40 ans de l'élection de Mitterrand : "Le PS n’a rien à fêter d’autre qu’un monde disparu"

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Le Parti sociale continue de fêter ce lundi les 40 ans de l'élection de François Mitterrand comme président de la République, le 10 mai 1981. Directeur du journal "L'Opinion", Nicolas Beytout estime que "le PS n’a" désormais "rien à fêter d’autre qu’un monde disparu".

Il y a 40 ans jour pour jour, François Mitterrand était élu président de la République. Un événement considérable...

"Oui, pour la France bien sûr avec une explosion de joie de la gauche, un choc pour la droite - qui n’avait jamais perdu le pouvoir depuis l’avènement de la Ve République - mais aussi un tremblement de terre à l’étranger, en Europe et aux Etats-Unis surtout (à l’époque, François Mitterrand avait nommé des ministres communistes au gouvernement, un cas unique en Occident). Une journée historique, donc, et pour le Parti socialiste (PS), une sorte d’apogée.

Ce qui est étrange, c’est que ce quarantième anniversaire n’est absolument pas fêté à la hauteur de ce que fut cet événement : un colloque dimanche avec quelques éléphants du PS, dont François Hollande, et une table ronde ce lundi avec Olivier Faure, l’actuel numéro 1 du parti. Colloque, table ronde... Ça sent vraiment la déprime.

Pourquoi cette discrétion ?

Parce que le PS n’a rien à fêter d’autre qu’un monde disparu. Et la nostalgie, pour un parti politique, ça n’est pas très vendeur. Il y a 40 ans, la gauche unie derrière le PS faisait plus de 50% des voix ; aujourd’hui, les sondages lui promettent une perte de la moitié de ses forces à environ 25% des suffrages, un niveau historiquement bas. Et si on ne regarde que le PS, c’est pire encore : alors que François Mitterrand avait frôlé les 35% de voix lors de sa réélection, en 1988, le dernier candidat PS à une élection présidentielle, Benoît Hamon, a fait le score mirobolant de 6,4%.

Ce n’était probablement pas un accident puisque les sondages actuels donnent entre 6 et 7% pour la maire de Paris, Anne Hidalgo. Lorsqu’il avait quitté pour de bon l’Elysée, au terme de ses deux mandats, François Mitterrand avait claironné que "le PS était désormais le parti de l’alternance". Cela a été vrai avec François Hollande. Mais ça, c’est du passé.

Vous voulez dire que le PS ne pourra plus accéder au pouvoir ?

C’est le plus probable, en effet. Le socialisme s’est perdu, il ne mène plus le monde. En France, les socialistes se sont fait dépouiller par les Verts et par les Insoumis, tandis que le Parti communiste, qui avait largement contribué à la victoire de la gauche en 1981, est aujourd’hui nanifié. Il y a 10 ans, au moment du trentième anniversaire de l’accession de François Mitterrand au pouvoir, le PS s’apprêtait à prendre le contrôle de l’Assemblée nationale, du Sénat, de l’Elysée et de Matignon, ainsi que d’une majorité de départements et d’un nombre considérable de très grandes villes. Tout ça (à part quelques grandes mairies) a été balayé. Fin de partie.

Le PS ne peut-il pas se réinventer, en tant que parti ou en tant que doctrine ?

Pourquoi pas, mais il faudrait pour cela qu’il incarne à nouveau l’espoir. Or ce sont d’autres mouvements politiques de gauche qui ont récupéré cette alchimie particulière, cette énergie, cet espoir qui peut alimenter la victoire. Ce lundi, les socialistes fêtent en toute discrétion le quarantième anniversaire de l’élection de François Mitterrand. Au train où vont les choses, le PS ne sera plus là pour le cinquantième anniversaire."