Vincent van Gogh «n’a jamais été un artiste maudit»

Après vous avoir raconté les derniers jours de Vincent van Gogh, l’historienne Virginie Girod reçoit Wouter van der Veen, historien de l’art, secrétaire général et directeur scientifique de l'Institut Van-Gogh. En compagnie de ce spécialiste de renommée mondiale du maître néerlandais, Virginie Girod s’attaque au mythe d’un artiste maudit et solitaire au style si particulier qu’il échappe à tout courant artistique. "Vincent Van Gogh n’est pas un artiste maudit, ça ne l’a jamais été", insiste Wouter van der Veen, "cette légende a été créée de toutes pièces au XXe siècle". Quand l’art de Vincent van Gogh s’est popularisé, la légende est restée en place. 

Né dans un milieu bourgeois, Van Gogh baigne dans le marché de l’art dès son plus jeune âge. Entouré par son frère Théo avec lequel il collectionne les tableaux, la trajectoire de Vincent Van Gogh n’est donc pas celle d’un artiste seul et sans le sou. En mêlant l’impressionnisme qu’il découvre à Paris à des inspirations tirés d’estampes japonaises, Vincent van Gogh crée son propre style. Contrairement aux idées reçues, il connaît le succès de son vivant. "Cette légende tenace qu’il n'a vendu qu'une seule toile de son vivant est absolument fausse. Van Gogh connaît un succès fulgurant ; une revue critique de premier plan fait de lui l'équivalent des maîtres hollandais du XVIIe siècle", raconte Wouter van der Veen.  

Mais alors pourquoi cette image d’artiste maudit colle-t-elle autant à la peau de Vincent van Gogh ? La maladie et le train de vie du peintre, dans lequel se mêlent vie nocturne dissolue, alcool et tabac à forte dose, y sont déjà pour quelque chose. Ainsi que sa mort tragique à l’issue d’une tentative de suicide, le 29 juillet 1890. "Van Gogh est conscient que la vie des artistes participe pleinement à leur œuvre", retrace Wouter van der Veen. "Il veut qu'à travers les lignes qu'il trace sur la toile, on devine quel homme il était. Donc il ne veut pas partir comme quelqu'un qui a perdu la raison".