtesse de la Bigne commence une carrière sur les planches des théâtres parisiens et se fait une place dans le milieu des courtisanes, prostituées de haut vol. Fréquentant les jeunes auteurs à la mode et les cafés parisiens où se retrouve la bonne société, elle perfectionne ses connaissances et apprend l’art de converser. A la fin des années 1870, Valtesse de la Bigne est devenue l’une de ces grandes horizontales les plus recherchée par l’élite parisienne.

23 janvier 2025 - 14 min

ENTRETIEN - Quand le spiritisme passionne l'Europe.

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Esprit, es-tu là ? Dans la seconde partie du XIXe siècle, un phénomène venu des Etats-Unis déferle sur l’Europe. Au spiritualisme incarnée par les mystérieuses sœurs Fox - entrées en communication avec un fantôme - succède le spiritisme, une philosophie inventée par Allan Kardec, figure française de la communication avec l’au-delà. Des médiums et des photographes spirites se font alors un nom, quand les salons accueillent séances de tables tournantes et de lévitation.<br /> <br /> Mais comment expliquer l’ampleur de ce phénomène ? Le spiritisme est-il synonyme de science, comme le pensait l’astronome Camille Flammarion, ou de charlatanisme ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit Philippe Baudouin. Maître de conférences en histoire des médias à l’Université Paris-Saclay, il a consacré de nombreux ouvrages à l’histoire de l’occultisme, dont "Apparitions" aux éditions Hoëbeke.

22 janvier 2025 - 20 min

À propos

Récemment, on a beaucoup parlé de Sainte-Sophie, à Istanbul. Longtemps musée, l’ancienne basilique est redevenue une mosquée durant l’été 2020. Mais saviez-vous que ce monument symbolique doit son aspect actuel à une reconstruction orchestrée en 532 par l’empereur Justinien et sa épouse, Théodora ? Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'Histoire", Jean des Cars vous raconte comment cette ancienne prostituée a exercé le pouvoir d'une main de fer, aux côtés de son mari. 


Après l'échec de son premier mariage, Théodora est parvenue à se hisser de la courtisanerie au trône de Byzance. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire" , Jean des Cars vous raconte le règne mémorable de cette impératrice pas comme les autres… 

Désormais, et pour la première fois dans l’Empire d’Orient, le pouvoir est bicéphale : les fonctionnaires font allégeance au couple impérial en les appelant "Nos très divins et très pieux maîtres Justinien et Théodora". Mais comme celle-ci ne peut pas prendre part officiellement au Conseil du Gouvernement, elle va agir d’une façon plus discrète, dans les coulisses du pouvoir. 

Les deux époux s’entourent de personnes sûres, en qui ils peuvent avoir confiance. Le premier de ces fidèles est le général Bélisaire. Il est le bras armé de Justinien. Théodora lui a fait épouser Antonina, une de ses amies de l’Hippodrome. Elle a quelques années de plus que Bélisaire, elle l’accompagne dans toutes ses campagnes et sert d’agent de renseignements auprès de Théodora. L’impératrice se sert d’Antonina pour influencer Bélisaire et orienter ses décisions. 

Un autre général important de Justinien est Sippas. Théodora va le marier à sa sœur aînée, Comito. Pour cet homme, c’est un grand honneur d’entrer dans le cercle familial du souverain. En fait, si l’on se penche sur les proches du couple impérial, on réalise que tous sont sous la surveillance vigilante de Théodora… 

La reconquête de l’Empire Romain 

Justinien est un conquérant. Même si on ne le voit pas sur les champs de bataille. Il fait confiance à ses généraux. Son but est la restauration de l’Empire Romain. Il veut récupérer les territoires conquis par les barbares et y répandre, à nouveau, le catholicisme. 

Il commence par l’Afrique du Nord, autrefois grenier à blé de Rome et occupée par les Vandales depuis le Vème siècle. En 533, Bélisaire, accompagné d’Antonina, lance une offensive contre Carthage. Il prend la ville en moins de trois semaines. Pour fêter cette victoire, Justinien rétablit le vieil usage romain du "triomphe" : Bélisaire et son armée, suivis de prisonniers et du butin, défilent dans Constantinople jusqu’à l'Hippodrome, aux pieds de la loge impériale où ont pris place Justinien et Théodora.

Après l’Afrique du Nord, c’est à la frontière orientale que l’empereur va s’attaquer. Il mène de nombreux assauts aussi bien en Europe qu’en Syrie et en Egypte pour tenter de stabiliser le flanc de l’Empire. Mais son plus grand rêve est de reconquérir la péninsule italienne.

Celle-ci est aux mains des rois Ostrogoths qui entretiennent avec Constantinople de bonnes relations diplomatiques, mais ils sont totalement indépendants de l’Empire d’Orient. Les querelles dynastiques qui déchirent les royaumes Ostrogoths après la mort du roi Théodoric vont donner à Justinien et à Théodora l’occasion de s’imposer en Italie. Le prétexte est de venger la mort de la fille de Théodoric, assassinée par son mari, Théodat, le nouveau roi Ostrogoth. 

