Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il revient sur le peu d'importance de l'élection du futur président du groupe LREM à l'Assemblée nationale. À 18 mois de la présidentielle, son rôle ne sera pas politique mais d'éviter les dissonances au sein du groupe.
C’est ce mercredi qu’aura lieu le premier tour de l’élection du président du groupe parlementaire La République en Marche à l’Assemblée. Un scrutin qui a l’air très incertain.
Tout semble se jouer entre Christophe Castaner et Aurore Bergé, qui devraient se détacher nettement du troisième candidat de poids, François de Rugy. Il y aura deux tours, verdict demain. Mais en réalité, savoir si c’est l’une ou l’autre qui va gagner n’a aucune importance.
Pourquoi ? Ils ont le même profil, le même programme ?
Pas du tout, c’est même l’inverse. Christophe Castaner revendique sa proximité avec Emmanuel Macron (ce qui aux yeux de ceux des parlementaires qui se piquent d’avoir des marges de manœuvre par rapport à l’Élysée, peut aussi être un inconvénient). Tandis qu’Aurore Bergé souligne qu’elle est, depuis le début, députée parmi les députés, (là aussi avec des plus et des moins). Christophe Castaner est un Marcheur pur sucre venu du PS, Aurore Bergé vient de la droite. Et puis, ça ne vous aura pas échappé, elle est une femme dans un parti à la tête duquel la parité n’a pas dépassé le niveau du concept.
Pourquoi le résultat de cette élection n’aura pas d’importance ?
Parce qu’elle ne changera pas le barycentre politique de ce groupe. Que le prochain patron des députés soit de gauche ou qu’il tire à droite n’aura aucune incidence sur le courant dominant au sein des Marcheurs. Parce ce qui est demandé au président du groupe parlementaire majoritaire, à 18 mois d’une élection présidentielle, ce n’est pas de faire de la politique mais de tenir le groupe. Pas de l’animer, mais d’éviter les dissonances. Pas de le stimuler, mais de faire de la calinothérapie pour mettre fin aux velléités de départs de quelques députés En Marche vers le MoDem, par exemple (très tendance en ce moment). Ce qui sera demandé au vainqueur, c’est de mettre tout le monde en ligne et en campagne dans la perspective de 2022. Pas de faire des étincelles. D’ailleurs, le profil des principaux candidats ne trompe pas.
C’est-à-dire ?
Tous relèvent d’un échec. C’est en quelque sorte leur seconde chance. Christophe Castaner après son flop comme ministre de l’Intérieur, Aurore Bergé qui avait rêvé de devenir secrétaire d’État et qui, dit-on, en a pleuré de ne pas être du dernier remaniement. Et bien sûr François de Rugy, le grand blessé des soupers fins de l’hôtel de Lassay, lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale. Attention, rien d’infâmant là-dedans. On dit d’ailleurs que les échecs, c’est une étape incontournable dans la formation d’un homme politique. Mais admettons tout de même que ce casting n’est pas rutilant et qu’il démontre une fois de plus que le réservoir de toutes premières lames au sein du groupe La République en Marche n’est pas si large que ça. D’où l’importance pour le groupe de rester groupé. CQFD