Découvrez le récit inédit consacré à la reine et impératrice Victoria, raconté par Virginie Girod. Rien ne destinait à régner la jeune fille qui a 18 ans lorsqu'elle est couronnée. Pourtant, Victoria, reine d’Angleterre, va imprimer sa marque sur son époque et son empire durant 63 ans. Victoria monta sur le trône le 20 juin 1837, à la mort de son oncle Guillaume IV. Le Royaume de Victoria est un empire colonial qui s’étend sur les 5 continents. Côté Pacifique, Victoria règne sur plusieurs îles de l’Asie du Sud et contrôle le sous-continent indien. En 1876, le Premier Ministre Disraeli propose au Parlement de créer le titre d’impératrice des Indes pour Victoria. La Reine est alors à la tête du plus grand et du plus puissant empire colonial européen. Dès 1926, le Royaume-Uni a su transformer progressivement ses colonies en nouvelle organisation internationale baptisée le Commonwealth. Aujourd’hui, le roi d’Angleterre Charles III est le chef du Commonwealth.Sujets abordés : Monarchie anglaise – couronnement – Colonies – Inde – Révolution industrielle "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio. Ecriture et présentation : Virginie Girod - Production : Camille Bichler- Direction artistique : Adèle Humbert et Julien Tharaud - Réalisation : Clément Ibrahim - Musique originale : Julien Tharaud - Musiques additionnelles : Julien Tharaud et Sébastien Guidis - Communication : Kelly Decroix - Visuel : Sidonie Mangin Nous sommes le 28 juin 1838 à Londres. Victoria, âgée de 19 ans, est officiellement la reine du Royaume-Uni depuis presque un an. Mais aujourd’hui, c’est un jour particulier. Elle va être sacrée dans l’abbaye de Westminster. La cérémonie a été organisée par son premier ministre Lord Melbourne qu’elle considère comme son mentor. L’instant est solennel. Elle porte une grande robe blanche et un manteau d’apparat sur les épaules. Enfin, on lui pose sur la tête cette lourde couronne ornée de pierreries et de velours bleu. Victoria est frappée par la beauté de ce moment.Là où les hommes présents ne voient qu’une frêle jeune fille, se tient en réalité une très grande reine qui est bien déterminée à exercer son pouvoir.Une reine très jeune au fort caractèreVictoria n’aurait pas dû devenir reine. Quand elle vient au monde en 1819, elle est la cinquième dans l’ordre de succession. Mais les morts prématurées dans sa famille la propulsent à la tête de son pays après le décès de son oncle Guillaume IV. Elle a 18 ans et trouve son premier allié politique en la personne de son premier ministre Lord Melbourne.Cet homme se plaît à jouer le Pygmalion de la jeune reine. Il parfait ses connaissances en histoire, en géographie et en droit. Il lui apprend les subtilités d’une monarchie constitutionnelle. Victoria découvre qu’elle règne mais ne gouverne pas. Ce n’est pas elle qui prend les décisions politiques pour son royaume. Elle est consultée par son premier ministre mais elle est surtout là pour ratifier les décisions de son Parlement.Cela énerve beaucoup cette brunette au visage rond qui prendra l’habitude de rendre fou les 20 premiers ministres qui vont se succéder auprès d’elle pendant son règne long de 63 ans.Un couple uni et prospèreBien qu’elle ne soit qu’une femme dans un monde d’hommes à une époque où le mépris du « sexe faible » est une norme sociale, elle prend plaisir à participer à des réunions de travail et à œuvrer pour son pays et ses sujets.Son caractère irrite sans doute bien des gens. Certains essaient de nuire à sa réputation en lui prêtant une relation intime avec Lord Melbourne. Pour faire taire les rumeurs, il conseille à Victoria de se marier. Elle jette son dévolu sur son cousin, le bel Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. Comme elle est reine, c’est Victoria qui doit faire sa demande en mariage ! Et Albert dit oui ! Comment aurait-il pu refuser ? Victoria est la souveraine la plus riche d’Europe et le plus beau parti de toute l’aristocratie.Les noces sont célébrées le 10 février 1840. Les journaux intimes de la souveraine prouvent que la nuit de noces s’est très bien passée. Cette femme qui a l’air si austère possède en réalité un tempérament sensuel que son mari sait satisfaire. Mais il la satisfait trop bien… Victoria met au monde 9 enfants alors qu’elle déteste être enceinte et trouve que les bébés ressemblent tous à de ridicules petites grenouilles.Cent ans plus tôt, on aurait loué la fertilité de la reine. Mais dans ce XIXe siècle si pudibond qui est horrifié par le sexe, on trouve que le couple royal est trop fusionnel. Victoria est alors perçue comme une descendante de souverains esclaves de leurs plaisirs. Résultat : on