En 535, deux armées impériales débarquent dans la péninsule, l’une depuis la Dalmatie, l’autre dirigée par Bélisaire, depuis la Sicile. Bélisaire prend Rome en décembre 536. La ville n’est pas la capitale du royaume Ostrogoth, mais la résidence du pape qu’il était important de soulager du poids de l’envahisseur. L’année suivante, Bélisaire part à la conquête du nord de la péninsule. En 540, il s’empare de Ravenne, la capitale des Ostrogoths. 

L’Italie est entièrement reconquise. Justinien et Théodora n’ont plus qu’à apposer leur marque sur les territoires de l'ancien Empire d’Occident. Ils sont des souverains bâtisseurs. Et ils l’ont déjà prouvé à Constantinople.

L’âge d’or de l’art byzantin

Justinien et Théodora veulent tout d’abord réinventer Constantinople. En 527, ils ont construit une première église à l’intérieur du palais. Mais le plus grand défi architectural de Justinien est, bien sûr, la reconstruction de Sainte-Sophie après l’incendie qui l’avait détruite lors de la révolte de Nika.

Cette église était primordiale car elle avait été conçue par Constantin comme le lieu de sépulture des empereurs et des patriarches de Constantinople. Il fallut cinq années aux architectes Anthénios de Tralles et Isidore de Milet pour la rebâtir. Elle est inaugurée le 27 décembre 537. L’immense coupole de 30 mètres de diamètre repose sur des colonnes : une véritable prouesse technique. Dédiée à la Sainte-Sagesse (Aya Sophia), l’édifice est le joyau de Constantinople. 

Justinien n’oublie pas Théodora : elle est associée à lui dans la dédicace gravée près de l’autel : "Nous t’offrons ce qui est à toi par ce qui est déjà à toi, Ô Christ, nous, tes serviteurs, Justinien et Théodora. Veuille l’accepter avec bienveillance, Fils et Verbe de Dieu qui t’es incarné et a été crucifié pour nous."

Lors de l’inauguration de Sainte-Sophie, Justinien se serait écrié : "Salomon, je t’ai vaincu !". Cela voulait dire que Sainte-Sophie était plus belle et plus grande que le Temple de Salomon à Jérusalem.

Le décor intérieur de la basilique est somptueux avec ses mosaïques d’or qui sont la spécificité de l’art byzantin. Beaucoup ont disparu au cours des siècles. Il en subsistait quelques unes au premier étage. Elles ne seront sans doute plus accessibles aujourd’hui…

D’autres édifices vont embellir Constantinople. Théodora fait construire le palais de la Metanoïa, ce qui signifie la Rédemption, destiné à accueillir des prostituées repenties. 

La marque de Justinien et de Théodora sera apposée dans toutes les grandes cités de l’Empire : dans l’église Saint-Jean à Ephèse, une fresque représente le couple impérial couronné par le Christ. De même à Antioche. Mais le triomphe architectural du couple impérial se situe, bien sûr, à Ravenne. 

C’est l’église Saint-Vital. L’évêque Maximien en dirige les travaux. L’intérieur est entièrement décoré de mosaïques polychromes. De nombreuses scènes de l’Ancien Testament y sont représentées, mais les plus extraordinaires se situent de part et d’autre de l’abside. Ce sont deux grands panneaux : Justinien figure au centre du premier, vêtu d’une tunique pourpre, retenue sur l’épaule droite par une fibule ornée de perles. Il est couronné d’un diadème à pendeloque perlée. A sa gauche, il y a Maximien, le constructeur, tenant une croix entre ses mains.

En face de la mosaïque de l’empereur, se trouve celle de Théodora. Son attitude hiératique est renforcée par les lourds plis de sa robe de pourpre et par son diadème de perles. Ses larges yeux bruns semblent fixés dans ceux de Justinien, placé en face d’elle. Derrière l’Impératrice, se tiennent deux dames d’honneur richement vêtues.

La basilique est consacrée en 547 par l’évêque Maximien. Elle est aujourd’hui parfaitement intacte. Ravenne mérite une visite : c’est le seul endroit où l’on puisse encore voir intact ce couple majestueux et triomphant.

L’exercice du pouvoir

Justinien et Théodora ont institué un rituel de cour beaucoup plus poussé que leurs prédécesseurs. Ils se font désormais appeler non pas "empereur" et "impératrice" mais "maître" (Despotès, en grec) et "maîtresse". Le reste du monde était des serviteurs…

Les visiteurs de Justinien et de Théodora devaient, pour les saluer, s’allonger face contre terre et baiser les pieds de l’un et de l’autre. Le couple impérial reprenait le code des monarchies orientales qui avaient revendiqué la supériorité d’essence divine du roi. C’est une rupture complète avec le vieil esprit romain dont ils prétendent, pourtant, assurer la continuité. 

Pour autant, le comportement de Justinien est totalement différent lors des audiences privées. L’empereur est un homme simple, affable et accessible. En revanche, Théodora cultive son image d’icône inabordable. Elle peut faire attendre des heures les gens qui ont obtenu une audience. Et elle peut se montrer parfaitement odieuse si elle a décidé de l’être !

