Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse à la possible allocution d'Emmanuel Macron ce mercredi soir pour annoncer un durcissement des restrictions en réaction à la violence de la troisième vague de l'épidémie en France. Selon lui, s'il parle, c’est pour annoncer une mauvaise nouvelle, pour reconnaître que l’épidémie échappe une nouvelle fois à tout contrôle, ou que son choix de ne pas fermer les écoles ne tient plus.
Parlera ou parlera pas, l’incertitude est toujours aussi forte autour d’une éventuelle intervention d’Emmanuel Macron ce mercredi soir.
Nous sommes une fois de plus suspendus à la parole présidentielle. Les Macronologues se perdent en conjectures, analysent les signaux faibles émis par le château, soupèsent les confidences des entourages et scrutent le calendrier du chef de l’État en soulignant, c’est un signe, que les ministres ont été priés de se taire pour ouvrir un boulevard médiatique au Président. De leur côté, les Castexologues ont analysé l’échec de la prise de parole du Premier ministre, il y a 10 jours, et en déduisent que seule la voix du Président doit maintenant s’élever.
Ce qui veut dire qu’il va parler ?
Ou pas. Parce que, en réalité, s’il parle, c’est pour durcir les "mesures de freinage supplémentaires" qui se seront révélées inefficaces. Pour le dire autrement, s’il parle, c’est pour annoncer une mauvaise nouvelle, pour reconnaître que l’épidémie échappe une nouvelle fois à tout contrôle, ou que son choix de ne pas fermer les écoles ne tient plus.
C’est un peu la vision pessimiste, Emmanuel Macron s’est exprimé ces derniers jours, et même plusieurs fois.
Oui, pour commémorer le bicentenaire de l’indépendance de la Grèce, ou en pleine nuit à l’issue du Sommet européen, ou pour livrer quelques confidences au Journal du Dimanche. Mais attention, à chaque fois qu’il a parlé de la crise sanitaire, c’était pour justifier ses choix, pour écarter tout idée de mea culpa ou de remord. S’il s’exprime, cette fois, ça ne doit pas être pour dire ce qui s’est passé, mais ce qui va se passer. C’est ça qu’attendent des millions de Français.
Et s’il ne parle pas, ou pas tout de suite ?
Alors la course contre le virus continuera, à quelques éventuelles modifications du dispositif près. C’est un pari sanitaire, on l’a beaucoup dit, c’est un pari de communication aussi, parce que, pendant ce temps, pendant que la parole présidentielle se fait attendre, la communauté médicale, elle, multiplie ses appels au reconfinement. S’il ne parle pas, ou pas tout de suite, alors la stratégie de l’Élysée continuera à s’appliquer : gagner du temps, atteindre ces fameuses six semaines qu’on nous avait fait miroiter comme celles de l’ultime effort. On sera alors à quelques jours de la mi-Avril, date à laquelle nous devrions être (enfin) à la tête d’un énorme stock de vaccins et d’une troupe fournie de vaccinateurs. À ce moment-là, quelques 10 millions de Français devraient être vaccinés, et Emmanuel Macron pourrait dessiner une perspective autre que celle de l’enfermement. En fait, pourvu qu’il ne parle pas ce soir.