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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à la volonté de Bruno Le Maire de relancer la réforme des retraites en pleine crise sanitaire.

Après le coup de pouce aux donations pour aider les jeunes, Bruno Le Maire veut relancer maintenant à un autre gros chantier, celui de la réforme des retraites.

On la croyait enterrée, cette magistrale réforme des retraites, au fond d’un tiroir depuis un an. Pas le moment de diviser les Français, nous sommes en guerre, unité, unité. Eh bien non, pas pour tout le monde. Le ministre des Finances s’occupe de finances, et comme tel, il a l’œil sur les déséquilibres de notre économie. En l’occurrence sur le déficit des retraites :  "Nous ne pouvons pas continuer à avoir un système de retraites par répartition si nous ne pouvons pas le financer correctement".

Son idée, c’est quoi ? Reprendre la réforme là où elle avait été laissée ?

Non, ce serait de l’inconscience. Les syndicats ne mettraient pas longtemps à se réveiller, le patronat n’est pas demandeur, et de toute manière, l’architecture de la réforme était loin d’être aboutie. Il y avait deux types de réforme possible : la réforme systémique ou la paramétrique. Un jargon hermétique pour dire des choses simples. Faire une réforme systémique, c’est remettre à plat et rebâtir tout le système.

Et la réforme "paramétrique", c’est simplement modifier les paramètres, les curseurs ?

Voilà ! Par exemple l’âge, les cotisations, les pensions. Tout ce qui est variable. Et c’est ce type de réforme, beaucoup plus light à mettre en place, que Bruno Le Maire veut relancer.

C’est plus light, mais politiquement, c’est sûrement assez compliqué ?

Absolument. Mais Bruno Le Maire a plusieurs objectifs. D’abord, envoyer un message de droite (comme pour les donations), lui qui a beaucoup claironné que le capitalisme était fini, et qui s’est illustré dans des actions très "économie dirigée", plutôt marquées à gauche. On pense au blocage du rachat de Carrefour, par exemple. Une sorte de rééquilibrage de son positionnement politique. Et puis, il y a le calendrier. Sans être exagérément optimiste, on peut imaginer qu’à l’automne, la crise sanitaire sera pour l’essentiel derrière nous. À ce moment-là, on fera forcément les comptes. Et on sera pile au moment du démarrage de la campagne pour 2022. Pile au moment où les déficits et la dette deviendront des sujets incontournables. Xavier Bertrand a déjà annoncé un relèvement de l’âge de la retraite. Marine Le Pen attend, on ne sait pas où elle en est sur le thème. Le calcul de Bruno Le Maire, c’est qu’Emmanuel Macron candidat ne pourra pas échapper au sujet. Alors autant cranter tout de suite le débat.