Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il revient sur la suspension par précaution du vaccin AstraZeneca en France comme dans plusieurs autres pays européens. Selon lui, cette décision politique met à mal la stratégie de vaccination d'Emmanuel Macron.
On saura jeudi si la vaccination avec le produit AstraZeneca peut reprendre en France.
C’est vraiment le pire anniversaire qu’on pouvait imaginer. Il y a un an, jour pour jour, Emmanuel Macron annonçait que la France allait s’arrêter, être confinée. À l’époque, il n’avait pas prononcé le mot. Depuis, on a tout vécu, tout traversé y compris les épisodes les plus déprimants, jusqu’à la découverte du vaccin. Et cet exploit technologique et industriel incroyable (découvrir en quelques mois seulement un vaccin d’une génération jusqu’alors inconnue), nous avait redonné de l’espoir.
Et c’est tout ça qui est, au moins en partie, suspendu.
Exactement. Et c’est un coup dur pour les Européens et les Français en particulier. Pour Emmanuel Macron aussi, et puis bien sûr pour le moral de tous.
Pour les Européens et les Français.
On verra bien ce que décidera l’Agence européenne du médicament, mais il est évident que ce qui s’est produit depuis quelques jours et qui s’est brutalement accéléré ce lundi, ça casse une dynamique du redressement dans l’espace où l’AstraZeneca était le plus présent, en Europe. Le doute, qui s’est installé sur les effets secondaires de ce vaccin, s’est propagé dans les têtes exactement comme un virus. Il a entraîné un pays après l’autre à suspendre les injections. C’était évidemment impossible de résister à cette montée du doute. La France ne pouvait pas continuer à vacciner comme si de rien n’était. Et le problème qui se pose maintenant est d’évaluer, en cas de remise sur le marché, comment les gens vont se comporter. Dans un pays qui avait déjà frappé par sa méfiance vis-à-vis du vaccin en général, comment est-ce que l’éventuel retour des doses AstraZeneca sera vécu ? Probablement mal.
D’où le problème que ça pose à Emmanuel Macron.
Le chef de l’Etat a basé toute sa stratégie sur deux axes : le non-reconfinement et l’accélération de la vaccination. Le premier ne tenait dans le temps que si le second se réalisait, que si le nombre des personnes vaccinées progressait rapidement. Si les doses AstraZeneca viennent à manquer (ou si les candidats pour en recevoir se font rares, ou pire encore, s’il n’est plus autorisé), alors toute l’équation du Président devient malgré lui plus hasardeuse.
Emmanuel Macron annonce déjà "de nouvelles décisions dans les jours qui viennent".
C’est toujours la question d’un confinement qui pourrait s’abattre cette fois sur la région parisienne. Emmanuel Macron pouvait jusque-là espérer commencer à capitaliser politiquement sur son opposition à un reconfinement. Alors, devra-t-il, un an après, le prononcer pour l’Ile-de-France, ce mot confinement ? Oui, vraiment un mauvais anniversaire.