ne la prend pas trop au sérieux. Mais Albert, prince consort et roi de la communication, va tirer parti de leur famille. Victoria soutient les mesures socialesAu milieu du XIXe siècle, il ne reste que 300 familles d’aristocrates qui se partagent les postes de pouvoir. En revanche, la bourgeoisie devient de plus en plus importante. Elle représente 20% des sujets de la reine et c’est cette classe sociale qui glorifie le travail plutôt que la rente, qu’Albert va séduire.Il a compris que la photographie, qui est toute nouvelle à l’époque, permet de dupliquer à l’infini et pour trois fois rien les portraits de la reine. Alors il organise lui-même des séances de poses. Victoria, Albert et leurs enfants apparaissent comme une parfaite famille bourgeoise à laquelle beaucoup de sujets peuvent s’identifier. En montrant qu’elle ressemble à son peuple, elle fait remonter la côte de popularité de la famille royale en berne depuis longtemps.C’est donc à partir de l’ère victorienne que le peuple va commencer à collectionner les images de famille royale comme on collectionne encore aujourd’hui encore les mugs à l’effigie de Charles III, de William ou de Kate !Évidemment, ces images séduisent la bourgeoisie mais pas le petit peuple. La révolution industrielle a fait émerger une classe ouvrière très pauvre qui vit dans des quartiers insalubres. Le libéralisme anglais est alors féroce. La doctrine économique à la mode venue de l’école de Manchester invite le patronat à faire travailler les ouvriers comme des machines et à les jeter à la rue quand ils ne sont plus productifs. Les salaires sont très bas, il n’existe aucune protection sociale, on travaille 10 heures par jour, 6 jours sur 7.Victoria est sensible au sort des ouvriers qu’elle a découvert à travers les œuvres de Dickens comme Oliver Twist. Elle a aussi visité le « Pays noir » c’est-à-dire ces villes industrialisées où les cheminées des usines produisent un brouillard grisâtre qui encrasse les bâtiments. Dans les années 1840, poussée par Albert qui s’efforce d’être son conseiller personnel, Victoria finit par soutenir des réformes sociales. Avec son premier ministre Robert Peel, elle parvient à faire passer une loi qui baisse les droits de douane sur les importations de blé. Cette mesure fait mécaniquement baisser le prix du pain.Mais le Parlement, largement composé d’aristocrates que Victoria juge sans cœur, n’est pas favorable aux mesures de protection des sujets les plus vulnérables. Malgré l’opposition de Victoria, le Parlement vote une nouvelle taxe sur la bière. Or la bière est la boisson la plus consommée par les pauvres parce qu’elle est bon marché. À cette époque, si on veut de l’eau à Londres, on boit l’eau de la Tamise, très polluée à cause des égouts. C’est donc plus sain de boire de la bière. La reine aurait préféré qu’on taxe le vin qui est la boisson des riches mais son idée ne passe pas auprès du Parlement. Un empire colonial sur cinq continentsLe pire, c’est que l’Angleterre de l’époque est loin d’être pauvre parce que le Royaume de Victoria est un empire colonial qui s’étend sur les 5 continents. Le Canada fait partie de l’empire britannique depuis le XVIIIe siècle. Victoria en devient même reine à partir de 1867. L’Australie aussi dépend d’elle. Elle possède en outre un gros quart du continent Africain. Ses colonies forment une bande sur un axe nord-sud allant de l’Égypte à l’Afrique du Sud. À cela s’ajoute le Nigéria, la Gambie, la Côte d’or et le Sierra Leone sur la côte ouest. Côté Pacifique, Victoria règne sur plusieurs îles de l’Asie du sud et contrôle le sous-continent indien. Au 18 siècle, l’Inde est si riche qu’elle produit près de 22% du PIB mondial. Tissus, épices, métaux et pierres précieuses, l’Inde est un paradis très convoité par les Occidentaux. Les Portugais, les Français, les Anglais et les Pays-Bas commencent à développer des réseaux commerciaux maritimes avec l’Inde dès le 15e siècle.En 1600, la reine Élizabeth Ière , signe le décret qui fonde La compagnie des Indes Orientales. Dès lors, les plus aventuriers des Anglais sont poussés à aller faire fortune dans le lointain Orient. Jusqu’au XVIIIe siècle, les Anglais, les Français et les Portugais n’ont que des comptoirs commerciaux en Inde. Leur présence a été négociée avec les Mongols qui contrôlent le sous-continent Indien. Mais quand l’empire Mongol commence à décliner, les Anglais vont tisser des liens avec les Maharadjas et les familles puissantes pour les aider à prendre leur indépendance. Enfin… indépendance, c’est vite dit. Les petits royaumes indiens ressemblent déjà à des protectorats anglais. Ce changement de statut s’est fait