Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse à la primaire des Républicains. Selon lui, ça tourne au concours de beauté.
Christian Jacob, le patron du parti Les Républicains, a réuni ce mardi matin les six candidats à la primaire qui aura lieu début décembre.
Six qui, au final, ne devraient plus que cinq ou peut-être même quatre. De l’avis de plusieurs pontes du parti, Denis Payre, le dernier arrivé dans la sizaine, serait en effet dans l’impossibilité de réunir les parrainages nécessaires à la validation de son dossier. Même Philippe Juvin, le médecin et maire de la Garenne-Colombes, pourrait avoir des difficultés. On verra bien, car pour l’instant, ils sont tous là, sur la photo, à se faire des jolis sourires (même si on les sent un peu crispés). Rien, en tout cas, qui entame la joie de Christian Jacob qui s’est "félicité de la manière dont la campagne commence". On s’accroche un peu sur les modalités pratiques d’organisation et sur le nombre des débats, mais pour le reste, c’est tranquille-tranquille.
Ça veut dire qu’il n’y a pas (ou pas encore) de débat sur le fond ?
C’est ça. A part Denis Payre et son ancrage très libéral (mais il a peu de chances d’être sélectionné), les différents candidats ne sont … pas très différents, justement. Certes, Eric Ciotti a son positionnement très "Law and order", la loi et l’ordre pour reprendre l’expression favorite des Républicains américains. C’est le candidat du régalien. Mais les 3 principaux candidats se ressemblent à s’y méprendre. Bon, Xavier Bertrand est plus social et mieux implanté dans les milieux populaires et en territoire rural. Valérie Pécresse est un peu plus libérale, plus urbaine et plus écoutée chez les cadres. Et Michel Barnier est plus européen, a plus de stature internationale, plus de bouteille, aussi, dans la politique. Mais sur le fond des idées, on est vraiment très proche. D’ailleurs Christian Jacob l’avoue, probablement sans le vouloir. Que disait-il hier, à la sortie du petit-déjeuner entre copains : "Chacun a sa personnalité, sa sensibilité ; chaque candidat fait valoir ses atouts, et c’est normal". Voilà, pas un mot sur les programmes, pas une évocation des idées, des projets. Non, on parle personnalité-sensibilité. Bon, moi, quand j’entends ça, je pense plus à un concours de beauté qu’à un débat politique de fond.
Et dans ce cas, comment les militants, qui voteront début décembre, vont-ils choisir ?
Sur des critères de concours de beauté : celui-là est fidèle à son parti (c’est Michel Barnier) ; celle-là nous a quittés puis est revenue, elle est pardonnée (c’est Valérie Pécresse) ; celui-là nous a trahis et il a tout fait pour compliquer le choix du parti, il sera sanctionné (c’est Xavier Bertrand). De l’avis de plusieurs observateurs du parti LR, c’est un peu ça qui va servir de grille de lecture, et c’est un peu ça qui inquiète dans le camp Bertrand. Pour conjurer ce mauvais sort, le président des Hauts-de-France fait à bride abattue la tournée des fédérations, avec un argument très fort : votez pour celui qui a le plus de chances, dans les sondages, de battre Emmanuel Macron. C’est son meilleur slogan, son meilleur atout à ce jour. Pour le reste, les débats seront courtois, les entourages ne devraient pas s’envoyer des noms d’oiseaux à la figure. C’est « l’esprit de Nîmes », explique un pilier des Républicains, en référence à ce repas des braves pris à l’occasion des journées parlementaires, début septembre à Nîmes, où l’idée d’un vote au Congrès avait commencé à s’installer. Donc la primaire devrait se dérouler sereinement, plus qu’en 2016, en tout cas…
À l’époque, la lutte entre les candidats avait été féroce.
Il faut dire que le plateau était autrement relevé. Ce n’est pas faire injure aux actuels candidats que de dire qu’il n’y a cette année ni ancien chef de l’Etat, ni ancien Premier ministre comme l’étaient respectivement Nicolas Sarkozy, François Fillon ou Alain Juppé. Le choc des personnalités avait été rude. Ce sera plus soft cette fois. Avantage : la recherche de l’unité autour du vainqueur de la primaire du 4 décembre sera plus facile.