2:52
  • Copié

Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse au retour des anciens du Parti socialiste. Alors que François Hollande cache de moins en moins sa volonté de revenir aux affaires et de compter pour la présidentielle de 2022, Lionel Jospin souhaite qu'on lui reconnaisse un bon bilan en taclant Emmanuel Macron.

François Hollande s’en cache de moins en moins, il veut jouer sa partition dans la prochaine élection présidentielle.

Bien sûr, il ne dit pas "Je suis candidat". Ces choses-là ne se formulent pas aussi brutalement. On contourne, on suggère, on sous-entend, on euphémise. Chez certains hommes politiques, ça peut donner une phrase du genre "Si la France a besoin de mon expérience, je peux être un recours". Ça, c’est plutôt le style Nicolas Sarkozy.

Et pour François Hollande ?

Ça donne "Oui, je vais travailler à un projet pour la France, pour l’avenir". Le style est un peu moins direct, mais l’objectif est le même, être là. Parce que (et ses amis l’ont bien compris), celui qui n’avait pas pu se représenter en 2017 ne pense plus qu’à ça désormais. Il appuie sa réflexion personnelle sur une analyse parfaitement lucide de la situation de sa famille politique. Ce que dit François Hollande, c’est que le PS est en train de se faire durablement supplanter par les écolos, après avoir été déstabilisé par la France insoumise. Ce qu’il souligne, c’est que pour exister à la hauteur de son rang, son parti ne doit pas se ranger derrière une autre force politique. Ce qu’il dit, c’est qu’une formation qui a gouverné le pays ne peut pas se résoudre à ne pas présenter de candidat à la prochaine élection présidentielle, contrairement à ce qu’admet l’actuel patron du PS, Olivier Faure. Ne pas s’aligner dans l’épreuve démocratique ultime, c’est la petite mort pour un grand parti.

Le candidat du PS, dans la tête de François Hollande, ça pourrait être lui.

Oui, mais d’abord, il faut un projet. Là aussi, l’ex-président voit assez bien les choses. Aujourd’hui, on ne sait plus ce qu’est le socialisme à la française. Les écolos sont identifiés même si personne ne regarde dans le détail les différentes nuances de vert qui se fondent dans ce mouvement. Jean-Luc Mélenchon est identifié et il va l’être de plus en plus lorsqu’il se lancera en campagne dans quelques semaines. Mais le socialisme, mystère ! Et plus encore depuis qu’Emmanuel Macron a déversé des centaines de milliards d’argent public sur l’économie. Cette nationalisation de fait de l’économie a littéralement coupé le sifflet à la gauche keynésienne.

Mais pas à Lionel Jospin, l’ancien Premier ministre battu en 2002 vient de sortir de 18 années de silence.

Pour tacler Macron et donner des leçons à toute la planète gauche. Lui ne veut pas revenir au pouvoir, il a 83 ans. Il veut revenir en arrière et qu’on lui reconnaisse un formidable bilan. Un grand bond en arrière, en réalité, et un caillou de plus dans la chaussure du PS. Car le retour de ces dirigeants qui ont précipité la perte de leur parti sont autant de problèmes pour les générations d’aujourd’hui. À l’heure du dégagisme, c’est l’équation perdante : leurs anciens disent le vrai, mais ils sont le passé.