de manière contractuelle et jamais par la force. Mais pour le moment, les élites indiennes s’enrichissent et adoptent en partie les modes de vie de leur charmants envahisseurs.Mais ce fonctionnement ne dure qu’un temps et les Anglais prennent durablement le contrôle de l’Inde. On appelle cette période le Company Raj : c’est-à-dire la domination de la Compagnie britanniques des Indes orientales. La domination anglaise repose en partie sur les cipayes, des armées d’indigènes très bien rémunérées pour régler tous les problèmes de révoltes des indigènes. Révolte en IndeLe problème, c’est que la vision de l’économie de l’école de Manchester, ultra libérale, s’applique aussi en Inde. L’industrialisation permet d’acheter des matières premières à bas prix. Ce sont maintenant les machines qui tissent des étoffes précieuses mettant tout le secteur du tissage à l’agonie. Les agriculteurs sont pressurés par les charges. Et les cipayes voient leurs salaires et leurs avantages sociaux se réduire. L’Inde, jadis si prospère, devient un pays pauvre.Les indiens se rebellent en 1857 lors d’un épisode qu’on appelle « la révolte des cipayes ». Victoria n’est pas une enfant de chœur. Elle considère qu’on ne peut pas avoir un empire sans faire la guerre. Elle encourage donc la répression de la révolte pour le bien de ses sujets qui sont Anglais. Les revendications des indigènes ne la touchent pas beaucoup. Une fois la révolte matée en 1858, l’Inde change de statut. Le Raj Britannique désigne désormais le régime colonial du sous-continent indien jusqu’à son indépendance en 1947.Victoria n’a jamais mis un pied dans l’Inde lointaine mais elle est fascinée par ce pays exotique. Elle fait même en sorte que son premier ministre lui obtienne en 1876 le titre d’impératrice des Indes alors qu’elle était seulement reine de ses autres royaumes. Cette petite vanité est un moyen de garder la préséance sur sa fille Victoria qui deviendra bientôt l’impératrice allemande par son mariage avec le futur Frédéric III. Les derniers moments de la reine VictoriaUne fois veuve et âgée, Victoria, se rapproche d’un jeune indien de 24 ans, Abdoul Karim, entré à son service en 1887. Elle flirte littéralement avec lui ! Promu secrétaire, l’indien se pique même de lui apprendre l’hindi, et l’une des premières phrases qu’il lui enseigne est « serre-moi fort »… ce qui n’est pas très utile en politique, vous en conviendrez.Quand Victoria meurt en 1901, elle est à la tête du plus grand et du plus puissant empire colonial européen. Au milieu du XXe siècle, les peuples colonisés du monde vont se battre pour leur indépendance. Dès 1926, le Royaume-Uni a su transformer progressivement ses colonies en nouvelle organisation internationale baptisée le Commonwealth. Cette communauté de nations partage sa richesse et sa prospérité. L’inde colonisée par Victoria en fait toujours partie.Et aujourd’hui, Charles III est le chef du Commonwealth. Sources :- Bernard Cottret, Les Tudors, Perrin. Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , Spotify , Deezer , Amazon music , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1
En savoir plusIsabelle d’Angoulême, reine-comtesse par-delà les mers
Isabelle d’Angoulême est une figure marquante du Moyen-Âge. Une comtesse ambitieuse et influente qui a accédé au trône d’Angleterre grâce à son mariage avec Jean sans Terre. Mais à la mort de ce dernier, elle ne s’est pas résignée à abandonner le pouvoir. De retour sur ses terres natales, elle a géré le comté d’Angoulême avec une poigne de fer se faisant appeler « reine-comtesse ». Mère du roi Henri III d’Angleterre, elle a aussi su jouer un rôle clé dans les conflits entre l’Angleterre et la France.<br />
30 janvier 2025 - 15 min
ENTRETIEN - Pourquoi Henri IV était-il surnommé le Vert-Galant ? Avec Flavie Leroux
Face à la gent féminine, Henri IV, a, semble-t-il, toujours fait preuve d’une certaine faiblesse. Marié à Marguerite de Valois, puis à Marie de Médicis pour des raisons politiques, celui que l’on surnomme le Vert-Galant a vécu des passions ardentes avec de nombreuses maîtresses, Gabrielle d’Estrées et Henriette d’Entragues en premier lieu.<br /> <br /> Ces femmes ont été plus que des amantes. Elles étaient des « presque reines », et bien souvent les mères de bâtards royaux.<br /> <br /> Pour évoquer ces femmes souvent détestées à leur époque, Virginie Girod reçoit l'historienne Flavie Leroux. Spécialiste d’histoire de la cour et des femmes en France à l’époque moderne, en particulier des maîtresses royales, elle est l’auteure de plusieurs livres à ce sujet, dont "L’autre famille royale", disponible aux éditions Passés Composés.
