Après avoir appelé à barrer l’entrée des États-Unis aux musulmans, Donald Trump s’en prend désormais à certains quartiers de Paris ou Londres, qui seraient selon lui tellement radicalisés que les policiers y craindraient pour leur vie.
Le milliardaire américain Donald Trump n’a plus aucune limite. Après avoir appelé à barrer l’entrée des États-Unis aux musulmans, il s’en prend aussi à certains quartiers de Paris ou Londres, qui seraient selon lui tellement radicalisés que les policiers y craindraient pour leur vie. Et si toutes ces provocations ont déclenché une tempête de critiques, elles ne l’empêchent pas de rester, aujourd’hui encore, le favori dans la course à l’investiture présidentielle du parti républicain.
Il aurait fallu être bien naïf pour croire un seul instant que Donald Trump allait faire machine arrière devant le tollé mondial provoqué par sa croisade raciste contre les musulmans. Car il fait autant son miel de ces petites phrases assassines que du torrent de critiques qu’elles lui valent. C’est ce qui lui permet de rester au centre du jeu et de fixer le tempo de la campagne. Alors peu lui importe que David Cameron juge sa proposition mauvaise et inutile. Que le maire de Londres, Boris Johnson qualifie ses derniers propos d’idiotie. Ou que la grande presse américaine sonne le tocsin en appelant le parti républicain à se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard. Un œil sur les sondages, l’autre face aux caméras de télévision qui ne le lâchent plus depuis que les principales chaines ont compris qu’il est le roi de l’audimat, il profite de chaque occasion pour enfoncer le clou. Et préciser sa pensée, si on peut dire. Oui, il veut interdire l’entrée de tous les musulmans, y compris les touristes ou les étudiants. Oui, les soldats américains de confession musulmane pourront rentrer au pays, mais à condition qu’ils soient surveillés. Et de quoi se plaint-on, puisque ses projets vont moins loin que ce qui avait été fait pendant la seconde guerre mondiale, quand des milliers de Japonais ou de sympathisants nazis avaient été parqués dans des camps, sur ordre du président Roosevelt. Un homme, dit-il, unanimement respecté. Pour les autres candidats républicains, il était déjà une sorte de piège infernal dont ils ne parviennent toujours pas à se dépêtrer. Mais aujourd’hui, Donald Trump est aussi en train de devenir une tache pour l’Amérique toute entière.
Après ses propos sur les musulmans, la Maison Blanche a jugé que Donald Trump s’était disqualifié pour la présidence. Est-ce que pour lui, ce n’est pas la provocation de trop ?
On aimerait bien le croire mais jusqu’à présent, c’est toujours l’inverse qui s’est produit. Y compris quand son étoile semblait commencer à pâlir, à la fin de l’été. Que ce soit la crise des migrants, les attentats de Paris et maintenant l’attaque terroriste de Californie, l’actualité lui a chaque fois permis de rebondir et de rester en tête de la course, en multipliant les propositions incendiaires. La seule différence aujourd’hui, c’est que plusieurs poids lourds du parti conservateur sont enfin montés au créneau pour le dénoncer, comme Dick Cheney, l’ancien vice président de George Bush.
Cette surenchère perpétuelle dans la provocation ne va-t-elle pas tout de même finir par éloigner de lui les électeurs républicains ?
La difficulté, c’est que Donald Trump se met effectivement tout le monde à dos, sauf ceux qu’il cherche à séduire, c'est-à-dire les électeurs de base du parti républicain, qui sont blancs, en très grande majorité, souvent issus des Etats du Sud, et presque toujours ultraconservateurs. Or les autres candidats à l’investiture ne veulent pas se les aliéner. D’où, jusqu’ici, la mollesse de leurs attaques contre Trump, même si c’est un peu en train de changer. Le vrai test, c’est dans moins de deux mois, avec la première primaire qui aura lieu dans l’Etat de l’Iowa. Et si Trump était, pour finir, assez largement devancé, il lui sera nettement plus difficile de se relancer.
Et si malgré tout, il parvenait à obtenir l’investiture des républicains, a-t-il vraiment des chances d’entrer un jour à la Maison Blanche ?
En bonne logique, pas vraiment. D’une part, parce qu’il se retrouvera très vraisemblablement face à Hilary Clinton. Et d’autre part, parce qu’il aura le plus grand mal à élargir la base du parti républicain en attirant les hispaniques, les noirs et même les femmes. Cela dit, une présidentielle américaine n’est jamais gagnée d’avance. Et la meilleure façon d’éloigner le cauchemar Trump, c’est encore de lui barrer la route des primaires. L’heure est donc venue pour Jeb Bush, Marco Rubio, Ted Cruz et les autres, de se retrousser les manches. Car c’est d’abord à eux qu’il revient de faire le job.