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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il s'intéresse à l'expression la plus célèbre de 2020 dans la lutte contre la pandémie de Coronavirus, le "quoi qu'il en coûte". La France n'a pas les moyens de tenir le pays sous perfusion encore longtemps, il va falloir trouver une solution.

Il y a un an jour pour jour apparaissait dans le langage politique une expression devenue célèbre : "Quoi qu’il en coûte".

C’est à l’occasion d’un discours solennel à la télévision, quatre jours avant l’annonce du premier confinement, qu’Emmanuel Macron a prononcé (a scandé) ces quelques mots devenus l’emblème de la guerre contre le virus. Le chef de l’État a ainsi utilisé trois fois cette expression : pour mettre en œuvre tous les moyens de lutte à l’hôpital, pour sauver des vies, pour protéger les salariés et les entreprises.

En fait, c’est un peu devenu une marque, même le nom d’une politique.

Avant on disait l’État-Providence, depuis, on parle du "quoi qu’il en coûte". Il faut reconnaître que politiquement, c’était très bien trouvé. D’abord parce que ça faisait référence à un remède qui avait déjà été utilisé avec succès dans une autre crise, financière celle-là (la crise de l’Euro en 2012). Et puis, cette façon d’ouvrir les vannes de l’argent public est vite apparue comme la seule option possible. Et autant il y a eu des ratés dans la mise en place des masques, du gel, des tests et plus récemment des vaccins, autant le "quoi qu’il en coûte" n’a jamais été remis en cause par qui que ce soit. Toutes tendances politiques confondues.

Un coup gagnant, donc ?

Oui. Sauf qu’on ne fêtera certainement pas son deuxième anniversaire. Dans un an, ce "quoi qu’il en coûte" aura été abandonné. Impossible en effet de garder le pays sous perfusion, à coup de centaines de milliards d’euros. La France n’en a pas les moyens. Et puis, le vaccin aura fait son effet. Et puis surtout, l’ambiance ne sera plus du tout à la concorde autour de cette notion du "quoi qu’il en coûte". Bercy l’a déjà dit et redit, Emmanuel Macron l’a déjà admis, il va falloir sortir de cette logique de l’argent public gratuit. Et ce sera beaucoup plus difficile de fermer les vannes que ça n’a été facile de les ouvrir. Des salariés en partie indemnisés aujourd’hui ne le seront plus dans un an, des entreprises soutenues à bout de bras auront peut-être plongé, des commerces ne se relèveront pas et on verra dans les villes de nombreux rideaux baissés. Et c’est là que le consensus va éclater. Entre ceux qui voudront reprendre un peu le contrôle des finances publiques et de la dette et ceux qui penseront qu’on a changé de modèle et qui voudront continuer à perfuser coûte, ceux qui voudront augmenter les impôts et ceux qui ne le voudront pas. D’ailleurs, dans un an, on sera en pleine campagne présidentielle. Aucune chance qu’il y ait le moindre anniversaire en commun.