Alors que les militants du mouvement Extinction Rébellion multiplient les actions pour défendre l'environnement, Nicolas Beytout s'interroge sur les véritables attentes de ces manifestants.
Après un centre commercial ce week-end, c’est la place du Châtelet qui a été occupée par les manifestants de Extinction Rébellion en plein Paris. Sait-on qui sont ces militants et ce qu’ils veulent ?
Votre bien, ils veulent votre bien. Naviguer sur leur site Internet est un enchantement. On y raconte "la vie saine et épanouissante, le plaisir de prendre soin de soi, et tout ce qui reflète notre amour de la vie dans toute sa beauté et sa diversité". On vous promet de ne pas tenir "de discours moralisateur ni culpabilisant", et par-dessus tout, on prône la non-violence, seul mode d’action jugé efficace. Plus doucereux et bienveillant, on ne peut pas. Mais ça, c’est la devanture. Derrière, c’est bien différent.
Qu’est-ce qu’on y trouve ?
Toute la panoplie traditionnelle des activistes, mais toujours badigeonnée de bons sentiments. Ce mouvement vient d’Angleterre, il a été créé par trois activistes écolos qui ont érigé en règle d‘action la désobéissance civique. Ce mouvement n’a apparemment aucun leader, il est autonome, mais très organisé. Ses actions sont méticuleusement planifiées, ils ont un site Internet très performant, ils ont de l’argent. Sûrement pas mal d’argent.
Ils font même des stages de formation à la désobéissance, des sortes de camps d’été pour enseigner leurs techniques. Leur mode d’action est de bloquer des lieux publics, s’allonger, ne plus bouger, camper, s’enchaîner et tenir le plus longtemps possible.
Qu’est-ce qu’ils demandent ? Quelles sont leurs revendications ?
L’urgence climatique, ce qui peut paraître assez largement partagé. Mais pour imposer cette urgence, tout est bon. Les 10 commandements du mouvement sont : il faut "démanteler les hiérarchies du pouvoir" pour "le défier", il faut renoncer à la croissance et à la recherche du profit, renoncer à la consommation de masse. Il faut, selon eux, abandonner dans les cinq ans à venir les combustibles fossiles, pétrole, gaz et autres carburants. Evidemment, tout ça est nettement moins "bisounours" que la vitrine officielle du mouvement.
Qui trouve-t-on dans ce mouvement ?
Ces manifestants ont un profil jeune, urbain, éduqué, ils sont séduits par la nouveauté du mode d’action et la radicalité des revendications pour la planète. On utilise des prénoms, des pseudos, comme dans les meilleures formations d’extrême-gauche. Fondamentalement, ce sont des anticapitalistes, relookés en vert qui contestent l’État lui-même et veulent le remplacement des institutions actuelles par une assemblée citoyenne souveraine qui exercerait le pouvoir. Pour l’heure, ils sont assez peu nombreux, mais les écolos les soutiennent et les regardent avec gourmandise, et certains Gilets jaunes se disent qu’avec eux, leur combat peut recommencer. Comme on dit, un clou chasse l’autre.