Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il revient sur la 46e cérémonie des César présentée par Marina Foïs. Selon lui, cette cérémonie qui devait célébrer le cinéma a finalement été le théâtre d'un désolant spectacle.
La 46e cérémonie des César, un formidable ratage ?
Un suicide collectif, une longue et sinistre autodestruction. Tout le monde s’était pourtant battu pour que cette édition ait lieu, pour que cette fête existe, après la crise traversée par l’Académie des César et après une année sans salle de cinéma. On attendait des retrouvailles, quelque chose qui nous donne encore plus envie de retourner au cinéma. On a eu l’inverse, un naufrage pathétique et revendicatif. Un déshonneur.
Bon, mais il y a quand même eu des récompenses.
Oui, malheureusement. Parce qu’à chaque remise de statuette revenait un discours agressif d’aboiements politiques entrecoupé de blagues scatologiques ou de nudité bassement vulgaire. Ici une imprécatrice en robe longue coûtant probablement une bonne dizaine de Smic qui crucifie le gouvernement pour sa réforme de l’assurance-chômage, là un acteur qui faisait le malin sur l’islamo-gauchisme, un autre donneur de leçon qui appelait à déboulonner les statues liées à la colonisation, et toujours, ce discours gauchisant et cette agressivité contre le gouvernement accusé d’avoir fermé les cinémas. On a eu un espoir en voyant entrer sur scène un duo que l’on croyait comique. Pas de chance, c’était les représentant de la CGT Spectacles qui venaient en direct lire un tract de revendications. Et bien sûr, pas un mot sur l’année blanche…
L’année blanche, c’est ce dispositif social qui a permis aux artistes intermittents du spectacle de toucher en 2020 la même somme que l’année précédente.
Sans avoir du tout travaillé. Indemnisation totale, donc, et pas un mot de gratitude à Roselyne Bachelot, bien sûr. Au contraire. C’est vrai qu’ils ont l’habitude d’être sous perfusion, les intermittents. Ça coûte un milliard d’euros par an à la collectivité, y compris à ceux que l’on appelle les Français de la deuxième ligne puisque tout le monde les finance. Et au lieu de nous offrir en retour un spectacle digne, ça alimente leur colère. C'est à se demander si maintenir ce régime est justifié.
Rien ni personne n’a trouvé grâce à aux yeux de Nicolas Beytout ?
Si, un homme, Sami Bouajila, qui a remporté le César du meilleur acteur : une classe vraie, un témoignage sincère, des mots simples. Et puis il y a eu aussi les hommages aux grands disparus qui étaient magnifiques, émouvants. Et pour cause, c'étaient des stars, des vraies, qui faisaient rire ou rêver, pas cauchemarder. Au fond, ce que révélait cette sinistre soirée, c'est qu'il n'y a plus de star, ces acteurs et actrices dont la vie était un spectacle. Alors avant, bien sûr, ils avaient leurs défauts, ils se regardaient beaucoup le nombril. Aujourd'hui, ils admirent leur bas-ventre et s’amusent de leur caca.