29 janvier 2025 - 20 min
[2/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne
Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), régente avide de pouvoir.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Henri IV, roi de France et fondateur de la dynastie des Bourbons, meurt assassiné par Ravaillac. Son épouse, Marie de Médicis, devient alors régente du royaume, rôle qu'elle devra assurer jusqu'à la majorité de Louis XIII...
27 janvier 2025 - 13 min
[1/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne
Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), héritière florentine devenue la seconde épouse du roi Henri IV. <br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Marie de Médicis , fille du grand duc de Toscane, naît en 1575, à Florence. Héritière la plus riche d'Europe, la jeune femme est très convoitée et épouse le roi de France, Henri IV, en 1600, à l'âge de 25 ans. Neuf mois après les noces, elle donne naissance à l'héritier du trône, le futur Louis XIII.
27 janvier 2025 - 14 min
TEASER - Qui est le Vert-Galant ?
Quel roi de France surnomme-t-on le Vert Galant ? Henri IV, bien sûr ! Tout au long de sa vie, celui qui hérite de la couronne en 1589 multiplie les liaisons amoureuses… et charnelles ! Plusieurs dizaines de maîtresses auraient reçu ses faveurs parmi lesquelles Gabrielle d’Estrées ou Henriette d’Entragues. <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez un entretien inédit dans lequel Virginie Girod recevra l’historienne Flavie Leroux afin de s'intéresser aux amours du bon roi Henri et à l’influence réelle ou fantasmée de ses favorites.
26 janvier 2025 - 01 min
ENTRETIEN - La vie dans une maison close au XIXe siècle.
En 1946, la loi Marthe Richard abolit le système de prostitution réglementé et entraine la fermeture des maisons closes en France. Depuis un siècle, la fréquentation de ces maisons de tolérance était une pratique masculine courante. Mais quelle était la réalité du quotidien de celles que l’on appelle les filles de joie dans les bordels ? Ces femmes, immortalisées par des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Edgar Degas avait-elle la possibilité de sortir de la prostitution ?<br /> <br /> Pour en parler Virginie Girod reçoit l’historienne Catherine Menciassi-Authier. Spécialiste de l’histoire des femmes au XIXe siècle, elle est notamment l’auteure de l’ouvrage "Femmes d'exception, femmes d'influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle", paru aux éditions Armand Colin.
25 janvier 2025 - 22 min
[1/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque
Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), jeune cousette devenue courtisane influente du Tout-Paris.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double-récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Émilie-Louise Delabigne naît en 1848 dans la quartier Poissonnière, à Paris. Issue d'une fratrie de 7, elle mène une enfance misérable et travaille très tôt comme cousette. Dans le Paris du XIXe siècle, hormis les bourgeoises et les aristocrates, toutes les femmes travaillent, exerçant des métiers difficiles et mal payés dans les ateliers, les usines ou les marchés. Certaines n'ont alors d'autres choix que de s'adonner à la prostitution. Bientôt, celle qui se fait désormais appeler Valtesse de la Bigne fait ses débuts dans le demi-monde.
23 janvier 2025 - 14 min
2/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque
Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), demi-mondaine ayant inspiré le personnage de Nana, dans le roman éponyme d'Émile Zola.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double-récit d'Au cœur de l'Histoire, Valtesse de la Bigne commence une carrière sur les planches des théâtres parisiens et se fait une place dans le milieu des courtisanes, prostituées de haut vol. Fréquentant les jeunes auteurs à la mode et les cafés parisiens où se retrouve la bonne société, elle perfectionne ses connaissances et apprend l’art de converser. A la fin des années 1870, Valtesse de la Bigne est devenue l’une de ces grandes horizontales les plus recherchée par l’élite parisienne.
