2:36
  • Copié

Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il revient sur l'allocution d'Emmanuel Macron ce mercredi soir. Selon lui, au-delà des nouvelles restrictions ou fermetures, le président a pris un engagement et a donné un rendez-vous aux Français.

Nicolas Beytout avait prévenu ce mercredi matin, si Emmanuel Macron parlait, ce serait pour annoncer de mauvaises nouvelles.

Bingo, c’est le cas. La France doit à nouveau s’enfermer pour quatre semaines, écoles fermées dès mardi prochain. Et même si le chef de l’État semble toujours avoir autant de mal à employer le mot "confinement" pour décrire ce qui nous attend, c’est bien de cela dont il s’agit. Un confinement du troisième type, entre l’ultra-sévère de Mars-Avril dernier et le plus souple de l’automne passé. Une forme de en-même-temps.

On aura dans une heure les chiffres d’audience, mais est-ce que l’intervention d’Emmanuel Macron a été bonne ?

Sur la forme, oui : pas d’emphase, pas d’envolée lyrique, du concret (presque trop d’ailleurs : c’est toujours étrange de voir le Président commenter des slides, des courbes et des tableaux, façon Directeur général de la Santé). Et sur le fond, Emmanuel Macron a adopté un positionnement assez équilibré entre les mauvaises nouvelles (l’enfermement de toute la France), et les mots de réconfort face à la lassitude, à l’énervement de beaucoup. Et surtout, il a dessiné un horizon, il a donné une échéance de sortie de crise.

Quatre semaines, puis encore deux de transition avant réouverture progressive.

Oui, et c’est la première fois que ça se produit. Lors de ses précédentes interventions, Emmanuel Macron soit ne s’était pas engagé, soit avait souligné le provisoire de ses annonces. Cette fois, il donne des dates, précises. Des étapes dans la montée en puissance de la vaccination, et parallèlement dans le desserrement de la contrainte. Et ce n’est pas anodin. Depuis que la pression pour un reconfinement avait envahi le débat public, on avait vu une bataille se dérouler sur le thème : "le pari perdu du Président qui ne voulait pas reconfiner et qui allait y être obligé". C’est vrai, ce choix de ne pas suivre l’avis des médecins, depuis deux mois, n’a pas réussi. Et c’est vrai aussi que l’entourage du chef de l’État avait beaucoup brodé autour de l’idée d’un Président qui voit tout, comprend tout, et décide tout de la politique sanitaire. Son plan pour prendre de vitesse le virus a échoué, c’est le virus qui a gagné et c’est donc lui personnellement qui a perdu.

Et donc donner un horizon, ce serait une façon de faire oublier cette course perdue ?

Exactement. Emmanuel Macron fixe un nouveau rendez-vous aux Français, trace une perspective de sortie réelle, datée, calée sur la montée en puissance de la campagne de vaccination. Une façon, bien sûr, de changer les termes du pari, et de se ménager un peu d’air politique.