A l'occasion du 2.000e numéro du journal l'Opinion jeudi, Emmanuel Macron a accepté, comme une cinquantaine de personalités, d'imaginer la Une du 3.000e numéro, prévu pour 2025. Et les choix du président de la république disent beaucoup de ses ambitions pour le futur.
Une cinquantaine de personnalités de la politique, de l’économie, de la science, des arts et du sport écrivent ce matin dans votre journal, l’Opinion. Et parmi ces signatures, il y a celle d’Emmanuel Macron.
Oui, et le simple fait que le chef de l’Etat ait accepté cet exercice est en soi un fait politique. Nous fêtons en effet ce matin le 2.000e numéro de ce quotidien, créé il y a 8 ans. Et nous avons demandé à des plumes prestigieuses d’imaginer la Une du numéro, non pas 2.000, mais 3.000.
Dans quatre ans, donc.
C’est ça. Et Emmanuel Macron nous a répondu en décrivant sa France de 2025, celle qu’il veut rendre possible. Il n’y a pas de conditionnel, dans son texte. Le message est clair : le président de la République se projette dans un second mandat.
Et quels sont les thèmes, ou plutôt, quelles sont les Unes qu’il imagine pour dans cinq ans ?
Une Une sur la jeunesse qui a rattrapé le temps perdu et retrouvé le chemin de l’emploi (naturellement, la France aura largement tourné la page de la pandémie). Une autre sur une France à l’avant-garde du progrès vert, une sorte de "en même temps" qui réconcilie la croissance et la planète. Un titre sur l’excellence industrielle et la réhabilitation des usines, ou encore une manchette sur ce qu’il appelle le nouveau modèle social français.
Et puis bien sûr, Emmanuel Macron se projette sur l’Europe, avec une ambition étonnante, à ma connaissance jamais formulée ainsi : réitérer l’expérience de la dette commune (celle du plan de relance) pour investir "dans la défense de l’Europe, sa souveraineté industrielle et technologique, le contrôle des frontières". Une mutualisation de ces politiques, donc.
Bon, est-ce qu’on peut dire que ce texte est une sorte de pré-programme pour 2022 ?
A grands traits, oui.
Et il n’y a rien sur le régalien ?
Si, mais c’est le seul domaine sur lequel Emmanuel Macron ne décrit pas la Une qu’il imagine, mais plutôt celles qu’il ne veut plus voir : sur l’insécurité, la violence, les bandes, les féminicides. Cette sorte d’inversion, cette vision en négatif de ce sujet, c’est assez révélateur de ce qu’est son point faible, le régalien, il me semble. Pour le reste, le texte que nous publions dit beaucoup de son état d’esprit.
Sur la prochaine échéance présidentielle ?
Oui : "Je suis un optimiste de la volonté", dit le chef de l’Etat. Il ajoute : "Si nous ne cédons rien de l’ambition de transformation que les Français ont portée au pouvoir en 2017" (traduisez, si nous reprenons le fil des réformes), alors les Unes de journaux en 2025 pourront "faire état de notre Renaissance".
La Renaissance, un terme qu’il a déjà employé pour parler du futur de l’Europe, et qui pourrait bien être un mot-clef dans sa conquête d’un second mandat. Après la « Révolution » de la première campagne, après les crises multiples du premier quinquennat, voici donc peut-être la « Renaissance ».