Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, Gérald Darmanin réunit les représentants des différentes religions au ministère de l’Intérieur. Plusieurs manifestations de catholiques ont eu lieu ce week-end en France pour réclamer l’autorisation d’aller à la messe.
Ce lundi matin, Gérald Darmanin réunit les représentants des différentes religions au ministère de l’Intérieur. Ce dimanche, plusieurs manifestations de catholiques ont eu lieu en France pour réclamer l’autorisation d’aller à la messe.
Des manifestants qui ne comprennent pas qu’assister à une cérémonie religieuse soit considéré comme plus dangereux que prendre le métro ou déambuler dans un centre commercial. Certes, les églises restent ouvertes, mais les seules cérémonies autorisées sont les obsèques (avec 30 personnes maximum) et les mariages avec cinq personnes plus le célébrant. Autant dire personne, sauf les mariés et une poignée de témoins.
Les catholiques ont déjà déposé un recours au Conseil d’État pour obtenir le rétablissement des messes et ils ont perdu.
Oui, mais dans le même arrêt, le juge administratif a demandé au gouvernement d’organiser une nouvelle concertation qui aura lieu ce matin en présence de Jean Castex. On verra bien quel est l’état d’esprit du ministre de l’Intérieur mais, jusque-là, il s’est montré plutôt raide et menaçant. Les manifestants devant les églises ? "Je ne souhaite pas envoyer les policiers et les gendarmes pour verbaliser, a dit le ministre chargé des Cultes, mais "s'il s'agit d'un acte répété, je le ferai dès ce week-end". Il y a mieux, comme esprit de concertation. Pour obtenir du Conseil d’État le maintien de l’interdiction des messes, le ministère de l’Intérieur avait pioché sur YouTube deux vidéos montrant des fidèles peu respectueux des gestes barrière. C’est comme si on interdisait l’accès aux supermarchés parce que des vidéos montrent ici ou là des files d’attente trop compactes.
Les chiffres de l’épidémie montrent un mieux. Est-ce que l’interdiction des messes pourrait être allégée dès aujourd’hui ?
Peut-être, oui. Les cathos insistent d’ailleurs sur leur bonne volonté, s’il fallait durcir le protocole sanitaire ou si un calendrier de retour progressif aux célébrations était proposé. Mais un évêque disait ce dimanche à Nicolas Beytout qu’il trouvait que Gérald Darmanin avait mal ajusté ses déclarations et qu’il avait "perdu inutilement son calme vis-à-vis de manifestants extrêmement paisibles". Et comme tout ça se passe à un moment où on débat beaucoup de la laïcité et du rapport entre la religion et l’État, ça crée une ambiance un peu bizarre.
C’est-à-dire ? Il y aurait un objectif implicite de la part du gouvernement ?
Certains s’interrogent et s’inquiètent de la prochaine loi sur le séparatisme. Bien sûr, il faut absolument contrôler les prêches politiques ou certaines associations islamistes, mais est-ce que cette loi ne va pas par extension faire subir aux autres religions une contrainte supplémentaire, un nouveau contrôle des cultes ? Rien ne dit que ce soit aujourd’hui l’état d’esprit de Gérald Darmanin, mais peut-être devrait-il justement s’attacher à ne pas donner, à tous les croyants, le sentiment contraire.