23 janvier 2025 - 14 min
ENTRETIEN - Quand le spiritisme passionne l'Europe.
Esprit, es-tu là ? Dans la seconde partie du XIXe siècle, un phénomène venu des Etats-Unis déferle sur l’Europe. Au spiritualisme incarnée par les mystérieuses sœurs Fox - entrées en communication avec un fantôme - succède le spiritisme, une philosophie inventée par Allan Kardec, figure française de la communication avec l’au-delà. Des médiums et des photographes spirites se font alors un nom, quand les salons accueillent séances de tables tournantes et de lévitation.<br /> <br /> Mais comment expliquer l’ampleur de ce phénomène ? Le spiritisme est-il synonyme de science, comme le pensait l’astronome Camille Flammarion, ou de charlatanisme ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit Philippe Baudouin. Maître de conférences en histoire des médias à l’Université Paris-Saclay, il a consacré de nombreux ouvrages à l’histoire de l’occultisme, dont "Apparitions" aux éditions Hoëbeke.
22 janvier 2025 - 20 min
Victor Hugo et le spiritisme, quand le poète fait tourner les tables
Virginie Girod raconte les séances de spiritisme organisées à Marine Terrace, sur l'île de Jersey, lieu d'exil de Victor Hugo, dans les années 1850.<br /> <br /> Le 4 septembre 1843, Léopoldine, la fille de Victor Hugo, se noie dans les eaux de la Seine, à Villequier, en Normandie. Dévasté, le poète lui dédiera l'un de ses plus beaux poèmes, "Demain, dès l'aube". Dans les années 1850, en exil dans les îles Anglo-Normandes, Hugo et sa famille trompent l'ennui et s'essaient au spiritisme, philosophie en vogue. Alors qu'ils font tourner les tables, ils tentent d'entrer en communication avec des êtres chers disparus.
21 janvier 2025 - 14 min
Découvrez le récit inédit consacré à la reine et impératrice Victoria, raconté par Virginie Girod. Rien ne destinait à régner la jeune fille qui a 18 ans lorsqu'elle est couronnée. Pourtant, Victoria, reine d’Angleterre, va imprimer sa marque sur son époque et son empire durant 63 ans. Victoria monta sur le trône le 20 juin 1837, à la mort de son oncle Guillaume IV. Le Royaume de Victoria est un empire colonial qui s’étend sur les 5 continents. Côté Pacifique, Victoria règne sur plusieurs îles de l’Asie du Sud et contrôle le sous-continent indien. En 1876, le Premier Ministre Disraeli propose au Parlement de créer le titre d’impératrice des Indes pour Victoria. La Reine est alors à la tête du plus grand et du plus puissant empire colonial européen. Dès 1926, le Royaume-Uni a su transformer progressivement ses colonies en nouvelle organisation internationale baptisée le Commonwealth. Aujourd’hui, le roi d’Angleterre Charles III est le chef du Commonwealth.
Sujets abordés : Monarchie anglaise – couronnement – Colonies – Inde – Révolution industrielle
"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio.
Ecriture et présentation : Virginie Girod
- Production : Camille Bichler
- Direction artistique : Adèle Humbert et Julien Tharaud
- Réalisation : Clément Ibrahim
- Musique originale : Julien Tharaud
- Musiques additionnelles : Julien Tharaud et Sébastien Guidis
- Communication : Kelly Decroix
- Visuel : Sidonie Mangin
Nous sommes le 28 juin 1838 à Londres. Victoria, âgée de 19 ans, est officiellement la reine du Royaume-Uni depuis presque un an. Mais aujourd’hui, c’est un jour particulier. Elle va être sacrée dans l’abbaye de Westminster. La cérémonie a été organisée par son premier ministre Lord Melbourne qu’elle considère comme son mentor. L’instant est solennel. Elle porte une grande robe blanche et un manteau d’apparat sur les épaules. Enfin, on lui pose sur la tête cette lourde couronne ornée de pierreries et de velours bleu. Victoria est frappée par la beauté de ce moment.
Là où les hommes présents ne voient qu’une frêle jeune fille, se tient en réalité une très grande reine qui est bien déterminée à exercer son pouvoir.
Une reine très jeune au fort caractère
Victoria n’aurait pas dû devenir reine. Quand elle vient au monde en 1819, elle est la cinquième dans l’ordre de succession. Mais les morts prématurées dans sa famille la propulsent à la tête de son pays après le décès de son oncle Guillaume IV. Elle a 18 ans et trouve son premier allié politique en la personne de son premier ministre Lord Melbourne.
