Croissance mondiale en berne : "L'Europe est la zone qui souffre le plus de ce ralentissement"

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Chaque samedi et dimanche, Emmanuel Duteil, rédacteur en chef du pôle France d'Europe 1, donne son avis sur l'actualité de la semaine.

Ce week-end c'est Emmanuel Duteil qui nous accompagne pour le j'aime - j'aime pas de Nicolas Beytout. Bonjour Emmanuel. Hier vous nous disiez avoir aimé la libération de Carlos Ghosn. Aujourd'hui vous n'aimez pas le coup de froid de la croissance mondiale.

Oui sans vouloir faire mon Laurent Cabrol c'est un petit vent frais et bien désagréable qui se fait sentir un peu partout. Et on peut le dire ce n'est pas folichon pour la croissance mondiale. Elle devrait en effet être cette année au plus bas depuis trois ans. C'est ce qu'a révélé cette semaine l'OCDE qui regroupe les économies des pays développés. La raison principale : la guerre commerciale lancée en partie par les Etats Unis. Washington a décidé de remettre des droits de douane sur certains produits. Du coup, c'est tout simple, il y a moins de commerce entre les différents pays. Par exemple, les nouvelles commandes mesurées dans de nombreux pays continuent à décliner, dit l'OCDE.

A cause de ce gros coup de froid la Chine prend un gros rhume, mais ce n'est pas la seule. Ça tousse aussi en Allemagne, très dépendante de ses exportations. Si on ajoute le Brexit à tout cela, la croissance européenne devrait nettement ralentir cette année. L'Europe est même la zone qui souffre le plus de ce ralentissement.

On sent un certain découragement chez vous ?

Oui c'est le bon mot. Décidément on n'arrive pas en Europe à retrouver sur le long terme des moments d'expansion. Depuis 10 ans, on a l'impression d'enchainer les petites accélérations et les gros coups de frein. Et disons-le clairement, comme tout bon rhume à répétition c'est usant. Parce que sans croissance impossible de vraiment faire baisser le chômage. Et à un moment où l'économie mute, à un moment où de nombreux jobs vont disparaitre pour peut-être en créer d'autres, on aurait besoin de cette croissance. Ce serait plus simple pour faire des réformes d'envergure. Et là se dire qu'en partie notre nouveau rhume dépend de décisions protectionnistes américaines contre lesquels l'Europe n'arrive pas à vraiment lutter, oui c'est très décourageant.

Et du coup vous nous disiez que la croissance européenne est celle qui est la plus pénalisée. Il n'y a pas un moyen de trouver un petit remède pour la booster un peu ?

Si et ce remède est venu notamment de la banque centrale européenne. On peut parler d'un bon petit grog. Elle a en effet décidé en fin de semaine de repousser à l'an prochain le moment de relever ses taux d'intérêt. Laisser des taux très bas ça permet aux banques de financer l'économie. La BCE adresse avec cela un message très clair : en raison du ralentissement de la croissance ce n'est pas le moment de tirer sur la bride, il faut encore un petit effet dopant. La justification du président de la BCE peut faire presque peur : "Quand vous êtes dans le noir, vous faites de petits pas. Vous ne courez pas, mais vous bougez" Donc la BCE tente de bouger.

Et même si vous n'aimez pas ce coup de froid, je crois que c'est une bonne nouvelle pour nos emprunts immobiliers.

En effet nos taux d'emprunt dépendent des taux décidés par la banque centrale européenne. Donc là si elle ne compte pas les remonter tout de suite on peut l'affirmer les taux auxquels on emprunte pour acheter un appartement ou une maison devraient rester à des niveaux historiquement bas. Si on ajoute à cela que le crédit immobilier c’est la façon numéro 1 de gagner des clients pour les banques et qu'elles sont donc en combat permanent à coup de taux les plus bas possible, au point de ne quasiment pas gagner d'argent sur ces prêts. On peut se dire que les taux ne vont pas remonter, et mine de rien au moins cela ça réchauffe le cœur.