Justinien n’est pas seulement connu comme un conquérant et un bâtisseur. Il est aussi un juriste. Le code, dit de Justinien, est une des bases du droit romain. C’est un grand législateur et il ne craint pas d’associer Théodora à son œuvre. Si elle n’a pas le droit de légiférer, elle inspire souvent son époux. Les mesures prises par Justinien contre la prostitution, condamnant les proxénètes, ont été soufflées par Théodora. Pour montrer son engagement auprès de son mari, elle va racheter plusieurs filles pour les placer dans son couvent de la Rédemption.

Justinien va aussi réformer les lois contre l’adultère. Désormais, si l’épouse fautive est toujours envoyée dans un monastère, son mari a deux ans pour lui pardonner. 

Mais Justinien et Théodora ne font pas que réécrire la loi ensemble. Ils sont profondément attachés l’un à l’autre. Et un épisode dramatique s’apprête à les faire chanceler…

Un couple uni face aux épreuves

En 541, la peste bubonique touche Constantinople. Elle fait des ravages. Le chroniqueur Procope parle de 5 000 morts et Jean d'Éphèse annonce 16 000 victimes. Le plus grave est que l’empereur est atteint… Ses chances de survie sont si faibles qu’on le croit condamné. 

La rumeur se répand comme une traînée de poudre. Or, Justinien n’a pas désigné d’héritier et le couple n’a pas eu d’enfant ensemble. La rumeur gagne les armées. Bélisaire et d’autres généraux, alors en Orient, déclarent qu’ils ne rentreront pas à Constantinople si Justinien meurt et si Théodora prend seule la décision de nommer son successeur. 

Cette nouvelle stupéfie l‘impératrice. Elle comprend que son autorité ne dépend que de son époux. Si Justinien décédait, elle disparaîtrait politiquement. Heureusement pour Théodora, son mari survit à l’épidémie. Sa vengeance contre ceux qui ont voulu l’effacer va être terrible… 

Elle convoque d’abord au palais un des généraux qui l’avaient trahie, Bouzès. Elle le fait emprisonner immédiatement dans les geôles. Il y restera plus de deux ans, le temps que la colère de Théodora s’apaise.

Pour Bélisaire, l’affaire est beaucoup plus grave ; il est le fidèle des fidèles et c’est lui qui a réalisé les plus belles conquêtes de Justinien. Mais Théodora parvient à persuader son époux que Bélisaire l’a trahi pendant qu’il était malade. L’empereur lui retire le commandement de l’armée d’Orient. Il n’est plus rien. Il est mis en quarantaine pendant quelques mois avant d’être lui aussi pardonné par l’impératrice. Mais l’injustice dont il a été victime l’a irrémédiablement détruit.

Dans l’exercice du pouvoir, Théodora s’est montrée impitoyable, et parfois très injuste. Justinien avait fait d’elle son premier lieutenant et jusqu’à l’épidémie de peste, elle a parfaitement joué ce rôle. Elle tirait les ficelles de l’Etat, donnait des avis en matière de religion ou de législation. Elle avait constitué des réseaux. Elle s’était aussi mêlée de la vie privée des gens dépendant d’elle, les obligeant à des unions qu’ils ne désiraient pas ou les empêchant de se marier ! Elle prenait un certain plaisir à humilier les grandes familles en les forçant à fréquenter, voire à épouser des hommes ou des femmes de basse extraction. Cette revanche sociale l’exaltait. Elle était dure, puissante et rancunière. Seule la maladie de Justinien lui a fait comprendre la fragilité de sa position.

Le parcours de Théodora est unique. Partie de la pire des conditions, elle s’est élevée à la plus haute position, au sommet du pouvoir de l’Empire. Elle s’éteint avant son époux, le 28 mai 548, probablement d’un cancer. Elle ne lui aura jamais donné de successeur. Sa dépouille, dans sa robe impériale parée de perles et de bijoux précieux, est placée dans un sarcophage d’albâtre. Il est déposée dans le mausolée impérial, alors inachevé. Ce monument n’est inauguré que le 28 mai 550, le jour du second anniversaire de sa mort.

Justinien, dont elle avait été l’épouse, l’âme sœur et la partenaire du pouvoir, continue de rendre hommage à sa bien-aimée. Après sa victoire sur les Huns, en août 559, en rentrant à Constantinople, il s’arrête sur la tombe de Théodora. Il fait allumer des cierges et prie longuement. 

ll ne s’est jamais remarié. Personne ne pouvait remplacer Théodora ni comme épouse, ni comme confidente. Justinien meurt le 15 novembre 565. A son tour, il repose dans un sarcophage d’albâtre, dans le mausolée impérial, au coté de celle qui l’attendait depuis dix-sept ans.

 

Références bibliographiques :

Virginie Girod, Théodora, prostituée et impératrice de Byzance (Tallandier, 2020)

Marcel Brion, L’aventureuse réussite de Théodora (Gallimard, 1934)

 

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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars
Production : Timothée Magot
Réalisation : Jean-François Bussière
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Graphisme : Karelle Villais

 

 

 

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