Cet homme se plaît à jouer le Pygmalion de la jeune reine. Il parfait ses connaissances en histoire, en géographie et en droit. Il lui apprend les subtilités d’une monarchie constitutionnelle. Victoria découvre qu’elle règne mais ne gouverne pas. Ce n’est pas elle qui prend les décisions politiques pour son royaume. Elle est consultée par son premier ministre mais elle est surtout là pour ratifier les décisions de son Parlement.
Cela énerve beaucoup cette brunette au visage rond qui prendra l’habitude de rendre fou les 20 premiers ministres qui vont se succéder auprès d’elle pendant son règne long de 63 ans.
Un couple uni et prospère
Bien qu’elle ne soit qu’une femme dans un monde d’hommes à une époque où le mépris du « sexe faible » est une norme sociale, elle prend plaisir à participer à des réunions de travail et à œuvrer pour son pays et ses sujets.
Son caractère irrite sans doute bien des gens. Certains essaient de nuire à sa réputation en lui prêtant une relation intime avec Lord Melbourne. Pour faire taire les rumeurs, il conseille à Victoria de se marier. Elle jette son dévolu sur son cousin, le bel Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. Comme elle est reine, c’est Victoria qui doit faire sa demande en mariage ! Et Albert dit oui ! Comment aurait-il pu refuser ? Victoria est la souveraine la plus riche d’Europe et le plus beau parti de toute l’aristocratie.
Les noces sont célébrées le 10 février 1840. Les journaux intimes de la souveraine prouvent que la nuit de noces s’est très bien passée. Cette femme qui a l’air si austère possède en réalité un tempérament sensuel que son mari sait satisfaire. Mais il la satisfait trop bien… Victoria met au monde 9 enfants alors qu’elle déteste être enceinte et trouve que les bébés ressemblent tous à de ridicules petites grenouilles.
Cent ans plus tôt, on aurait loué la fertilité de la reine. Mais dans ce XIXe siècle si pudibond qui est horrifié par le sexe, on trouve que le couple royal est trop fusionnel. Victoria est alors perçue comme une descendante de souverains esclaves de leurs plaisirs. Résultat : on ne la prend pas trop au sérieux. Mais Albert, prince consort et roi de la communication, va tirer parti de leur famille.
Victoria soutient les mesures sociales
Au milieu du XIXe siècle, il ne reste que 300 familles d’aristocrates qui se partagent les postes de pouvoir. En revanche, la bourgeoisie devient de plus en plus importante. Elle représente 20% des sujets de la reine et c’est cette classe sociale qui glorifie le travail plutôt que la rente, qu’Albert va séduire.
Il a compris que la photographie, qui est toute nouvelle à l’époque, permet de dupliquer à l’infini et pour trois fois rien les portraits de la reine. Alors il organise lui-même des séances de poses. Victoria, Albert et leurs enfants apparaissent comme une parfaite famille bourgeoise à laquelle beaucoup de sujets peuvent s’identifier. En montrant qu’elle ressemble à son peuple, elle fait remonter la côte de popularité de la famille royale en berne depuis longtemps.
C’est donc à partir de l’ère victorienne que le peuple va commencer à collectionner les images de famille royale comme on collectionne encore aujourd’hui encore les mugs à l’effigie de Charles III, de William ou de Kate !
Évidemment, ces images séduisent la bourgeoisie mais pas le petit peuple. La révolution industrielle a fait émerger une classe ouvrière très pauvre qui vit dans des quartiers insalubres. Le libéralisme anglais est alors féroce. La doctrine économique à la mode venue de l’école de Manchester invite le patronat à faire travailler les ouvriers comme des machines et à les jeter à la rue quand ils ne sont plus productifs. Les salaires sont très bas, il n’existe aucune protection sociale, on travaille 10 heures par jour, 6 jours sur 7.
Victoria est sensible au sort des ouvriers qu’elle a découvert à travers les œuvres de Dickens comme Oliver Twist. Elle a aussi visité le « Pays noir » c’est-à-dire ces villes industrialisées où les cheminées des usines produisent un brouillard grisâtre qui encrasse les bâtiments. Dans les années 1840, poussée par Albert qui s’efforce d’être son conseiller personnel, Victoria finit par soutenir des réformes sociales. Avec son premier ministre Robert Peel, elle parvient à faire passer une loi qui baisse les droits de douane sur les importations de blé. Cette mesure fait mécaniquement baisser le prix du pain.
Mais le Parlement, largement composé d’aristocrates que Victoria juge sans cœur, n’est pas favorable aux mesures de protection des sujets les plus vulnérables. Malgré l’opposition de Victoria, le Parlement vote une nouvelle taxe sur la bière. Or la bière est la boisson la plus consommée par les pauvres parce qu’elle est bon marché. À cette époque, si on veut de l’eau à Londres, on boit l’eau de la Tamise, très polluée à cause des égouts. C’est donc plus sain de boire de la bière. La reine aurait préféré qu’on taxe le vin qui est la boisson des riches mais son idée ne passe pas auprès du Parlement.
Un empire colonial sur cinq continents
Le pire, c’est que l’Angleterre de l’époque est loin d’être pauvre parce que le Royaume de Victoria est un empire colonial qui s’étend sur les 5 continents. Le Canada fait partie de l’empire britannique depuis le XVIIIe siècle. Victoria en devient même reine à partir de 1867. L’Australie aussi dépend d’elle. Elle possède en outre un gros quart du continent Africain. Ses colonies forment une bande sur un axe nord-sud allant de l’Égypte à l’Afrique du Sud. À cela s’ajoute le Nigéria, la Gambie, la Côte d’or et le Sierra Leone sur la côte ouest. Côté Pacifique, Victoria règne sur plusieurs îles de l’Asie du sud et contrôle le sous-continent indien.
Au 18 siècle, l’Inde est si riche qu’elle produit près de 22% du PIB mondial. Tissus, épices, métaux et pierres précieuses, l’Inde est un paradis très convoité par les Occidentaux. Les Portugais, les Français, les Anglais et les Pays-Bas commencent à développer des réseaux commerciaux maritimes avec l’Inde dès le 15e siècle.
En 1600, la reine Élizabeth Ière , signe le décret qui fonde La compagnie des Indes Orientales. Dès lors, les plus aventuriers des Anglais sont poussés à aller faire fortune dans le lointain Orient. Jusqu’au XVIIIe siècle, les Anglais, les Français et les Portugais n’ont que des comptoirs commerciaux en Inde. Leur présence a été négociée avec les Mongols qui contrôlent le sous-continent Indien. Mais quand l’empire Mongol commence à décliner, les Anglais vont tisser des liens avec les Maharadjas et les familles puissantes pour les aider à prendre leur indépendance. Enfin… indépendance, c’est vite dit. Les petits royaumes indiens ressemblent déjà à des protectorats anglais. Ce changement de statut s’est fait de manière contractuelle et jamais par la force. Mais pour le moment, les élites indiennes s’enrichissent et adoptent en partie les modes de vie de leur charmants envahisseurs.
Mais ce fonctionnement ne dure qu’un temps et les Anglais prennent durablement le contrôle de l’Inde. On appelle cette période le Company Raj : c’est-à-dire la domination de la Compagnie britanniques des Indes orientales. La domination anglaise repose en partie sur les cipayes, des armées d’indigènes très bien rémunérées pour régler tous les problèmes de révoltes des indigènes.
Révolte en Inde
Le problème, c’est que la vision de l’économie de l’école de Manchester, ultra libérale, s’applique aussi en Inde. L’industrialisation permet d’acheter des matières premières à bas prix. Ce sont maintenant les machines qui tissent des étoffes précieuses mettant tout le secteur du tissage à l’agonie. Les agriculteurs sont pressurés par les charges. Et les cipayes voient leurs salaires et leurs avantages sociaux se réduire. L’Inde, jadis si prospère, devient un pays pauvre.
Les indiens se rebellent en 1857 lors d’un épisode qu’on appelle « la révolte des cipayes ». Victoria n’est pas une enfant de chœur. Elle considère qu’on ne peut pas avoir un empire sans faire la guerre. Elle encourage donc la répression de la révolte pour le bien de ses sujets qui sont Anglais. Les revendications des indigènes ne la touchent pas beaucoup. Une fois la révolte matée en 1858, l’Inde change de statut. Le Raj Britannique désigne désormais le régime colonial du sous-continent indien jusqu’à son indépendance en 1947.
Victoria n’a jamais mis un pied dans l’Inde lointaine mais elle est fascinée par ce pays exotique. Elle fait même en sorte que son premier ministre lui obtienne en 1876 le titre d’impératrice des Indes alors qu’elle était seulement reine de ses autres royaumes. Cette petite vanité est un moyen de garder la préséance sur sa fille Victoria qui deviendra bientôt l’impératrice allemande par son mariage avec le futur Frédéric III.
Les derniers moments de la reine Victoria
Une fois veuve et âgée, Victoria, se rapproche d’un jeune indien de 24 ans, Abdoul Karim, entré à son service en 1887. Elle flirte littéralement avec lui ! Promu secrétaire, l’indien se pique même de lui apprendre l’hindi, et l’une des premières phrases qu’il lui enseigne est « serre-moi fort »… ce qui n’est pas très utile en politique, vous en conviendrez.
Quand Victoria meurt en 1901, elle est à la tête du plus grand et du plus puissant empire colonial européen. Au milieu du XXe siècle, les peuples colonisés du monde vont se battre pour leur indépendance. Dès 1926, le Royaume-Uni a su transformer progressivement ses colonies en nouvelle organisation internationale baptisée le Commonwealth. Cette communauté de nations partage sa richesse et sa prospérité. L’inde colonisée par Victoria en fait toujours partie.
Et aujourd’hui, Charles III est le chef du Commonwealth.
Sources :
- Bernard Cottret, Les Tudors, Perrin.
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Europe 1
"Au Cœur du Crime" vous propose de (re)découvrir en podcast l'émission culte d’Europe1 "Crime Story" incarnée en 1988 par Serge Sauvion, acteur qui a notamment doublé le comédien Peter Falk.. Inspiré des plus grands romans policiers anglo-saxons, dans lesquelles les disparitions mystérieuses et les meurtres de sang-froid sont monnaie courante, ce podcast est un polar audio qui vous met au défi de résoudre de véritables énigmes policières. Chaque mardi et chaque vendredi écoutez un nouvel épisode intense et immersif."Au Cœur du Crime" est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.
Julien Pichené
"Au Coeur de l'Actu", c'est le podcast de la rédaction d'Europe 1 qui vous éclaire sur les sujets qui font l'actualité. Découvrez nos formats courts "10 minutes pour tout savoir" et nos séries documentaires, enrichis avec les archives de la radio.
Olivier Delacroix
Au cœur de la nuit, les auditeurs se livrent en toute liberté aux oreilles attentives et bienveillantes d'Olivier Delacroix, du lundi au jeudi, et de Valérie Darmon, du vendredi au dimanche. Pas de jugements ni de tabous, une conversation franche mais aussi des réponses aux questions que les auditeurs se posent. Un moment d'échange et de partage propice à la confidence pour repartir le cœur plus léger. Si vous aussi vous souhaitez témoigner, laissez vos coordonnées en appelant Europe 1 au : 01 80 20 39 21 (numéro non surtaxé).
Maël Hassani
Tous les soirs, Maël Hassani vous livre le concentré de l'actualité du jour, tout en gardant un œil sur les événements à venir avec les Unes de la presse du lendemain.
Ombline Roche
Tous les soirs du lundi au vendredi entre 22h15 et 22h30 Ombline Roche vous plonge dans les musiques des années Top 50 sur Europe 1. Et si vous en voulez plus, rendez-vous les samedis et dimanches entre 21h et 22h !
Dimitri Pavlenko
Deux heures de direct à l'écoute de celles et ceux qui font le monde : le raconter, le décrypter et l'analyser pour donner des clés de lecture et de compréhension aux auditeurs.
Europe 1
Qui sont réellement ces icônes qui ont marqué la France et leur époque ?Ce nouveau podcast d'archives vous transporte dans le passé et retrace pour vous les parcours et épreuves hors du commun de ces artistes et grandes personnalités françaises. Comment sont nées ces légendes aux destins extraordinaires ? Des récits uniques, racontés par les grandes voix d'Europe 1 !
Pierre de Vilno
Le tour complet de l'actualité en compagnie de Pierre de Vilno et de la rédaction d'Europe 1 de 19 heures à 21 heures.
Hervé Mathoux
Chaque parcours de vie est constitué de réussites mais aussi… d’échecs. Bien souvent, ceux-ci nous renforcent et nous apprennent autant, si ce n’est plus que les succès. Dans cette nouvelle série d’entretiens, le journaliste Hervé Mathoux évoque avec son invité ses plus beaux "accidents". Première personnalité à se plier à l’exercice : l’acteur Denis Podalydès, sociétaire de la comédie française.
Céline Géraud
Tous les jours de la semaine pendant les fêtes, Céline Géraud fait un point de l'actualité à la mi-journée avec Europe 1 13h. Au programme : des reportages, des invités et la parole des experts et journalistes de la rédaction en studio pour apporter un éclairage supplémentaire.